PERSEPHONE

9. Songe à lui

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Je repris connaissance à genoux par terre, les mains à plats dans l'herbe fraîche. J'ignorais ce qu'il venait de se passer, jamais je n'avais fait un tel malaise. La boule dans mon ventre était toujours bien présente, mais la migraine était partie et c'est ce qui m'importait. Je clignais fort des yeux pour faire disparaitre les légères taches blanches qui m'obstruaient encore la vue et déglutie.

- Ma fleur, ne me laisse pas !

Son air enjoué me donna envie de lui grogner dessus. Je me trouvais encore au sol, sans aide de sa part, et cela le faisait visiblement rire. Je regardais dans sa direction quand je le vis près des arbres, à chercher je ne sais quoi derrière et à rire. Il y avait vraiment des jours où je tuerais bien volontiers ce dieu, même si ça ne servirait à rien à part à me soulager un bref instant.

Que je le laisse ? Mais où voulait-il que j'aille, et surtout dans cet état ?

- Tu pourrais au moins venir m'aider au lieu de...

Mon corps resta de marbre et mes yeux s'écarquillèrent. Il y avait une fille derrière les arbres qui riait et courait de tronc en tronc. Elle n'était pas du tout effrayée, moins que je ne l'étais moi-même en cet instant. Et si j'étais pétrifiée, c'était pour la simple et bonne raison que cette fille, je la connaissais. Brune, ses cheveux longs et bouclés tombaient en cascade dans son dos, le front barré d'une couronne de lauriers d'or.

Elle rayonnait et les éclats de sa voix me serrèrent le cœur parce que cette fille, qui était en train de jouer avec Hadès, n'était autre que moi !

Mes mains se mirent à trembler et je restais paralysée devant la scène qui se déroulait sous mes yeux.

- Et que ferais-tu si je te laissais ?

L'autre moi était appuyée contre un arbre, toujours en retrait. Elle jouait avec un bout de sa toge et ses yeux semblaient pétiller d'admiration et de désir pour lui. Que m'arrivait-il ? Étais-je perdu dans l'un de mes cauchemars, ou bien dans un des rêves d'Hadès ? Non, ce regard là n'était pas le mien.

Hadès eu un demi sourire et croisa les bras.

- Tu sais très bien ce que je ferais.

Ca pour le savoir je le savais. Il détruirait toute ville dans laquelle je pourrais me trouver comme un enfant capricieux à qui on aurait enlevé son jouet ! J'en avais fait l'amère expérience, et ça resterait gravé en moi à jamais.

- Redis le moi...

- Non, souffla-t-il.

Elle laissa échapper un faible grognement et se mit à courir dans sa direction. Il la réceptionna au vol quand elle se jeta dans ses bras. Bon sang mais qu'est-ce qu'elle faisait ?

Elle prit son visage en coupe et ils se retrouvèrent beaucoup trop près l'un de l'autre à mon goût.

Je m'approchais d'eux, prête à intervenir mais une force invisible m'empêcha d'avancer davantage, m'obligeant à rester éloigner de quelques mètres.

Elle frôla sa bouche de ses lèvres et un cri s'échappa de la mienne.

- Non ! hurlais-je.

Mais ils ne m'entendaient pas et continuèrent à se rapprocher. Il passa une main le long de son dos, et j'eus envie de lui crier d'arrêter mais ça ne servirait à rien.

- S'il te plaît, susurra-t-elle. Que ferais-tu, si je te laissais ?

J'en eu un haut le cœur. La voir, ou plutôt me voir me comporter ainsi me donnait la nausée.