16. Escapade filante

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Avec Hadès nous n'avions pas reparlé de la soirée, continuant nos vies comme si de rien n'était et ça me convenait largement. Mis à part la légère gène qui venait de mon côté, je faisais tout mon possible pour que ça ne transparaisse pas trop et qu'il ne croit pas que ça avait eu une incidence quelconque sur mon existence. J'avais cru qu'après une bonne nuit réparatrice, toute cette histoire allait me paraître risible et que la joie d'avoir retrouvé Milan chasserait cette boule dans mon ventre pourtant elle était toujours là, et j'avais peur qu'elle n'y reste un moment. Vibrante, hurlante, et bien trop présente.

J'évitais un peu Milan aussi. J'avais envie de le voir, de le retrouver et faire comme si rien ne s'était jamais passé mais c'était malheureusement impossible. Les choses changeaient, je changeais, et même si ça ne me plaisait pas et que j'aurais voulu fermer les yeux jusqu'à ce que tout ce chamboulement disparaisse je ne le pouvais pas. Il fallait que je fasse avec et surtout avec eux.

— As-tu besoin de moi aujourd'hui?

Il leva les yeux de son journal un instant et fronça les sourcils.

— Tu as quelque chose de mieux à faire?

Je le reconnaissais bien là.

— Tu veux dire que de continuer à te regarder lire?

Il plia son journal et me sourit.

— Donc tu me regardais?

Je déglutissais, ne sachant trop quoi répondre.

— Alors, c'est oui ou non?

— A propos de quoi?

— Hadès...

— Tu t'ennuies avec moi?

C'était le moment de s'engouffrer dans la brèche.

— Disons que le rôle de domestique ne me sied pas particulièrement.

— Celui d'épouse non plus si je me souviens bien.

Touché.

— Dois-je comprendre que nous ne sommes plus mari et femme?

On ne savait jamais. Un moment d'égarement et il pourrait rompre le contrat sans même s'en apercevoir mais je vis ses dents.

— Bien tenté ma chérie, mais oui nous sommes toujours liés. Tu effectues juste quelques tâches quotidiennes du commun des mortels. Bon nombre de femmes sont très heureuses à la surface de pouvoir faire ce que tu fais pour leur mari. Elles ne demandent pas mieux.

— Misogyne avec ça, grognais-je.

— Mais comme je suis quelqu'un de, tu le sais, très attentionné...

Je levais les yeux en l'air et m'affalais sur la chaise en croisant les bras, m'attendant au pire.

— Je veux bien te laisser ta journée.

J'attendais la suite, mais rien ne venait.

— Quoi, c'est tout? Je fais ce que je veux et puis c'est tout?

— Et puis c'est tout, acquiesça-t-il en hochant la tête.

— Pas de condition, de contrainte ou de chantage?

— Non, rien de tout ça.

Je fronçais un sourcil. Tout ceci ne me paraissait pas très franc.

— J'ai un peu de mal à te croire, tu m'excuseras.

— Tu es tout excusée ma fleur, mais si ça ne te convient pas tu peux toujours refuser. Ca me va aussi...

— Non! L'occasion est trop belle. Tant pis si ce soir je suis déçue, mais ma journée je la veux.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant