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J'avais fait un détour pour rentrer. Je ne voulais croiser personne et encore moins passer par les limbes. Mon esprit était déjà assez embrumé comme ça!
Je hochais la tête et répondais à peine à chaque fois que quelqu'un me saluait, sans leur prêter plus d'attention que ça. Ce n'était pas très poli, mais je ne parvenais pas à revenir au moment présent, trop perturbée par ce qu'il venait de se passer. J'allais vraiment embrasser Hadès? Et de ma propre initiative?
Le pire dans tout ça, c'était que je pensais en avoir vraiment envie et que je ressentais encore la chaleur de ses lèvres presque sur les miennes, son pouce dessinant des cercles sur mes doigts, sa main dans mon dos...
Mon ventre se serra et j'aurais voulu lui donner l'ordre de ne pas le faire mais je ne pouvais pas. Je devais être faible ce soir car je ne contrôlais plus rien. D'habitude, je le quittais car il me mettait hors de moi, cette fois je l'avais fait car ce n'était pas le cas et ça m'avait effrayé. Je ne m'étais jamais senti aussi proche de lui, autrement que par sa présence. C'était comme s'il m'avait envahi avec une part de lui, que je l'avais senti me parcourir, frissonner sous ma peau. Ca n'avait duré qu'une seconde ou deux, mais ça avait été intense. Je ressentais presque de la gêne à y repenser. Il s'agissait d'Hadès quand même! Si nous n'avions pas été interrompus, je ne sais pas jusqu'où j'aurais pu aller...
Et si je l'avais embrassé, aurais-je aimé? Je me surprenais à regretter de ne pas l'avoir fait pour en avoir le coeur net mais je secouais la tête pour reprendre mes esprits. J'avais l'habitude qu'il le fasse, mais c'était toujours très furtif ou chaste et ça venait de lui. Cette fois, c'était un désir de ma part auquel j'avais voulu céder et c'était vraiment n'importe quoi. Il ne pouvait pas m'attirer. Jamais, et en aucune circonstance. C'était une règle personnelle que je devais suivre et c'était tout. Il fallait que j'arrête d'y penser, ce n'était rien et ça ne sera jamais rien. Mon désir devra se faire une raison et je lui laissais la nuit pour ça sans quoi j'en voudrais à la partie responsable et rationnelle de mon cerveau!
Je poussais la porte de ma chambre, trop fatiguée pour réfléchir plus longtemps avec la ferme intention de me coucher quand je restais sur place. Ce soir, ils avaient décidé de me torturer, je ne voyais pas d'autre explication. Hadès je pouvais plus ou moins gérer, enfin en temps normal. Mais là ça se compliquait pour mon esprit.
Milan était assis sur mon lit, les yeux cernés et le teint gris. Des larmes prenaient déjà d'assaut mes yeux avant même qu'il n'ouvre la bouche. Je refermais pour qu'on ne puisse pas le voir de l'extérieur, même s'il prenait toujours des risques inconsidérés quand il venait ici mais ne fis pas un pas dans sa direction. J'en étais incapable et surtout je ne savais pas pourquoi il était venu.
— Bonjour Persé.
Sa voix n'avait été qu'un filet qui peinait à arriver jusqu'à mes oreilles. J'avais l'impression que mes pieds étaient enfoncés dans des blocs de ciments.
— Bonjour...
Il s'approcha de moi mais dû remarquer mes épaules qui se contractaient car il se stoppa immédiatement. Je n'avais pas peur de lui, je n'étais pas en colère ni même répugnée, mais mon corps avait réagi instinctivement. J'avais tellement pleuré pour lui et avais insisté pour que mon cerveau comprenne qu'il ne voulait plus de moi que maintenant je ne contrôlais plus ses réactions, il se protégeait.
— Est-ce que je t'effraie?
Il semblait inquiet de la réponse que j'allais lui donner mais attendait patiemment, à bonne distance.
— Non.
J'étais incapable de lui donner une explication mais c'était vrai, je n'étais pas effrayée.
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PERSEPHONE
FantasyEtre la reine des Enfers n'a rien d'amusant, être l'épouse d'Hadès l'est encore moins. Six mois sur Terre et six mois dans les Ténèbres, voilà ce qui était prévu et ce qui est fait depuis qu'il a décidé de me prendre pour femme. Sauf que le contrat...