26. Douce promesse

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- Hadès...

- Ne reste pas là!
Il attrapa mon poignet et m'attira dans le couloir. Des "boums" successifs faisaient trembler l'étage et des gardes évacuaient les mortels qui se trouvaient encore là, pris de panique.
- Ils vont défoncer la porte! Hurla l'un d'entre eux en déboulant dans le couloir.
Hadès se stoppa et jeta un coup d'oeil en arrière tout en me maintenant près de lui.
- Que se passe-t-il? Qui va défoncer la porte?
Il fronça les sourcils sans même me jeter un regard, puis ça me revint à l'esprit.
- Tyché, il faut la mettre en sécurité!
- Ne t'inquiète pas, elle l'est déjà.
Il fit un signe à l'un des soldats et m'entraîna de nouveau vers le fond.
- Mais il n'y a aucune issue là-bas, le prévins-je.
Les seuls moyens de sortir étaient l'ascenseur par lequel j'étais montée, et les deux escaliers. Le premier, que je ne voyais pas d'ici, était visiblement pris d'assaut par je ne sais quoi et le deuxième n'était guère mieux. Cependant, c'était par celui-ci que les mortels s'engouffraient et se marchaient presque les uns sur les autres. Ca faisait un paquet d'âmes!
Les tableaux tombés, les murs se fissuraient et des soldats, encore un peu jeunes, étaient éjectés à la manière de pions contre ceux-ci.
Du bout du couloir, je vis une flèche nous foncer droit dessus et mes yeux s'écarquillèrent. Au même moment, je me retrouvais plaquée contre le mur, le corps d'Hadès contre le mien et la flèche alla se planter dans une porte.
- Bordel! Grogna-t-il.
Je poussais un petit cri de surprise quand je me retrouvais dans ses bras, portée à la manière d'une mariée.
- Mais qu'est-ce que tu fais? Nous irons plus vite si tu me laisses marcher...
- Comme ça, je peux mieux te protéger.
Il esquiva une deuxième flèche, qui n'était pas passée loin de sa joue et je me redressais pour voir qui l'avait tiré. Une Amazone, les yeux plissés et l'air mauvais, nous fixait personnellement. Nous étions sa cible, il n'y avait aucun doute. La garce! Elle réarma à la vitesse de l'éclair, visiblement bien décidée à nous toucher.
- Hadès attention!
D'un coup d'épaule, il enfonça l'une des portes et grimaça. Il me posa au sol et se dépêcha de refermer avant de pousser la commode devant.
- Mais tu es blessé...
La poignée ne tarda pas être secouée. Il aurait pu la stopper assez aisément au lieu d'avoir une flèche plantée dans l'omoplate, mais je supposais qu'avec tout ces mortels au milieu il ne pouvait prendre le risque.
Il attrapa la partie accessible de la flèche et tenta de la retirer avant de grimacer de nouveau.
- Laisse-moi faire.
- D'abord je te mets à l'abri, ensuite on verra pour ça.
Il me frôla, et la noirceur m'enveloppa.
 
- Où est-il?
Mon double passa devant moi comme un ouragan et je ne perdais pas de temps pour la suivre. Tous s'écartèrent sur son passage et elle entra dans la chambre d'Hadès avec rapidité. J'entrais à mon tour et le vis assis sur son lit, torse nu. Il était recourbé et un soigneur appliquait une mixture verte sur son dos. J'avais déjà vu ça quelque part, c'était un remède contre le venin du basilic, faite de larmes de phénix et de menthe.
- Mon amour, que s'est-il passé?
Elle se précipita à ses côtés et se mit à genoux devant lui.
- Qui t'a fait ça?
Il sourit et lui caressa la joue. J'en ressentis chaque seconde et la surprise me saisit un instant.
- Ce n'est rien theà, juste un basilic.
J'avais donc vu juste, c'était bien l'un de ces serpents hideux.
- Mais comment est-ce que ça a pu arriver?
Je ne ressentais pas seulement sa main, mais la colère et la peur qui montaient en elle, comme un murmure. Bon sang, c'était tellement réelle comme sensation...
Puis les mots de l'Erinye me revinrent en mémoire :
" Quand vous êtes près de lui, ne luttez plus." " Vous savez que c'est bien vous que vous voyez".
Je décidais de suivre son conseil, même si je ne voyais toujours pas comment tout ça était possible, à moins que je sois sénile. Mais si je voulais avancer, il fallait bien que je tente tout ce qui était en mon pouvoir pour comprendre, pour savoir ce qui se passait dans ma tête et pourquoi des visions ou peu importait comment je devais les appeler se manifestaient aussi souvent, sans parler de leurs significations.
Je fermais les yeux un instant, mis toute ma rancoeur de côté et expirais lentement. J'ignorais si c'était la solution, mais ça me semblait être la plus logique.
Des fourmillements partirent du bout de mes doigts et remontèrent jusque dans ma nuque. Quand je rouvrais les yeux, il était là, devant moi. Je n'observais plus mon double mais j'étais elle. Tout ce qui jusque ici n'était que sensations lointaines devint un orage dans mon corps.
Elle ne voulait pas seulement des explications, elle voulait aussi savoir où est-ce que la créature se trouvait pour la détruire, pour avoir touché à ce qu'elle avait de plus précieux.
- Ne te tracasse pas avec ça mon amour. Je vais bien.
- Mais il t'a touché!
- Et il ne peut rien m'arriver de plus, tu le sais bien.
Elle hochait la tête. Oui elle le savait, mais l'idée qu'il puisse quand même lui arriver quelque chose la bouleversait.
- Je ne veux plus que tu sortes d'ici, je ne supporte pas de te voir blessé!
Il se mit à rire et l'entraîna sur ses genoux. Elle ne se fit pas prier et glissa sa main dans la sienne.
- Je ne crois pas qu'il soit possible de consigner le roi des enfers mon amour.
Ma bouche se tordit, sans qu'encore une fois je ne puisse le contrôler. En effet c'était impossible de lui demander une telle chose, mais il avait fallu qu'elle tente.
- Alors je veux être au courant de tout ce que tu fais à la surface. Qui tu
approches, affrontes ou peu importe ce que tu fais. Je veux le savoir  !
Au vu de son expression, il ne semblait pas disposé à répondre à sa requête. Il détourna les yeux, visiblement contrarié, ce qui ne plu pas à mon double. Elle attrapa son menton et l'obligea à lui faire face.
- Hadès, je veux que tu me le promettes...
Il se mordit la lèvre mais garda le silence. Cette lèvre, elle avait terriblement envie de la mordre. Un peu pour lui donner une leçon, mais aussi parce qu'elle ne savait pas faire autrement et dans le fond, je regrettais qu'elle ne le fasse pas.
- Sortez tous  !
Elle n'était pas concernée par cet ordre. Pas la peine qu'il le précise, la pression qu'il exerçait sur sa hanche voulait tout dire.
Les derniers encore présents dans la pièce se hâtèrent de sortir et la porte fut à peine fermée qu'il nous renversa sur le lit et nous domina. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais elle savait qu'il tentait de gagner la bataille qu'elle même tentait de mener.
Il retint fermement ses bras au-dessus de sa tête en encerclant ses poignets de sa main puissante. Elle ne luttait pas, et je n'étais pas surprise. Ca n'avait rien d'inconfortable et quoi qu'il envisageait de faire, ça promettait d'être tout sauf douloureux.
Il plongea sa tête dans son cou et la caressa lentement de sa langue en remontant jusqu'à l'arête de sa mâchoire. J'étais à peu près sûre qu'elle et moi avions gémit en même temps!
- Promets-le moi... susurra-t-elle.
J'ignorais où est-ce qu'elle pouvait bien trouver le courage de parler en cet instant car moi j'en aurais été incapable. Je pouvais ressentir l'effet que son souffle chaud avait sur elle, et je pouvais affirmer qu'à ce stade là le «  nous  » était de rigueur. Nous étions sous lui, nous étions prises au piège, nous avions la chair de poule et nous adorions ça!
Il s'attaqua à l'oreille, la mordillant et la suçotant. S'il cherchait à nous faire oublier le début de la conversation, c'était presque une totale réussite.
- Je te promets...
- Cette fois, son souffle glissa sur notre peau, comme s'il lui avait intimé l'ordre de s'attaquer à la racine de nos cheveux. Je voulus me libérer, pour mettre fin à ce supplice qui n'avait que trop duré et succomber quand je compris que ce n'était que ma propre volonté et restais immobile. Je n'avais aucun contrôle sur ses faits et gestes et la maudissais de ne pas agir.
- ... d'être plus prudent à l'avenir.
- Ce n'est pas ce que...
- Et de te faire oublier tes peurs à chacun de mes retours, à commencer par aujourd'hui.
Il libéra l'une de nos mains avec laquelle nous attrapions directement sa nuque pour l'attirer à nous.
Il était à porté de lèvres, mais toujours rien. Par tous les dieux, qu'attendait-elle?
- Je te promets, theà, que jamais tu ne te débarrasseras de moi!

- Promets-le moi encore...
Le présent me revint de plein fouet quand je rouvrais les yeux. Nous n'étions plus dans sa chambre, et ce n'était plus un moment tendre. Des cris déchirants retentissaient toujours dans les couloirs et Hadès était encore sur ses gardes. Nous avions changé de pièce mais près de la porte se trouvaient deux corps calcinés, dont un qui tenait encore fermement son arc. C'était l'amazone, j'en étais certaine. Bien entendu, il ne l'avait pas laissé nous traquer comme de vulgaires lièvres plus longtemps!
Je réalisais que j'étais assise au sol quand il se retourna vivement et s'accroupit pour être à ma hauteur. Il s'apprêtait à entourer mon visage de ses mains, puis s'arrêta à quelques centimètres.
- Hadès, je...
J'approchais les miennes mais il recula rapidement.
- Non Persé, ne me touche pas!
Si l'amazone ne gisait pas dans mon champ de vision, j'aurais pu jurer qu'une de ses flèches venait de me transpercer le coeur.
- Concentre-toi seulement sur ce qu'il se passe et sur rien d'autre. Ne pense pas à moi.
Il se releva et recula de quelques pas.
- Quatre de mes soldats les plus compétents vont venir te chercher et te mettre à l'abri.
Je me relevais à mon tour et il fit un pas de plus en arrière comme si j'avais la peste. Je n'insistais pas, mon amour propre me l'interdisait.
- Pourquoi tu ne le fais pas toi?
Des gouttes de sueur perlaient sur son front et sa respiration était lourde.
- Je dois rester ici et... c'est mieux comme ça.
Six soldats arrivèrent, attendant les ordres d'Hadès qui leur fit un simple signe de tête dans ma direction et quatre d'entre eux s'éxècutèrent. L'un d'eux plaça l'une de ses mains sous mon avant bras pour me faire poliment comprendre que je devais les suivre et après quelques secondes d'hésitation c'est ce que je fis.
J'avançais lentement vers la porte et n'entendais presque plus ces pauvres mortels qui appelaient au secours. Sur le seuil, je me retournais une dernière fois d ans sa direction mais il ne me regardait pas. L'un des soldats, Pike je crois, prit la parole.
- Il faut nous hâter ma reine, nous devons partir au plus vite.
Je hochais la tête et il referma la porte, presque assez rapidement pour que je ne vois pas Hadès s'écrouler.

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Je crois que je vais porter plainte contre free pour m'empêcher de publier!
J'ai finalement trouvé le moyen de le faire.
Qui a free ici?
Vous m'avez manqué à un point...
❤❤❤❤❤❤❤

Oh Hadès, qu'est ce qu'il t'arrive?? 😓

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant