41. Changement de battements.

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Après avoir essayé d'assimiler cette terrible et inattendue information, je sortais du kiosque penaude et me laissais engloutir de nouveau par le rideau de lumière. Ma mère, ma propre mère qui avait été amoureuse de mon mari, et qui à cause de notre mariage avait été capable d'exécuter l'une des plus effroyables vengeances.
J'avais beau tenter de provoquer un souvenir à ce sujet, mais rien ne me venait. Peut-être que personne n'y avait jamais fait allusion? Peut-être même qu'Hadès et elle étaient les seuls à avoir été au courant? Mais pourquoi ne m'en aurait-il jamais parlé? Par tous les dieux, si mon père l'apprenait...
J'étais tellement sous le choc que je ne vis pas Lyssa arriver à ma hauteur et me secouer les épaules.

— Hé, ça ne va pas?

Je clignais des yeux plusieurs fois, comme pour revenir à moi. Les muses n'avaient pas bougé, et j'apercevais la silhouette de mon frère disparaitre dans le grand escalier.

— Que faisait Héraclès ici?

Elle regarda vivement dans sa direction avant de hausser les épaules.

— C'est Hadès qui l'a envoyé pour s'assurer que tout allait bien. Je lui ai dit qu'il n'avait pas à s'en faire et que c'était inutile de revenir. J'ai bien fait?

Je hochais la tête positivement.

— Tu es sûre? Parce que tu es aussi blanche que les fesses d'un nourrisson.

— Mais oui, mais oui. Comment va Hadès? T'a-t-il donné des nouvelles?

— Bien je crois, il n'y a pas eu de nouvelles victimes et ils font tout pour découvrir qui se cache derrière tout ça. Tu as pu parler avec ta mère?

Je me passais une main dans les cheveux et la bile me remonta dans la gorge. Je l'entraînais un peu plus loin, là où nos voix ne pourraient résonner. Nous nous installions sur un banc, abritait par deux pommiers et derrière une fontaine. Le bruit de l'eau dissimulerait un tant soit peu notre conversation.

— Oui je lui ai parlé, et ce que j'ai appris... Je ne sais pas si un jour je pourrais me le sortir de la tête.

Elle fronça les sourcils, prise d'incompréhension.

— Quoi, tu ne me croyais pas c'est ça? J'aurais dû m'en douter!

Elle se leva et je la fis se rassoir dans la foulée. Elle me regarda méchamment, mais je n'en tins pas compte.

— Non, ce n'est pas ça. Est-ce que je peux te faire confiance?

Elle croisa les bras. Tout à coup, elle donnait l'impression d'être fermée à la discussion.

— A toi de voir.

Je prenais quelques secondes avant de me lancer, non pas parce que j'hésitais, mais parce que je ne voulais pas rendre cette révélation plus réelle qu'elle ne l'était déjà! Ce moment de flottement aurait pu être mal pris par mon interlocutrice, mais elle ne le releva pas.

— Ma mère... était amoureuse de...

Son nom, dans cette situation, refusait de franchir mes lèvres.

— Oui de?

Visiblement, elle ne se doutait pas de ce que j'allais lui apprendre, signe que cette information n'avait peut-être pas fait le tour du monde divin.

— D'Hadès.

Elle me fixa un instant, le visage dénué d'une autre expression que celle de l'agacement et un peu colère puis tout changea. Elle écarquilla les yeux à son tour, comme moi face à Déméter et ouvrit la bouche.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant