8. Nez pas dieu qui veut !

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Installée sur le canapé, je me délectais d'un peu d'ambroisie en lisant quand un rafus se fit entendre de l'autre côté de la porte. Je ne me levais pas pour voir. Ca faisait des jours que les enfers étaient bien trop silencieux pour être normal. J'errais seule, me cherchant des activités autres que d'embêter cette pauvre Sybille avec mes histoires de coeur, alors un peu de bruit ne me gênait pas, bien au contraire.

Mon mari avait décidé de faire le mort, sans mauvais jeu de mot, et je devais me contenter de son absence. Alors j'avais lu à peu près une vingtaine de livres, tous déjà lu plusieurs fois pour la plupart, et observé les nombreux tableaux dans les couloirs. J'avais même pris le thé avec Picasso, et le portrait qu'il avait absolument tenu à faire de moi m'avait autant amusé que déconcerté. Voir mon visage représenté de la sorte était une chose totalement inédite pour moi ce qui m'avait ravie. Les nouvelles expériences n'étaient plus vraiment monnaie courante pour moi depuis quelques temps.

Je bougeais mon pied en rythme avec la musique douce de Bach qui se diffusait dans la pièce quand je fus interrompu par une voix bien familière.

Hadès apparut dans le salon et se dirigea d'un pas décidé vers moi. Il me tendit un chapeau de paille qu'il tenait à la main et je haussais les sourcils en le regardant.

- Oui ?

- Mets ça, tu vas en avoir besoin.

- Bonjour Hadès...

- Oui bonjour. Mets ça !

- Il n'y a que toi pour penser que je peux avoir besoin d'un chapeau en enfer.

Je me replongeais dans mon livre, certaine qu'il se fichait encore de moi mais décidée à ne pas lui faire le plaisir de me mettre en colère. Ca n'en valait de toute façon pas vraiment la peine, mais quand il s'agissait d'Hadès, j'avais tendance à être beaucoup plus irritable qu'avec n'importe qui d'autre.

- Je suis sérieux Perséphone, il fait une chaleur écrasante dehors.

- Dehors ?

Je papillonnais malgré moi des cils. Dès qu'il était question de la surface, je redevenais une petite fille. Cependant, la raison me rattrapa et la méfiance vint pointer le bout de son nez.

- Pourquoi irais-je dehors ?

- Soupçonneuse ma fleur ?

Ca faisait des jours qu'il ne m'avait plus appelé comme ça, et les poils de ma nuque s'hérissèrent, comme un avertissement.

- Toujours quand tu es dans le coin.

Son sourire s'étira.

- Tu voulais passer du temps avec moi il me semble.

Foutue décision prise sur un coup de tête. Je tournais les pages d'un air distrait.

- C'était il y a plus d'une semaine Hadès.

Il se jeta sur la place restante sur le canapé à côté de moi, un bras le long du dossier et me fixa.

- Aurais-tu changé d'avis ?

Il ne se dépêtrait pas de son sourire et même moi je reconnaissais qu'il était à tomber. Ses yeux étaient noirs, signe qu'il était de bonne humeur. J'étais tentée de lui répondre que oui, j'avais changé d'avis et que je n'avais même jamais eu vraiment envie de passer du temps avec lui mais le visage de Milan me revint en mémoire. C'était pour lui que je faisais ça. Pour nous même. Je voulais lui prouver que peu importait le temps que l'on passerait ensemble, Hadès et moi n'étions mariés que célestement parlant. S'il fallait que j'en passe par là, alors je le ferais.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant