38. L'aléthium.

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— Tu voulais me voir?

Lyssa se tenait dans l'embrasure de la porte de la bibliothèque, les bras croisés et l'épaule appuyée sur le dormant. Elle était habillée d'un jean et d'un t-shirt simple, ce qui la changeait beaucoup de ses tenues habituelles. Toutefois, je revoyais en elle l'humaine qu'elle avait été, et cherchais avec minutie cette haine que je lui vouais tant sans pour autant la trouver.

— Je suis surprise que tu aies répondu à mon appel. Mais je t'en remercie.

Elle haussa les épaules et marcha vers moi en regardant de partout sauf dans ma direction. Elle s'asseyait en tailleur sur le sofa et j'avais l'impression qu'elle avait pleuré.

— Tu ne m'aimes pas beaucoup n'est-ce pas?

Moi-même je ne m'étais pas attendue à lui poser une telle question, mais elle avait eu le mérite d'attirer son attention sur moi. Les sourcils arquaient, elle cligna plusieurs fois des yeux.

— Il me semble que c'est réciproque.

Je me laissais tomber sur le sofa en face du sien, puis réfléchissais une seconde.

— Je ne suis plus très sûre de rien ces derniers temps. C'est pourquoi je t'ai demandé de me rejoindre.

— Je ne peux rien pour toi, me répondit-elle du tac au tac.

— Non, tu ne me feras pas croire ça. Je suis convaincue que tu connais l'histoire dans son intégralité et que tu peux m'aider. Et par-dessus tout, tu sembles être la seule à vouloir vraiment que je retrouve la mémoire. J'ignore pourquoi, puisque visiblement tu ne me portes pas dans ton coeur, et après ce que tu m'as fait voir, je crois que je peux comprendre...

— Alors un simple souvenir et tout devient limpide sur nos rapports?

L'ironie dans sa voix aurait presque pu me faire rire si je n'avais pas d'autres problèmes.

— Non, je pense que tout est bien plus compliqué mais là n'est pas la question.

— Vas droit au but Perséphone, je n'aime pas que l'on tourne autour du pot. Tu veux connaître l'identité de celui qui t'a blessé? Je n'en sais rien. Lâcha-t-elle les dents serrées. Il ne m'a jamais montré son visage. Je lui ai planté cette dague dans la gorge, nous sommes parties et le lendemain son corps avait disparu. Fin de l'anecdote. Maintenant, si tu veux bien et que ta curiosité et suffisamment satisfaite, je vais partir.

Elle se leva et je me précipitais vers elle pour la retenir. Je voyais bien que cette histoire l'avait chamboulé, et ce n'était pas ce que je voulais.

— Laissons-ça de côté pour l'instant tu veux bien? Je ne cherche pas à te faire de mal.

Elle dégagea vivement son bras et prit un air supérieur.

— Même si tu le voulais, tu ne le pourrais pas!

— Alors ne te comportes pas comme si c'était le cas, ne sois pas autant sur la défensive.

— Pour toi les choses changent, pour moi elles restent les mêmes. Tu m'as tant méprisé que je ne veux pas croire que tes intentions sont bonnes.

C'était étrange l'opinion qu'elle avait de moi. Cette réflexion aurait pu sortir de ma bouche à son égard, pourtant elle venait bien d'elle, et elle me concernait.

— T'ai-je fait du tord Lyssa?

— Tu veux dire récemment?

J'en déduisais que la réponse était oui. A un moment donné, je l'avais blessé, et je n'aurais jamais pensé ça possible.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant