45. Tartare au menu

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Après avoir aligné une série interminable de chiffres sur un cadenas, la porte céda. J'avais envie de lui dire qu'aussi gros était-il, si quelqu'un voulait pénétrer ici ce genre de sécurité ne suffirait pas mais je me retins. Isaac me fit entrer dans une toute petite pièce sombre, dotée d'une seule fenêtre devant laquelle, je le supposais, la lunette se trouvait. Il souleva l'épaisse couverture qui la protégeait, et je me précipitais dessus.

— Normalement nous ne nous en servons que quand nous sommes tous ensemble, mais je suppose que les autres comprendront que je n'ai pas d'autre choix que de vous prêter main forte!

J'avais l'impression qu'il disait tout ça à voix haute comme pour se rassurer.

— Oui, j'en suis certaine. Je t'appuierais s'il le faut. Mais pour l'heure il y a plus urgent. Il me suffit de regarder à l'intérieur et de penser à la personne que je cherche c'est ça?

Il haussa les épaules.

— C'est un peu l'idée. Disons qu'aucun obstacle ne s'opposera à votre vision.

Je croisais les doigts pour le trouver rapidement et commençais par le camp d'entraînement. Comme je l'avais imaginé, il ne s'y trouvait pas et on ne pouvait pas dire qu'il y avait foule d'ailleurs. Je ne m'attardais pas sur les activités de chacun et poursuivis mes recherches. Je longeais les grands couloirs des différents niveaux, je jetais un coup d'oeil rapide aux sorties et même à Charon, mais aucune trace de Milan.

— Bon sang, où peut-il bien être?

Le temps pressait et il fallait à tout prix que je le retrouve. Je déplaçais la lunette au hasard, agacée de ne pas réussir à mener à bien ma tâche. Il n'était quand même pas sur terre? Il y avait suffisamment fort à faire ici pour que toute mission soit interrompue. Et puis, si c'était le cas, j'aurais bien du mal à lui mettre la main dessus.

Soudain, comme si une voix m'incitait à le faire, je descendais plus bas avec lenteur. L'angoisse me tenaillait les entrailles. Je n'avais aucune envie de porter mon regard sur cette endroit, mais pourtant il le fallait. Mon instinct me disait de le faire, et il ne s'était pas trompé. Dans la pénombre, je pouvais distinguer Milan avancer, sans aucune crainte ni peur, et seul.

Ses pas chassaient le brouillard et sa détermination se lisait sur son visage. Que pouvait-il bien avoir à faire là-bas?

Je reculais et expirais doucement.

— Quelque chose ne va pas? Vous êtes blanche comme un linge.

Je n'avais aucun mal à le croire. L'idée d'aller dans le tartare ne m'enchantait guère pour ne pas dire que ça me terrifiait. Si Hadès savait ce que je m'apprêtais à faire...

Je n'avais jamais fait d'aussi petits pas de toute mon existence. Je faisais mon possible pour trouver une bonne raison de ne pas y aller et ce n'était pas ce qu'il manquait. Mais l'image de l'Olympe dévastait s'imposait à moi à chaque fois que je tentais de revenir en arrière.

J'aurais dû trouver le courage de lui parler avant, ça m'aurait évité de me diriger vers un tel endroit. J'ignorais même ce que lui y faisait. Peut-être s'assurait-il que les titans étaient toujours maintenus aux tréfonds de la terre!

Le moment était arrivé. J'étais aux portes de l'endroit le plus horrible des enfers, le plus sombre. Les deux gargouilles postaient ici en portiers et gardiens me regardaient d'un drôle d'oeil et se consultèrent visuellement pour savoir s'ils devaient me laisser passer ou non. En vérité la question ne se posait pas vraiment. J'étais la reine, et j'avais tout les droits, ou presque...

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant