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Debout dos à la baie vitrée de mon bureau, je faisait enfin face à cet homme. Sans attendre ma permission, il pris immédiatement place sur une chaise, me faisant face. Sa serviette noire sur les genoux, il se contenta de me fixer à travers ses lunettes. Le visage fermé, le regard froid, ce type ne me donnait aucune confiance. Et son attitude me fit vite comprendre qu'il n'était pas là pour rigoler et que l'heure était grave.

En avalant difficilement ma salive, je resta debout, face à lui. Je sentai mes mains trembler, ainsi pour les cacher, je croisa mes bras contre ma poitrine. Le silence qui avait enveloppé la pièce était lourd et glacial. Voyant qu'il n'allait pas le rompre de lui-même, je me racla la gorge et essaya de paraître la plus sereine possible.

- Navré Maître mais l'objet de notre entrevue me reste confus. Pourquoi êtes vous ici ?

Mon timbre était clair, et je fus étonné que ma voix ne déraille pas ou ne tremble pas vu mon état de stress. Et oui je parlais bien pour une fois, c'est vrai que dans ma vie de tous les jours, je n'utilise pas forcément un vocabulaire si courant ni courtois, mais dans mes rendez-vous professionnels j'essayai de garder une bonne image. Et même si cela n'était pas naturelle, j'avais vite compris que si vous vouliez être pris au sérieux dans le monde du business, il fallait paraître le plus crédible possible et se donner une bonne contenance.

L'homme leva un sourcil, puis posa son index sur la barre nasale de ses lunettes afin de les relever. Sans répondre, il posa lentement sa serviette sur mon bureau avant de l'ouvrir. Ses gestes étaient tellement lent que j'avais l'impression de voir un film au ralenti. Son attitude hautaine commençait à l'agacer.

- Ce que je peux vous dire, Madame Samaras...

- Mademoiselle Da Costa, le repris-je en serrant les dents.

Il haussa à nouveau un sourcil et me lança un regard inquisiteur. Je serra à nouveau les dents, m'empêchant de lever les yeux au ciel. Je sentai que le rendez-vous allait être long... En soupirant, je m'assied à mon tour face à lui.

- Je ne suis pas Madame Samaras, mais Mademoiselle Da Costa. Monsieur Samaras est le co-gérant mais nous n'avons aucun lien marital ou aucune quelconque relation, précisai-je.

Ce qui était vrai et faux en même temps. Mais j'allais pas raconter ma vie à cet homme,et je n'avais aucunement envie de rentrer dans les détails.

- Pourtant sur votre dossier, il est notifié que les co-gérants sont Monsieur Ken Samaras et Madame Clémence Samaras, argumenta t-il.

- Navré de vous reprendre, mais je n'ai jamais signé sous ce nom.

- Vous non, mais nous avons ici la signature de Monsieur Samaras certifiant de l'authenticité de cette information.

Alors qu'il disait cela le plus calmement possible, malgré un ton quelque peu irrité, mon agacement monta en flèche.

- Il a dû faire une erreur de lecture, répliquai-je froidement. Mon nom est Da Costa et j'aimerai que cette information soit modifiée à l'avenir.

- Vous semblez bien pointilleuse Mademoiselle, soupira l'homme en rayant quelque chose sur le dit-papier et en feuilletant les différentes pages du dossier.

Je le regarda faire, mais ma distance ne me permettait pas de lire ne serait-ce qu'une ligne sur l'un de ces foutus bouts de papiers.

- En effet, je suis à cheval sur les moindres détails, répondis-je d'une voix lointaine tout en fixant son dossier.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant