- 43 -

7.7K 346 54
                                    

*** PDV KEN ***

Une fois de plus, je dévala les marches du bâtiment de Clémence, quatre à quatre. Essayant de sortir le plus rapidement possible de cet immeuble. Je ne sais pas combien de fois j'avais couru dans ses escaliers depuis quelques mois, pour fuir la brune, mais ce que je savais c'est que ça devenait trop récurent. J'espérais secrètement qu'un jour, je n'ai plus à les traverser comme un vulgaire étranger essayant de fuir. J'espérais qu'un jour je puisse les descendre normalement, en sortant le coeur vivant et avec un sourire, si possible avec Clémence à mes cotés. Mais à cet instant, je savais que cette volonté était encore loin de se réaliser.


Deen et moi avions passé une bonne partie de la matinée au studio avant d'aller rejoindre la brune, jusqu'à ce qu'il reçoive un message de sa part sur les coups de dix heures pour aller chercher le petit. Il m'avait proposé de l'accompagner, ce que j'avais accepté direct. Même si au studio je faisait mon possible pour pouvoir reprendre le boulot que j'avais laissé en plan il y a un an, les gars avaient bien vu que depuis mon retour je n'étais plus le même. Et l'ambiance tamisée du stud' d'Elite n'arrangeait en rien ma morosité. Quelque part, j'étais content de moi ces derniers jours, j'avais enfin réussi à reprendre la plume. Je n'avais pas écrit des montages de textes, mais pu en finir quelques uns que j'avais griffoné sur mon éternel carnet rouge que je trimballais avec moi depuis quelques années maintenant. Pendant ma "fugue", il m'était arrivé de gribouiller certains mots sur un papier, et de les reprendre lorsque j'en avais le temps et l'envie. Ces mots n'avaient rien de joyeux, on va pas se mentir, mais aujourd'hui, j'arrivais à leur donner plus ou moins un sens.

Au studio, je restait souvent dans mon coin, la tête penché sur la table, à écrire ou rayer mes feuilles qui finissaient parfois en boulettes dans un coin de la pièce. Les gars venaient parfois me voir, mais me connaissait assez pour se rappeler que dans ces moments là, il valait mieux me laisser seul. Mais, leur compagnie m'aidait dans un sens. Les entendre rire, chahuter ou même rapper avait été bénéfique, et c'était toujours mieux que de rester enfermer dans une chambre pendant des heures avec pour pote seulement un silence oppressant.
De plus, j'avais arrêter de crécher chez l'un des gars depuis mon retour sur Paris.  Je voyais bien que la situation était aussi pesante pour eux que pour moi, je voulais pas devenir un boulet pour mes gars même si je savais que je l'étais dans un certain sens. Donc je créchais dehors, je ne m'en plaignait pas, car dans un sens, cela me permettait de me balader toute la nuit, de retourner dans des endroits que j'avais fini par oublier, de bons endroits. J'aurais pu demander à Maya de m'héberger, mais elle en avais déjà fait assez pour ma sale gueule, et je me sentait toujours responsable de sa rupture. Évidemment, les gars m'avaient demandé où je dormais et je leur avais répondu que j'avais trouvé une chambre de bonne, mais c'était faux. J'aurais pu louer quelque chose, j'avais les moyens, mais je préférais garder cet argent pour Clémence et Ewen et avait basculé les trois quarts de mon compte sur un compte prévu pour eux. Et je ne voulais pas y retoucher, ni même louer un logement car je savais pas si j'arriverais à me gérer en restant seul. Je passais simplement la nuit, près du pont de la concorde avec mon carnet sur les genoux. Essayant de coucher au maximum tout ce qui me tourmentait même si cela était encore difficile à faire.

Mes journées étaient donc rythmées: la journée je la passais au studio, avec mes frères fraîchement retrouvés, et le soir je traînais dans Paris. C'était encore succint mais d'un coté, ce petit équilibre me donnait l'impression de reprendre un certain contrôle dans ma vie, chose qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Du coup, ce matin, je pensais que la journée se déroulerait comme la veille et comme elle allait sûrement se dérouler le lendemain, le sur-lendemain et ainsi de suite. Jusqu'au message de Clémence pour Bigo.

Après que j'eu accepter d'aller à l'école avec Bigo, ce dernier avait décidé de passer faire quelques courses avant. Je l'avais suivi sans grande conviction, car à la simple énumération du nom de ma brune, mon humeur s'était assombrit. Si d'un coté, le fait de lui avoir enfin dit la vérité sur mon départ m'avait quelque peu libéré d'un poids, d'un autre coté, cette discussion m'avait laissé un goût amer. Car j'étais pleinement conscient que ce soir-là, j'avais blessé la seule femme que je ne voulais pas perdre.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant