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" Même si je réponds ça va merci, j'ai dans la bouche comme un mauvais goût d'inertie "

- Tu as une autre idée ? Demandai-je à Athéna en ouvrant ma portière.

La plus jeune poussa un râle de soupir, et s'engouffra dans la voiture en même temps que moi. Je ralluma mon moteur pour la cinquième ou sixième fois depuis une heure, et alluma mes phares. Le ciel était obscur, et en cette soirée de novembre, le climat était froid. Froid à l'extérieur, et froid à l'intérieur de l'habitacle.

- On a tout fait, je comprends pas, il devrait se trouver dans un de ses putains de lieux ! Grogna Athéna en posant sa tête contre l'appuie-tête. On a fait la ballade des anglais, le toit de notre ancien immeuble, le parc des Arènes, le square, et là on vient de faire le parc du Conservatoire..., lista t-elle. Je comprends pas !

Voyant la cadette s'énerver, je démarra son véhicule avant de poser une main sur sa cuisse. On revenait d'une énième piste dans la recherche de Ken, et on revenait encore bredouille, de quoi nous mettre à cran.

- On va finir par le trouver ok ? La rassurai-je.

- Ouais mais quand ? Ça fait une heure qu'on tourne en rond et ce con de grec est toujours introuvable !

Je reporta mon attention sur le pare-brise et passa la première, m'engageant sur l'une des routes principales de Nice. Moi non plus je ne comprenais pas. J'ignorai toujours où était Ken, et cela commençait vraiment à m'inquiéter. Généralement, lorsqu'il lui arrivait de fuir comme il l'avait fait en quittant le nid de ses parents, on le retrouvai toujours dans un de ses endroits où il avait traîné dans sa jeunesse et auquel un souvenir précis le rattachait. Mais là, rien. Athéna avait suggérer beaucoup d'idées de lieux où son frère avait l'habitude d'aller, et où il l'avait quelque fois emmené lors d'une après-midi ou lors d'une de ses nuit d'insomnie. Mais dans aucun d'eux on avait trouvé ne serait-ce qu'une trace du grec. Si on avait été à Paris, j'aurai moi-même fini par dénicher la cachette de Ken, connaissant la ville et l'homme qui avait partagé ma vie depuis vingt ans par coeur. Mais finalement, si on ne le trouvait pas, est-ce que cela ne voulait-il pas simplement dire que nous ne connaissions peut-être pas Ken aussi bien qu'on le croyait ? Peut-être que l'ancien Ken avait disparu, et avec lui, toutes les habitudes qu'il avait acquises depuis toujours ?

- Clémence... Je sais que t'es pas venu souvent, mais... y a pas un endroit où Ken t'a emmené un jour dans Nice ?

Je lui jeta un regard et tenta de réfléchir, mais je ne voyais absolument pas. Je ne connaissait pas la ville ou alors très succintement, et nous n'avions pas tellement partagé de moment ici. Notre vie était à Paris, et naturellement tous nos souvenirs, nos moments partagées et nos habitudes s'étaient formée dans la capitale.

- Je vois pas... soufflai-je, complètement désespérée.

Athéna hocha la tête et reporta son regard sur la fenêtre.

- On va essayer cette rue, fis-je afin de ne pas baisser les bras.

- Ouais...

Sa réponse sèche me fit comprendre que plus le temps passait, plus elle perdait l'espoir de retrouver son grand-frère. Ses yeux étaient vides, et son visage fermée. Je fis alors le tour de la rue, portant mon regard à droite et à gauche, afin d'apercevoir autre chose que le sol dallé et les bâtiments délabrés de ce coin de la ville.

- Il est peut-être rentré ? Suggérai-je.

Athéna me regarda, mais je vis que ni elle, ni moi n'étions convaincue par mes propos.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant