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Clémence :

Le regard perdu sur la vue qui s'offrait à moi, je consuma la cinquième cigarette depuis vingt minutes. 

Les  deux doigts serrés autour du mégot, je me rendais compte que je  n'appréciais même pas le goût de ma Malboro. Mais c'était plus fort que  moi, quand j'étais nerveuse, je ne pouvais jamais m'empêcher d'aligner  clope sur clope, espérant que la nicotine finisse par m'apaiser. Mais  cela ne m'aida pas du tout, et ce qui serait efficace n'était  malheureusement pas à ma portée.
Continuant d'inhaler le tabac  fumant, je me concentra sur le panorama. De là ou je me trouvais, je  n'entendais que le bruit de la vie parisienne, de ses taxis et autre  bruits de moteur, des cris des passants se faufilant dans la ruelle.  C'était loin d'être tranquille et apaisant, et je me fis la stupide  réflexion que j'aurai sans doute du attendre la nuit avant de venir ici. 

Je m'étais réfugié sur le toit d'un immeuble depuis quelques dizaines  de minutes déjà. Je ne saurai dire combien de temps exactement, mon  esprit avait perdu la notion du temps tant il était chamboulé par ce qui  venait de se produire.
Même si je l'avais vécu de mes propres yeux,  j'avais cette étrange sensation que ceci n'était que le fruit de mon  imagination. Vous connaissez ce sentiment, quand vous vivez un événement  mais que votre esprit vous joue des tours, comme si vous aviez rêver et  que vous êtes dans l' incapacité de discerner le vrai du faux, la  réalité de l'imaginaire. Ce sentiment de perte avec soi-même et de se  sentir devenir complètement folle.
Intérieurement, j'aurai aimer que  cette confrontation ne soit qu'une image irréelle malheureusement, la  douleur dans ma paume suite aux claques données un grecs ainsi que mes  joues encore humides ne laissait place à aucun doute. C'était réel. Ken  était réel et bien de retour.
Cette prise de conscience me provoqua  plusieurs émotions, aussi contradictoires que logiques. J'étais à la  fois énervé, triste, soulagée et terrifiée par le retour du Fennec.
Tant  que de sentiments que j'avais bien du mal à passer sous silence. Et  finalement, ce sont la vue de ses pupilles qui étaient ancrés dans les  miennes qui avait été le plus douloureux. Dès que nos regards s'étaient  croisés, ce fut comme si Ken avait rouvert la boîte de Pandore,  réveillant en moi tout les souvenirs et autres émotions que je m'étais  forcé à occulter depuis un an. Et j'avais du mal à y faire face.

Comme j'avais du mal à croire mes réactions face à lui. Je me sentais bête et stupide et perdue.
Je  me revoyais me jeter dans ses bras et je n'acceptais pas ce passage.  Mais qu'est ce qui m'avait pris ? Alors que je devrais le détester, le  haïr de tout mon être, j'avais ressenti tout autre chose en le voyant.  J'avais été soulagée et, j'avais du mal à avaler ce deuxième fait,  j'avais éprouvé de la joie. Il est vrai que depuis un mois je l'avais  entendu de nombreuses fois au téléphone mais ce n'est qu'en le voyant en  face de moi que j'avais pris conscience qu'il était bel et bien vivant.  Et je crois que la période où je l'avais cru décéder y était pour  beaucoup et l'avais laisser pas mal de séquelle. J'avais ressenti le  besoin de le toucher, de sentir son odeur et sa présence contre moi  comme si j'avais peur que tout cela ne soit qu'irréel. Cela faisait un  an que je ne l'avais pas revu, ni senti si proche. Je mentirai si je  clamais haut et fort que je n'avais rien ressenti lorsque lui-même avait  compléter notre étreinte. Au contraire. Quelque part quelque chose en  moi s'était refermé. Une douleur s'était légèrement apaiser. Il était la  et, même si je lui en voulais pour ce qu'il avait fait, le voir  physiquement m'avait rassuré.
Mais je m'en voulais pour cette réaction stupide et je savais que je paierai ce geste dans quelques temps.
Mais  une fois l'émotion passée, lorsqu'il avait chuchoté des excuses à peine  audibles, ce fut l'autre conséquence de sa fuite qui avait finit par  m'envahir. De la haine, de la colère et je pense que si Mekra ne m'en  avait pas empêcher, j'aurai pu continuer à le frapper. Et cette part de  violence m'avais fait peur, cela faisait des années que je n'avais pas  ressenti autant de colère couler dans mes veines. Mais c'était débile  comme réaction puisque, peu importe la douleur physique que je lui  infligerai, elle ne serait en aucun cas comparable à celle morale qu'il  avait causé.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant