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- Salut Clém... soufflai-je.

***

Intérieurement, je me serai bouffer la langue tant ma phrase était pourrie. Après un an de silence, c'est tout ce que je trouvais à lui dire ? Quel débile ! Moi-même je n'en revenais pas de la putain de naîveté qui venait de sortir de ma bouche. Putain, j'écrivais des tonnes de phrases, rappait sur n'importe quel sujet, puisait mon inspiration dans tout et n'importe quoi, j'étais Nekfeu bordel et pourtant, face à elle, rien ne me vint.Mais en même temps, je pouvais dire quoi d'autre ?

Pendant plusieurs secondes, qui semblaient durer une éternité, un silence s'abati sur le groupe. J'oubliai tout autour de moi, et mon regard ne voyait qu'elle. Je l'observait, la bouffait du regard comme si c'était la première fois que je la voyais, imprimant ses moindres détails dans ma tête. Et je me rendis compte que mes souvenirs d'elle étaient devenus trop abstrait pour refléter la réalité. Elle était belle, comme elle l'avait toujours été à mes yeux. Même si pendant des années, notre amitié faisait que je la voyais comme une petite soeur, mon regard avait changé sur elle depuis presque huit ans, et après douze mois, je gardait le même regard sur elle qu'avant.
Elle était magnifique. Naturelle. Sans artifices. Belle. Elle avait légérèment maigri, mais rien n'avais changé hormis ses cheveux qui avaient poussées. Ses pupilles noisettes me fixaient inlassablement, transperçant ma putain d'âme et comme avant, j'avais l'impression de passer au scanner. Avant, on se comprenais d'un simple regard, on avait pas besoin de parler entre nous pour se comprendre, et elle n'avais pas besoin de parler non plus puisque ses yeux suffisait à me sous-titrer ce qu'elle n'arrivait pas à formuler.
Alors qu'elle n'avait pas réagit depuis plusieurs minutes, je la vis lâcher son sac qui tomba sur le sol dans un bruit lourd. Je pu lire une certaine incompréhension s'installer dans ses yeux. Je me rappela qu'elle m'avait dit plus tôt qu'elle ne voulais plus me revoir, mais j'allais pas tarder à savoir si c'était du bluff ou une profonde envie de sa part.

Et sincèrement, je m'en foutais de ce qu'elle voulait. J'étais plutôt en train de lutter contre moi-même pour ne pas céder à ce que moi je désirais à cet instant.
Réfrénant mon envie de lui sauter dessus et de la prendre dans mes bras, j'avança simplement d'un pas; Immédiatement, elle recula alors, se rapprochant inconsciemment de Mekra. Ce dernier, qui me lançait un regard obscur, pris sa main. Voyant son geste, je cessa ma progression, et décida d'attendre encore un peu. Mais mon regard ne pu se détacher de sa main liée à celle de mon pote, et intérieurement, j'avais envie de tout saccager. Je ne savais pas si ce geste signifiait quelque chose, alors avant de réagir stupidement, je décida de me reconcentrer sur la belle brune. Lorsque mon regard se posa une nouvelle fois sur elle, je vis que le sien était toujours bloqué sur ma personne. Alors, j'attendis encore. J'ignorais sa réaction et je savais qu'elle pouvait être variée. Clémence était aussi imprévisible que moi, et j'avais bien vu que notre séparation l'avait changé elle aussi, la rendant plus froide, plus mauvaise, plus violente. Mais j'espérais qu'aujourd'hui, la froideur et l'agressivité qu'elle avait pu avoir contre moi ces derniers temps allaient laisser place à autre chose, me laissant une chance de ne pas être rejeter tout de suite de sa vie.

La respiration haletante, je continuai de la fixer. J'aurai pu rester des heures ainsi, à la détailler du regard, cela m'aurai pas dérangé.

- Fuego ?

Lorsque sa voix avait briser le silence, et en l'entendant murmurrer ce surnom, mon surnom, un soupir de soulagement traversa mes lèvres. C'était déjà un début, et ce mot, aussi con soit-il, m'apaisa. Une larme coula sur sa propre joue, chose qui me provoqua un pincement au coeur. Je détestait la voir chialer, et encore plus quand c'était à cause de moi. Sauf que c'était toujours à cause de moi.
Je savais que dans quelques secondes, elle allait réagir. Et même si j'appréhendais pas mal, je ne cilla pas. J'étais là maintenant et je comptais bien lui montrer qu'à partir d'aujourd'hui, je bougerai pas.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant