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PDV KEN

Caché dans l'arrière cour du studio, je passa nerveusement ma main dans mes cheveux. Assis su le sol, les coudes sur les genoux, je mordillais mon cure dent de manière rapide et répétitive, un tic nerveux que j'avais depuis quelques temps déjà. Je sentais le bois de ce dernier se transformer en échardes et me piquer la lèvre, me provoquant alors de vives piqûres. J'pourrais arrêter de me niquer la lèvre comme un con, mais j'en avais strictement rien à foutre et finalement cette micro douleur était la seule chose qui me reliait à la réalité.

Le cœur cognant à vive allure dans ma cage thoracique, je ne cessais de soupirer, tentant de réguler ma respiration. Mais cela ne servait strictement à rien et j'donnais plus l'impression d'être une meuf sur le point d'accoucher. Mon état était plus que nerveux, et le stress ne cessait de monter au fil des minutes qui grimpaient. Frénétiquement, je regardais mon téléphone, et faisait une fixation sur l'heure. Je savais que d'ici quelques dizaines de minutes, j'allais enfin être confronté à ce que je redoutais depuis plus d'un an. Et, au fond de moi, je ne savais pas si j'étais vraiment prêt pour ça. Depuis quelques jours, le stress s'était emparé de mon corps, et au fur et à mesure que l'échéance approchait, ce dernier m'avait littéralement envahi jusqu'aux tripes. Pour la énième fois depuis une heure, je releva ma casquette et passa ma main dans mes cheveux, tirant légèrement sur mes racines, comme si cela allait m'aider.

- Mec ça va ?

Lentement, je releva ma tête vers Alpha. Le renoi aux lunettes me fixait inlassablement, le regard compatissant et inquiet. Intérieurement, je le remerciai d'être là en ce jour. Ce pote était un vrai, et j'en avais pris conscience depuis un mois déjà. Il était le premier à m'avoir accueilli à mon retour et à ne pas m'avoir lâcher. En vrai, il n'avait pas vraiment eu le choix vu les circonstances de nos retrouvailles. En gros, il m'avait retrouvé dans une rue de Paris, à moitié conscient, et avec une cuite au cul qui défiait toutes les lois de l'humanité. Les raisons qui m'avaient poussés à picoler étaient les mêmes qui expliquait ma présence aujourd'hui. Cette nuit là, il m'a repêcher et  je crois bien qu'il m'a sauvé la vie encore une fois. Même si je savais que son aide n'était pas exactement un signe qu'il avait pardonner mes erreurs passées.

- Nek, t'es avec oim ? Répéta t-il en bougeant sa main devant ma trogne.

- Heu.. ouais..., répondis-je en me raclant la gorge, afin d'éclaircir ma voix enrouée par le mutisme dans lequel j'étais plongé depuis maintenant quelques heures.

- T'es sûr que ça va frère ?

Son regard inquiet et inquisiteur me fit pousser un soupir.

- Nan, soupirai-je en passant une main sur mon visage, comme si ce geste allait tout arranger.

Debout contre le mur face à moi, Alpha croisa les bras sur sa poitrine. Il remonta ses lunettes sur son nez à l'aide de son index, le regard toujours figé sur ma personne. Avant de me répondre, il frotta nerveusement son crâne chauve.

- Ça va bien se passer, t'inquiète frère, tenta t-il.

Je sourcilla, peu enclin à croire en sa connerie momentanée. Même si elle partait d'un bon sentiment, ce n'était pas ce que je voulais entendre.

- Si c'est pour dire des conneries, fermes là Alphonse.

Mon ton sec ne le surprit pas, ni même l'agacement largement perceptible dans ma voix. l était habitué à mes sautes d'humeur et à mes récurrentes agressions verbales.

- Ouais, lâcha t-il mal à l'aise. Mais j'sais pas quoi te dire moi pour te détendre... T'as l'air aussi morose qu'une putain de vache qu'on emmène à l'abattoir frère. Détends toi le string un peu !

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant