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PDV KEN

- ... Je vous déteste ! Hurla EWen.

Sur ce cri transperçant venant de la bouche de mon propre fils, je regarda Deen rentrer dans l'appartement tenant mon fils en larme, claquant le porte du hall derrière lui. Impuissant. Même lorsque la porte se referma dans un claquement sourd, les pleurs de mon gosse ne cessaient de bourdonner dans mes oreilles. La panique que j'avais ressenti plus tôt, le sentiment d'être à deux doigts de crever sous la peur de perdre la chose la plus importante pour moi, avait laissé place à un goût d'amertume et de culpabilité. Putain...

Mais avant que je puisse réagir, un bruit sourd détacha mon regard de la porte du bâtiment, tombant alors sur Clémence qui s'empara de la poubelle de la ville avant de la jeter, lâchant un cri de rage. Des larmes coulèrent sur son visage et je décida d'intervenir lorsqu'elle commença à mettre des coups de pied dans la benne en plastique, la faisant racler sur le sol bétonné.

- Clémence ! Hé...

Mais alors que j'essaya de la prendre dans mes bras pour la calmer, elle se dégagea brusquement en m'envoyant un regard colérique. Son rejet me blessa mais au final, il était mérité.

Laisse moi !

Je me retins de faire un pas vers elle pour insister, je détestais la voir dans cet état. Mais au final , c'était moi qui avait besoin de la sentir contre moi à cet instant, histoire de ressentir pour quelques secondes que ma vie n'était pas entrain de partir en lambeaux. Voir mon fils dans cet état par notre faute m'avait retourné le bide, et fais prendre conscience que Clémence et moi nous étions entrain de merder en beauté. Se déchirant comme deux abrutis. Mais dans cette histoire, j'avais plus de torts que je voulais bien l'accepter. Si j'avais pas rejeter Clémence comme un bâtard, on en serait peut-être pas là. Elle se serait pas mis mal au nouvel an, Alice n'aurait pas eu besoin d'appeler l'autre con et Clémence serait rester avec moi pendant trois jours, empêchant alors cette dispute qui venait de faire trembler notre fils. Ouais j'avais mon lot d'erreurs, et j'pouvais pas rejeter la faute sur Clémence, pas cette fois.

Je regarda Clémence s'asseoir alors sur le trottoir et se prendre la tête entre les mains, étouffants ses sanglots. Me rappelant alors que la femme que j'aimais était à bout dernièrement, et que je n'avais rien fait pour amélioré son état. J'pouvais me trouver des excuses mais la réalité était que j'avais été plus blessé par le fait qu'elle se soit réfugié chez le kabyle que moi. Car avant, ça avait toujours été moi son refuge, son point d'attache, depuis qu'on était gamin. Comme elle l'était. Sa fuite m'avait fait paniqué, mais le reste m'avait mis hors de moi, réveillant cette jalousie maladive que j'avais depuis des années avec elle. J'avais merdé en beauté. Encore une fois. En voulant bien faire, la protéger, j'avais juste dégoupiller une grenade que Clémence tentait d'enfouir en elle depuis deux piges. Je me dégoutait d'être responsable de son malheur, même si je savais que je n'étais pas le seul responsable.

Le corps secoué de spasmes, je la laissa évacuer ce trop plein d'émotions. La crise de notre fils avait sûrement été la goutte d'eau qui avait fait déborder son vase, durant cette journée lourde de drames. J'hésita deux secondes à tourner les talons et à quitter la rue, de la laisser tranquille, elle et mon fils. Mais j'avais fui depuis trop longtemps et trop souvent, et à cet instant je devais tenir mon rôle de l'homme de ma famille. Ne pas rester spectateur du crash violent qui menaçait la famille que j'avais créer avec un amour infaillible. Ne pas reproduire la même chose que mon père. Je devais reprendre les choses en main, j'y était plutôt bien arrivé jusqu'ici et je devais pas me laisser abattre à la première difficulté, même si celle là allait sans doute être la plus compliqué puisque je devais faire face au rejet de Clémence et à celui de mon fils. Mais concernant Ewen, je savais que cela passerait. Il voyait les choses de son oeil d'enfant, et il n'avait pas tort dans ses paroles. Mais il nous détestait pas, il voulait juste sonner le cri d'alerte et bizarrement, il a fallut que ce soit un gosse de six piges qui nous mette la plus grosse claque dans la gueule possible pour nous faire prendre conscience qu'on était entrain de merder complètement.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant