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Le poing levé devant la porte du cramé, j'hésitai quelques seconde à toquer. Maintenant que j'étais devant le fait accompli, je n'étais plus vraiment sûr que de débarquer de cette manière chez lui soit vraiment une bonne idée. Mekra détestait recevoir du monde chez lui et encore moins que les gens viennent  sans le prévenir. C'était l'un de ses effets de son insociabilité légendaire. Et je me souviens qu'une fois, avec Nek, le basané avait su se montrer super énervé lorsqu'on était venu sans l'avoir prévenu.

Cela remontait à nos quinze ans. Ken et moi étions parti faire une balade en ville pour aller manger une barbe à papa. J'avais séché les cours pour le voir. Mais une fois devant le stand, après avoir passé commande, Nek m'avait fait un clin d'oeil sans que je sache pourquoi. Je n'avais compris sa connerie momentanée que lorsqu'il avait arraché ma barbe à papa des mains du vendeur avant d'attraper ma main pour se mettre à cavaler. Vu notre manque de bol, cet abruti n'avais pas fait gaffe aux pervanches qui collaient des PV juste derrière nous. Ce n'est que lorsqu'on avait entendu l'une d'elle nous hurler de nous arrêter, que Ken avait alors lâcher son sourire pour jurer. On avait alors couru comme des lapins, et comme les keufs ne nous lâchait pas, chose débile puisqu'on avait juste volé une barbe à papa, j'avais eu l'idée de trouver refuge chez Mekra qui était l'appartement situé le plus près de notre localisation. Connaissant le code par coeur, on était entré en vitesse avant de refermer la porte d'entrée, bloquant les flics en bas avant que Ken me tire jusqu'à l'appartement de Mekra. Il avait tambouriné comme un malade déclenchant la grosse voix de Mekra stipulant qu'il allait nous faire manger nos pieds avant de nous ouvrir. On était rentré aussitôt avant de nous jeter sur le canapé de Mekra et d'éclater de rire face à notre connerie. Mais on avait vite arrêter de rigoler lorsque le regard noir de Mekra nous était apparu. Il avait été à deux doigt de nous foutre dehors, jusqu'à ce que je lui donne la barbe à papa en lui faisant mes yeux de biche prétextant qu'on avait fait ça pour lui. Ne pouvant pas me résister, Mekra avait grogner avant de bouffer la boule sucrée rose pendant que Ken m'avait claqué dans la main en me murmurant un "t'es trop forte". Mekra nous avait engueulé nous demandant pourquoi on s'était pas arrêter devant les flics, ce à quoi Ken avait répondu que si il l'avait fouiller, on était plus dans la merde qu'autre chose. Il avait du shit sur lui, une assez grosse quantité qui aurait pu l'emmener devant le juge à l'époque. On avait ensuite passé l'après-midi chez Mekra à matter encore un manga débile. Mais sa mauvaise humeur était telle qu'on avait fini par partir, préférant une garde à vue à un Mekra sauvage.

Avec du recul, je souriait en me disant que cette époque était la plus belle de ma vie. Prenant alors une profonde inspiration, je frappa enfin à la porte en bois du kabyle en priant pour qu'il ne me rejette pas tout de suite.

Une main cachée derrière mon dos, j'attendis patiemment qu'il vienne m'ouvrir après qu'il ai grogner quelque chose d'incompréhensible.

- Quoi ?!

La tête de Mekra apparu dans l'encadrement de la porte, et la violence de son ouverture créa un petit courant d'air au niveau de mon visage. Lorsqu'il me vit, il sembla surpris mais repris immédiatement un visage impassible. Arborant son éternel regard sombre, il me toisa directement.

- Avant que tu me ferme la porte au nez, je t'ai emmené ça ! Fis-je en lui tendant un sachet de Makrout.

Tout en laissant pendre les gâteaux au bout de mon bras, je lui fit un grand sourire essayant de l'amadouer avec des technique plus ou moins efficaces. J'avais eu cette idée en passant devant une épicerie marocaine et en me rappelant le geste qu'avait eu Alice en emmenant des cookies le matin. J'avais donc acheter deux-trois péchés mignons du basané, comptant dessus pour le faire capituler. Et puis, offrir des cadeaux pour s'excuser ça fait toujours plaisir normalement.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant