Fany vient de finir de lire la lettre alors que j'ai trouvé refuge dans ses bras, elle caresse mon dos de petits cercles apaisants. Mes larmes n'ont pas cessé, les sanglots secouant mon corps alors que j'ai de plus en plus de mal à respirer. J'ai un trou énorme dans la poitrine, avec l'impression qu'il ne se rebouchera jamais.
Christelle nous fixe sans comprendre, et sans oser poser la moindre question, pourtant je suis sûre qu'elle en a des dizaines.
Il me faut de longues minutes, et plusieurs exercices de respiration pour que j'arrive à reprendre un minimum le contrôle de mon corps. Me concentrant sur la respiration lente et régulière de Fany, j'arrive finalement à me reprendre, m'asseyant plus convenablement sur mon lit.
Gardant la main de Fany dans la mienne, cherchant le courage nécessaire dans le regard de ma meilleure amie. Je finis par me retourner vers Christelle, son regard est perdu avec une légère pointe de tristesse, elle mérite de connaître la vérité, même si me replonger encore plus profondément dans ces souvenirs du passé ne m'enchante guère.
Elle pose une main rassurante sur mon avant bras non plâtré, effectuant de douce caresse dessus. Relevant le visage vers elle, je suis subjugué par le sourire qu'elle m'offre, réussissant même à faire naître le début du mien.
-Je suppose que tu n'as pas tout compris.
-Oui, mais rien ne presse, si tu n'es pas prête pour en parler je comprendrais, prends le temps qu'il te faut. Me sourit-elle compatissante.
-Je sais ... mais je suis prête ... j'ai envie de t'en parler.
Elle hoche simplement la tête et me laisse le temps nécessaire pour commencer ce long et douloureux récit.
Je descends mon regard vers le tatouage sur mon bras, caché derrière mon plâtre blanc et passe délicatement les doigts sur la surface rugueuse. Je respire un grand coup et commence mes explications.
-Tous ce que je t'ai dit est vrai, le braquage, la balle, le sang,... sauf Sébastian. Il n'était pas un simple ami... il est mon frère, mon grand frère... Une larme roule de nouveau le long de ma joue. Il était tout pour moi... mon double, ma moitié, mon repère dans ce monde, le soleil de ma vie...
La main de Fany n'a pas quitté la mienne, me rassurant de sa présence, toujours là pour moi malgré toutes les conneries que je peux faire. Quand je relève les yeux vers Christelle, elle me regarde intensément, et à ma plus grande surprise, ses jolis yeux noisette ne reflètent pas cette espèce de compassion que je déteste tant et que j'ai pu voir chez la plupart des personnes qui connaissent mon histoire. Évidement j'y décèle de la tristesse et de la surprise, mais étrangement, j'y lis aussi de la fierté.
Elle approche sa main de ma joue et essuie délicatement les larmes qui ont coulé, elle ne dit rien mais son geste parle pour elle. Je laisse mon regard encré dans le sien et reprend la parole.
-Il... il est mort et ... et je me suis toujours sentie coupable. C'est moi qui lui est demandé de m'accompagner à la banque ... c'est parce que je n'ai pas bougé qu'il s'est jeté sur moi lorsqu'un des braqueur m'a tiré dessus. Cette balle m'était destinée... et c'est lui qui l'a prise... j'aurais dû mourir ce jour-là ... mais ... mais il m'a sauvé la vie en sacrifiant la sienne. Depuis ce jour, je me déteste, s'il est mort c'est par ma faute... ma vie a perdu tout son sens depuis qu'il n'est plus là, je me suis haïe pendant un long moment et ma mère aussi. Depuis qu'il nous a quittés elle a changé de comportement avec moi, elle m'évitait, et quand elle me parlait c'était seulement pour me crier dessus, elle m'en a voulu et m'a bien fait sentir que tout était de ma faute. Je me suis renfermée sur moi-même, je ne sortais plus, je ne vivais plus, de toute façon ma vie sans lui n'a plus aucun sens, je m'en suis toujours voulu, et encore aujourd'hui. Il est mort à cause de moi, j'ai tué mon grand frère en restant paralysée ce jour-là. Mais ses jours étaient déjà comptés avant même qu'on rentre dans cette fichue banque ! Ils m'ont caché une part immense de son histoire, de notre histoire...
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Juste une étincelle
Romance-Maman, Maman ! T'as vu ? Regarde ? Je lève le regard sur le visage de ma mère, concentrée à sortir un cahier de mon cartable. -Qu'est-ce qu'il y a, chouchou ? -Y a une nouvelle dame à l'école ! Je sautille sur place, excité de voir une no...
