Juste une étincelle

Chapitre 52

Je ne peux échapper aux embrassades de ma mère, quand elle me serre dans ses bras, mon corps se tend au possible. Je n'ai jamais été une grande fan de ses élans d'affections, me rappelant ses éclats de voix glaçants quelques années plus tôt.

Les bras le long du corps, je prends sur moi, attendant avec impatience qu'elle me relâche. La scène fait sourire mon père qui attend patiemment dans l'entrée.

Elle me laisse enfin respirer, et je restaure immédiatement une distance plus raisonnable entre nous.

-Je vous laisse vous installer au salon, j'arrive avec les verres.

-Tu veux de l'aide ?

-Non, merci.

Je fuis son sourire alors que mon père est déjà confortablement installé sur le canapé. Je suis lâche, mais il me faut encore quelques secondes pour réaliser pleinement qu'ils sont ici, chez moi, prêts à repartir sur de nouvelles bases.

Je dépose trois verres sur le plateau déjà garni d'amuse-bouche cuisinés par Fany. Je sors une bouteille de vin blanc du frigo, la préférée de ma mère, pour mon père et moi, ce sera un whisky, comme d'habitude.

Le silence est pesant au salon, les verres pleins, je joue avec le liquide ambré dans mon verre, me rappelant la couleur des yeux de mon ange.

-Certaines choses ne changeront jamais.

Mon père sourit, me désignant nos verres.

-C'est vrai, le vin te convient, maman ?

Ça me fait encore un peu drôle de l'appeler ainsi, je n'ai plus vraiment l'habitude... J'essaye de la mêler à la discussion, mais elle n'est pas vraiment réceptive, le silence retombe aussi vite qu'il était parti.

Je joue nerveusement avec mes doigts, le silence est gênant, mais je ne sais pas quoi dire ou faire pour le combler.

-C'est joli, tu as bon goût pour la décoration...

Je suis plus que surprise d'entendre ce compliment sortir de la bouche de ma mère.

-Merci, je... C'est pas grand-chose.

-C'est toi qui as fait les peintures ?

-Oui, tout ce qui est accroché est de moi, j'en ai d'autres dans la chambre d'amis.

Je suis son regard et réalise la bourde monumentale que j'ai faite ! Le tableau qu'elle fixe... si Christelle apprend ça, je suis morte !

-Tu as du talent, que représente t'il ?

Et merde... mais qu'est-ce qui m'a pris ce jour là ! Et pourquoi donc je ne l'ai pas écouté et je l'ai accroché, il faudra bien que je me fasse à cette vérité, elle a toujours raison !

-L'amour.

Deux paires d'yeux me fixent tout d'un coup. Re-merde ! Quelle idée de leur dire ça. Évidemment, je comptais leur parler de Christelle, enfin, en partie. Mais pas maintenant !

Heureusement, le four sonne, nous signalant que notre repas est cuit. Je leur propose de passer à table pendant que je débarrasse, et ramène l'entrée.

Seule dans la cuisine, je souffle un bon coup, mais quelle idiote ! Je sors la salade verte et éteins le four. Je suis qu'une imbécile !

Mon téléphone laissé sur la table de la cuisine clignote, je l'attrape et y découvre deux messages. Sans surprise, le premier est de Christelle, le seconde de Fany.

-Je pense fort à toi, tout va bien se passer, je t'aime ❤

-Merci, pour l'instant tout se passe bien, espérons que ça continue ! Je t'aime aussi ❤😘