Juste une étincelle

Chapitre 48

Encore endormie dans les bras de Christelle, il me semble entendre des petits bruits contre la porte en bois, mais le silence revient bien vite, j'ai du rêver. Je ressers mes bras autour de son corps chaud, enfouissant un peu plus mon nez dans ses cheveux.

-J'espère que personne n'est à poil ici, je rentre !

Christelle est la première à ouvrir les yeux et à réagir. Avant même que je ne puisse regarder à qui appartient cette voix que je peine à reconnaître, elle me jette la couette dessus, me recouvrant intégralement.

-Judie ! Mais qu'est-ce que tu fous là ? Comment t'es rentrée !

Je sens ma belle s'agiter dans le lit, complètement paniquée ; j'entends un froissement de vêtements avant qu'elle ne se lève en vitesse.

-Bonjour à toi aussi, et à la masse que tu as lamentablement cachée sous ta couette.

Elle semble s'amuser de la gêne de sa meilleure amie.

-'Lut, lâchais-je simplement, encore bien trop fatiguée pour aligner plus de trois mots.

Elle rit alors que Christelle la presse.

-Bonjour. Alors ? Comment tu es entrée ?

-Par la porte, évidement !

Christelle soupire, ce qui nous fait rire.

-Sympa ta couette qui parle et qui rigole !

-Elle peut faire plein d'autres trucs aussi, mais que si elle a assez dormi ! Me retournais-je sur le ventre, encerclant l'oreiller de mes bras.

-Judie !

Christelle s'impatiente, son cri fini de me réveiller. J'émerge de sous la couette, les paupières encore lourdes.

-Chris'... ça va ?

-Non ! Comment tu veux que ça aille !

Elle s'agite et fait les cents pas dans la chambre. Je m'enroule dans la couette et me lève, l'arrêtant avant qu'elle ne creuse une tranchée au milieu de sa chambre.

Quand ses yeux croisent les miens, j'y découvre toute sa panique.

-Calme toi, bé', il y a rien de grave.

-C'est vrai, assure Judie, c'est Julie qui m'a ouvert, tes fils dorment encore.

-Merde, merde, merde. Et si c'était elle qui était venue me réveiller, et si Timaé avait voulu finir sa nuit avec moi, et si Mathias était entré pour me demander sa PS4...

-Stop, respire. Rien de tout ça n'est arrivé, tout va bien.

Judie essaye de la rassurer, elle me demande silencieusement mon aide, mais les mots de Christelle ont réussi à me faire peur à moi aussi. Elle a raison, je ne peux pas passer la nuit chez elle quand ses enfants sont là, ce serait prendre bien trop de risques.

-Désolée, Chris'. T'as raison, j'aurais dû rentrer hier soir...

-C'est pas de ta faute, je t'ai demandé de rester. J'aurais dû être plus prudente.

-C'est pas la fin du monde non plus, les filles. Personne ne vous a vu.

-Et on fait comment, maintenant ? Me laissais-je tomber sur le lit.

-Julie va me poser beaucoup trop de questions si elle te voit sortir de ma chambre.

-Tu crois qu'elle va comprendre que... commençais-je.

-Que vous vous êtes envoyées en l'air, finit Judie en riant.

-Exactement. Toute la nuit, précisais-je.