Juste une étincelle

Chapitre 60

Je m'arrête assez sereinement à côté de Caroline, je sais que toute l'équipe éducative me soutient.

-Il y a un problème ?

-Évidemment qu'il y en a un ! Vous vous permettez de venir ici, et vous vous affichez devant tous ces enfants et leurs parents ! Vous avez donc honte de rien !

Entourée de plusieurs parents, la mère de Kevin s'agite et laisse parler sa colère.

-J'entends que ma relation avec Christelle ne vous plaise pas, mais je ne vais pas me priver de sortie pour vous faire plaisir. La salle est assez grande pour tout le monde.

-Ce n'est pas le problème ! Comment vous pouvez accepter une chose pareille ! Cette fois elle s'adresse au directeur. C'est malsain, nocif, immoral ! Nos enfants ne peuvent pas évoluer entourés de ce genre de personnes !

Les parents autour d'elle acquiescent et chuchotent entre eux. Je n'aime pas ça. Je sens que la situation nous échappe et j'ai peur que tout dérape. Je ne veux pas déclencher de crise, juste apaiser les choses pour que tout le monde passe une bonne soirée.

-La vie personnelle de Juliette n'impacte en rien son travail dans l'établissement. Ce n'est ni le lieu, ni le moment pour en parler.

-Je vous assure que Juliette est toujours aussi professionnelle dans la classe, que ce soit aujourd'hui ou il y a trois mois. Et je ne compte pas travailler sans elle. Elle est toujours attentive et à l'écoute avec vos enfants, bienveillante, prête à tout pour les aider !

Les mots de Caroline me font extrêmement plaisir, bien sûr je sais que nous nous complétons parfaitement dans la classe et qu'elle est là pour nous soutenir si besoin. Mais la voir me défendre de la sorte me fait sourire.

-Ce n'est pas le problème ! Je ne veux pas que mon fils côtoie ce genre de personnes, il rentre les soirs en pleurant, il a peur !

Elle me dévisage de la tête aux pieds avec un regard mauvais. Cette femme est purement méchante, elle ne cherche qu'à blesser ce qu'elle ne comprend pas et ce qu'elle n'accepte pas. J'ai de plus en plus de mal à garder mon calme face au petit groupe.

-Si votre fils a peur, c'est à cause de toutes les choses qu'il vous entend dire sans cesse. Il n'y a pas eu de problème jusqu'à ce que vous appreniez notre relation, et elle est tout ce qu'il y a de plus normal. J'aime Christelle, j'adore ses enfants, et tout ce qui compte pour moi c'est leur bonheur, à tous. Alors votre avis sur notre amour ne m'importe pas, parce-que aujourd'hui je ne pourrais pas être plus heureuse. Je m'éclate dans mon travail, j'ai trouvé la femme de ma vie et ses enfants sont formidables.

J'ai eu le plaisir de voir quelques regards changer, s'adoucir. Mais ce qui a fait pencher la balance de mon côté, c'est ma nouvelle petite famille qui m'a rejointe.

Sûrement alertée par les cris, Christelle est la première à être venue, entrelaçant ses doigts avec les miens, faisant front avec moi. Mathias, Julie et Timaé qui couraient encore dans la salle ont été intrigués par l'attroupement et sont arrivés à leur tour.

L'aîné s'est saisi de ma main libre pendant que sa sœur a pris celle de sa mère. Les regards d'abord surpris ont finalement compris la force de notre amour, et le plus jeune s'est glissé entre sa maman et moi.

Mon regard passe de l'un à l'autre, je suis moi aussi étonnée de les retrouver tous avec moi. D'autant plus quand certains parents s'éloignent de la mère de Kevin, pour qu'au final il n'en reste plus que deux.

Leurs sourires font ma force. Timaé tire sur mon bras et me demande inquiet :

-Pourquoi elle crie ? Il se tourne ensuite vers Christelle, Maman, tu m'avais dit qu'elle avait pas le droit de dire des choses méchantes...