Juste une étincelle

Chapitre 57

PDV Juliette

Je ne pensais plus participer à la décoration d'un sapin un jour, encore moins pouvoir prendre plaisir à le faire. Voir les enfants jouer autour en riant me rappelle Sébastian et moi, nous passions de longues heures à regarder les lumières clignoter, tout en imaginant les nombreux cadeaux que nous rêvions d'avoir.

Petit à petit, mes souvenirs sombres laissent place à tous ceux que j'ai eu tendance à vouloir mettre de côté, finissant presque par les oublier. Nos rires, nos joies, nos espoirs. Je revois son sourire, me souviens de nos après-midi à chahuter dans le jardin, et nos soirées à se raconter des histoires qui font peur.

La main de Christelle se pose sur ma cuisse, je sursaute et réalise que Timaé assis en face de moi me fixe, et attend sûrement une réponse.

-Tim te demande ce que tu as commandé pour Noël, ça va ?

Après s'être penchée sur moi en chuchotant, Christelle se lève pour déposer plusieurs fruits et des compotes sur la table.

-Hum, ben, rien, en fait quand on est grand, on a plus besoin de faire une lettre.

J'ai beau chercher, il n'y a pas de bonne façon de dire à un enfant de trois ans que cette fête n'existe plus chez moi. Que tout ce que je reçois c'est un chèque que mon père me donne sans que ma mère n'en sache rien.

-Mais comment il sait alors ce que tu veux ?

Heureusement, Christelle vient à mon secours :

-Tu sais que le Père Noël surveille si tout le monde est sage toute l'année ?

-Oui, et si on est pas sage il nous apporte pas de cadeau !

-C'est ça, et ben il voit en même temps ce que les gens souhaitent.

-Mais pourquoi je dois faire une liste moi ? Il me voit pas ?

-Bien sûr qu'il te voit, mais les petits enfants comme toi veulent tellement de choses, il faut bien l'aider un peu à savoir ce que tu préfères.

Elle lui ébouriffe les cheveux et attrape son assiette pour débarrasser. Satisfait de la réponse, il saute de sa chaise et monte sur mes genoux.

-Qu'est-ce que tu fais bonhomme ? Faut que j'aide ta maman à débarrasser et nettoyer.

-T'inquiète, bouge pas, je m'en occupe.

Je m'apprête à protester quand elle pose un baiser sur ma tête et insiste pour que je reste assise.

-Tes cadeaux, ils seront avec les miens sous le sapin ?

-Je sais pas, pourquoi ?

-J'aimerais bien, comme ça tu seras avec nous le matin pour les ouvrir.

-Ça te ferait plaisir ?

-Oui !

-Alors je verrais avec ta maman si c'est possible. Tu veux bien aller te laver les dents maintenant ?

Avec son grand sourire habituel, il sert ses petits bras autour de mon cou et embrasse ma joue. Avant même que je ne puisse réagir, il a déjà sauté par terre et court jusqu'à la salle de bain.

Je profite que les deux grands soient au salon pour me rapprocher de Christelle. Sans un bruit, j'avance dans son dos et l'enlace, frôlant ses côtes avant de poser mes mains sur son ventre. Mon front contre son épaule, je l'entends doucement me demander :

-Ça va ?

-Hum, j'aime beaucoup être ici avec vous.

-Tu vois, je t'avais dit que tout allait bien se passer. Les enfants sont contents de te voir, et moi bien plus encore.