Je passe toute la journée du mardi dans le parc, dessinant jusqu'à en avoir mal au poignet. Christelle me retrouve quand elle a fini sa journée et repart lorsque la fin des heures de visites arrive. Il n'y a que dans ces moment-là que je me sens totalement apaisée, que cette angoisse de devoir retourner entre les murs blancs et stériles de cette hôpital disparaît.
Comme les jours précédents, je suis installée à même le sol, le dos appuyé contre un grand chêne. Mon carnet posé à côté de moi, je regarde depuis de longues minutes deux mésanges chanter sur une branche en hauteur. Tout a l'air plus simple pour elles, gazouiller à longueur de journée, profiter du soleil qui réchauffe leurs petits corps.
-À quoi tu penses, chaton ?
-Un chaton mangerait ces jolis petits oiseaux là-haut, alors que moi, je les admire. Souris-je de ce surnom qu'elle ne cesse d'utiliser.
-Charmant. Rit-elle, prenant place à côté de moi, embrassant ma joue.
M'installant confortablement contre elle, nous regardons en silence le vent s'engouffrer entre les feuilles hautes.
-À quoi tu penses ?
-À toi.
-Moi ? s'étonne t'elle
-Hum, je me demande comment tu peux rester là avec moi, après toutes les choses horribles que j'ai faites.
Depuis mon réveil, et surtout depuis le jour où elle a appris la vérité sur mon histoire, je me pose cette question. Comment une femme parfaite comme elle peut encore s'intéresser à une pauvre fille comme moi.
-Qu'est-ce que tu racontes ?
-Je suis un boulet, je n'attire que le chaos dans la vie de ceux qui m'entourent, m'expliquais-je. Mon frère est mort parce que je n'ai pas été foutue de me mettre au sol quand les braqueurs me le demandaient. J'ai fait vivre l'enfer à mon ex en coupant les ponts avec elle sans rien lui dire. J'ai trahi la confiance de ma meilleure amie en retouchant à la drogue, alors qu'elle a déjà tant fait pour moi. Et mes parents... même ma famille est pourrie.
-Tu te trompes Juliette, tu as si peu d'estime de toi que tu ne vois pas la personne formidable que tu es.
Levant le visage vers Christelle, je ne l'ai jamais vue si sérieuse. Elle attrape mes mains et les serre entre les siennes.
-Tu n'es pas le monstre que tu imagines. Je sais que c'est dur pour toi de le réaliser, mais tu n'y es pour rien dans le décès de ton frère. Rien ne l'a forcé à se jeter sur toi, je ne me permettrais jamais de penser pour lui, mais écoute juste cette hypothèse.
Je ne comprends pas où elle veut en venir, bien sûr que si c'est de ma faute, c'est pour me sauver qu'il a fait pare-balles avec son corps.
-Il se savait condamné, il n'avait peut-être même que quelques jours ou quelques mois à pourvoir vivre encore. Tu ne penses pas qu'il a pu se jeter sur toi parce qu'il savait sa fin proche, et qu'il a préféré prendre ce risque au lieu que vous perdiez la vie tous les deux ? Il t'a donné cette seconde chance, un bonus que tout le monde n'a pas, tu crois qu'il l'a fait pour te voir te détruire de la sorte ?
Ses mots me touchent, mes larmes montent, mais je résiste, je ne suis pas cette petite chose fragile qui passe son temps à pleurer. Je ne veux plus l'être...
-Bien sûr que non...
-Il ne tient qu'à toi de changer les choses, Juliette. Tu as fait des erreurs certes, mais comme tout le monde en fait dans sa vie. Il n'est pas trop tard pour le rendre fière de toi.
-Peut être... mais ça ne change rien au fait que je ne sois qu'un poison, je blesse tous les gens qui comptent pour moi, Alyzée, Fany, mes parents, même toi... Si tu restes avec moi, je vais forcément te faire du mal, ou à tes enfants, et ça je le refuse !
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Juste une étincelle
Romantik-Maman, Maman ! T'as vu ? Regarde ? Je lève le regard sur le visage de ma mère, concentrée à sortir un cahier de mon cartable. -Qu'est-ce qu'il y a, chouchou ? -Y a une nouvelle dame à l'école ! Je sautille sur place, excité de voir une no...