Chapitre 24

4K 197 16
                                    

PDV Christelle

Comme d'habitude depuis deux semaines maintenant, je suis assise sur cette chaise bien peu confortable à côté de son lit. Sa main dans la mienne, je lui parle sans cesse, je lui raconte mes journées, ce qu'elle a manqué dans le village et à l'école. Je lui parle aussi des enfants qui sont inquiets pour elle, je n'ai pas voulu les laisser venir la voir comme ça mais ils lui ont fait des dessins, même si elle ne peut pas les voir. Je lui raconte aussi le bazar qu'il y a à l'école depuis qu'elle n'est pas là, il manque du personnel et on s'en rend compte. Tout le monde me demande de ses nouvelles tous les jours, et à chaque fois c'est la même réponse. Aucuns changement.

Plongée dans le coma depuis deux semaines, il n'y a eu aucune amélioration. Nous nous relayons pour lui tenir compagnie. Entre Fany, les parents de Ju et moi on s'en sort plutôt bien. Je viens le plus souvent possible, autant le matin avant d'aller au travail ou le soir quand j'ai terminé si je n'ai pas les enfants.

En ce samedi matin, je suis la première arrivée, connaissant les heures de visite par cœur maintenant. Non sans mal, les enfants sont partis chez leur père hier soir, après avoir eu la promesse que je les appellerai tous les jours pour leur donner des nouvelles.

Perdue dans mes pensées, le regard dans le vague, je caresse inconsciemment le dos de la main de Juliette. C'est seulement quand une main se pose sur mon épaule que je me rends compte de la présence d'une nouvelle personne dans la chambre. Sursautant, je lâche précipitamment la main de Juliette en me raclant la gorge.

-Bonjour Christelle, comment vas-tu ? Tu as l'air crevée. Je peux prendre le relais ici aujourd'hui si tu veux, tu pourras te reposer comme ça. Propose t'elle en me faisant la bise.

-Bonjour Martine, ça va et vous ? Non c'est bon, je veux rester près d'elle, mais si tu veux je peux te laisser seule un moment.

-Non tu sais bien que tu ne me déranges pas, bien au contraire, je suis ravie de connaître un peu plus les amies de ma fille ! Mais c'est pour toi, quand elle va se réveiller, elle aura besoin que les gens qui comptent pour elle soient en pleine forme pour pouvoir l'aider.

-Tu as raison ... mais je ne suis pas sûre qu'elle veuille vraiment de moi ... On s'est disputé une semaine avant sa chute, et je n'ai pas eu de nouvelle d'elle depuis. Baissais-je la tête, me sentant coupable.

-Eh, ne t'en fais pas, je sais comment est ma fille, elle peut s'énerver fortement et a du mal à reconnaître ses erreurs, mais quand elle tient vraiment à quelqu'un, elle reconnaît ses torts et fait tout pour se faire pardonner. Essaye t'elle de me rassurer en prenant place de l'autre côté du lit.

Elle embrasse maternellement le front de sa fille alors que je lui livre mes doutes.

-Je veux bien te croire, mais plus j'y pense, et plus je me dis que tout est de ma faute...

-Tu sais, Juliette n'a pas beaucoup d'amis, à part Fany, je n'en ai connu aucun autre. Ma fille ne se confie pas à moi, mais je la connais assez pour reconnaître les personnes qui lui sont chères, et tu en fais partie je n'ai aucun doute là dessus ! Alors crois moi, même si tu penses que c'est toi qui a tous les torts, elle en a aussi et fera tout pour arranger les choses entre vous. Me réconforte elle.

-Merci ... c'est gentil de me dire tout ça, c'est moi qui devrais te réconforter de la sorte. Sourie-je gênée. J'espère que tu auras raison ... Je vais aller me chercher un café, tu en veux un ?

-Non merci.

Je quitte donc la chambre et me dirige vers la machine à café la plus proche, passer autant de jours à l'hôpital a l'avantage de me le faire connaître mieux que ma poche. Une fois mon café chaud entre les mains, je m'accoude à l'une des tables hautes mises à disposition, laissant mon regard se poser au hasard du personnel passant.

Juste une étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant