2016 | Iran
« Red ! » m'apostrophe une voix dans mon oreillette. Je grimace, agacée par ce surnom, puis gronde d'un ton ennuyé :
« Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.
- J'irai jusqu'à t'appeler Red Star si tu ne fais pas plus attention à ce que tu fais, rétorque sèchement la voix de Tony Stark.
- Va te f...
- Loïs, me gronde gentiment Steve Rogers. Ce n'est pas le moment. Tony a raison, tu es distraite.
- Contentez-vous de finir le boulot », rétorqué-je avec irritation.
Je n'ai pas le temps de bavarder avec cette mission qui s'est transformée en véritable cauchemar. Mes yeux suivent les barres de progression vertes sur l'écran de l'ordinateur ; je ne peux pas m'empêcher de tapoter nerveusement le bureau du bout de mes ongles.
Rogers, Romanoff et moi sommes infiltrés dans une base logistique iranienne du groupe terroriste Ten Rings. Steve a mis la main sur les plan d'un autre campement du groupe tandis que je vide les serveurs et transfère toutes les données numériques sur une clé USB. Natasha devait effacer toute trace de notre passage des caméras de surveillance, mais depuis que Stark a imposé son propre rythme à la mission, le plan a changé : ce n'est plus une infiltration, c'est un règlement de compte.
« Cap, à neuf heures. »
Steve, corrigé-je mécaniquement dans ma tête.
« Tu as déjà saboté l'opération, Tony, réplique Natasha en exprimant la pensée générale, alors rends-toi utile, fais diversion. »
Dehors, une explosion retentit, et Stark demande en ricanant :
« Tu aimes ce que tu vois, Romanoff ? »
L'absence de réponse le fait grogner de dépit, puis le fait taire.
« Stark, prends les plans et retourne dans le Quinjet, ordonné-je en pianotant sur le clavier à toute vitesse.
- Non, répond-t-il, concentré. Je ne laisse rien debout.
- Steve ! appelé-je en quête d'aide. La mission est corrompue, il faut partir d'ici.
- Elle a raison, appuie Natasha, dont la voix est entrecoupée de grésillements. Ça ressemble déjà trop à un règlement de comptes. Si on reste plus longtemps, ça tournera au massacre. »
Le grésillement sur la ligne de Natasha s'interrompt et me plonge dans un silence percé par les rafales de coups de feu tirés au dehors. D'un ton las, Steve finit par nous ordonner de retourner au Quinjet.
Un sentiment de satisfaction traduit par un son de gorge prétentieux m'incite à me dépêcher. La dernière barre verte atteint les cent pour cent ; j'arrache immédiatement la clé USB de son port et la fourre dans ma poche avant de sortir du poste central. Je parcours une galerie vitrée en direction des escaliers de secours ; pendant quelques secondes, Stark vole de l'autre côté de la fenêtre, dans son armure outrageusement brillante sous le soleil.
Je savais qu'il ne fallait pas l'emmener avec nous, mais Steve a fini par accepter en alléguant qu'il était le seul à savoir exactement ce que nous cherchions. J'aurais au moins dû vérifier qu'il n'apportait aucune armure avec lui.
La haine de Stark pour les Ten Rings n'est un secret pour personne, légitime après tout ce que le groupe lui a fait endurer ; mais je suis l'une des seuls à vraiment la comprendre. Avant de quitter le SHIELD, et avant que ma vie ne devienne un parfait foutoir, je travaillais sous couverture avec le groupe terroriste. À ce moment-là déjà, les choses n'étaient pas faciles, mais quand ils ont découvert que je les espionnais pour le compte du SHIELD, les vrais problèmes ont commencé.
J'ai subi le pire à leurs mains, pourtant je suis la seule à pouvoir me contrôler. Stark en est bien incapable.
« Je suis à l'intérieur, lance ce dernier avant de couper la ligne.
- J'y... uis », enchaîne Natasha une dizaine de secondes plus tard, son oreillette de plus en plus défaillante.
Je descends les étages qui me séparent du sol. Une fois devant la double-porte menant à l'extérieur, je dégaine mon pistolet, respire un bon coup d'air climatisé et repousse le battant avec mon dos. La chaleur accablante me tombe dessus comme une chape de plomb.
Tout autour de moi, des murs se sont effondrés, laissant des tas de gravats infranchissables sur le sol. La poussière n'est pas assez dense pour m'empêcher d'y voir, mais elle pénètre et pique mes yeux, en troublant ma vision.
J'avance rapidement entre les vestiges des postes de gardes détruits par Stark, mon arme pointée vers le sol. Je n'ai pas l'intention de tuer qui que ce soit, mais généralement une balle dans le pied suffit à convaincre un adversaire de s'écarter. Le Quinjet n'est qu'à quelques dizaines de mètres ; pas loin devant moi, Steve bondit avec agilité par-dessus les débris, son bouclier accroché dans le dos. Moins rapide, je trottine sans perdre de temps, pressée de retrouver la sécurité du jet.
C'est mon instinct qui me fait réaliser que je suis suivie. Un frisson d'adrénaline me parcourt l'échine et m'électrise ; je me jette brusquement sur le sol, la tête rentrée dans les épaules, roule en avant et me retourne, le pistolet braqué devant moi et le doigt sur la gâchette.
Mes yeux scrutent le soldat, un homme vêtu d'un simple uniforme de garde. Il est grand, bien plus grand que moi, et il porte un gilet pare-balles. Aucun de nous deux n'ose bouger. L'homme me regarde, les yeux plissés pour se protéger à la fois de la lumière du soleil et de la poussière, sans manifester l'intention de m'attaquer. Je baisse mon arme vers sa cuisse et me demande si je dois tirer.
Ses yeux s'écarquillent légèrement en voyant mon visage, tandis qu'une lueur difficile à analyser passe dans son regard. Lentement, il relâche sa position et pose son arme par terre. Surprise, je risque un coup d'œil sur les côtés, flairant un genre de piège, mais nous sommes parfaitement seuls. L'homme lève les mains en l'air tout en maintenant le contact visuel.
« Hail HYDRA », dit-il alors.
Il n'appartient pas aux Ten Rings, non. Je regarde sur le côté ; Rogers est presque à l'intérieur du Quinjet. Je reporte mon attention sur l'homme qui attend ma réaction, baisse mon arme et réponds tranquillement :
« Hail HYDRA. »
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Cerberus
FanfictionD'abord je faisais partie du SHIELD. Et puis je suis partie. Ensuite j'ai travaillé pour les Ten Rings. Et cette fois on m'a forcée à m'en aller. Maintenant je vis à New York près des Avengers. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que je ne...