Chapitre 57

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Un étage plus haut, Ben grimace sous les coups ressentis par un corps qui n'est pas le sien. Pourtant, il ne bouge pas de son poste. Je dois finir cette mission avant d'arrêter Beth, et je dois le faire vite.

L'arrivée du SHIELD n'est pas aussi certaine que je le prétends, simplement parce que l'agence prendra le temps de vérifier chaque parole, chaque fait que j'ai évoqué dans mon appel pour être sûr que la menace que je représente est moindre que celle d'ARIES. Demander l'aide du SHIELD est la partie du plan que j'aime le moins, et honnêtement c'est celle que personne n'apprécie vraiment, mais ils sont les seuls à pouvoir mettre un terme à la bataille qui prend place ici et soumettre l'Œil. Il faut seulement que Steve et le reste de l'équipe trouvent le moyen de s'enfuir avant qu'ils n'arrivent.

J'établis une barrière entre Loïs et Ben pour rester concentré et pirate la base de données numérique. Des lignes et des lignes de code s'affichent devant mes yeux, en créant un langage dont je ne me souviens que depuis quelques minutes. Je commence par supprimer toutes mes accréditations, mes scans biométriques, toute trace que j'aie pu un jour marcher librement dans le complexe.

J'efface tout ce qui concerne Cerberus et, pour faire bonne mesure, tout ce qui touche au professeur Klein. Les deux autres scientifiques responsables du projet sont morts, mais je n'ai pas encore la preuve que Klein le soit lui aussi. Aussi terrifiant que cela puisse paraître, il est peut-être toujours en liberté dans la nature, et sous aucun prétexte je ne veux que le SHIELD le retrouve et commence à lui poser des questions sur moi. Ou pire, qu'ils le recrutent.

Après cela, je retrouve successivement les noms de Chiara, Benjamin et Loïs, et efface méthodiquement fiches d'identités et recueils de rapports. Mon cœur se serre en voyant les kilomètres d'informations disparaître sous mes yeux. C'est tout ce qui manque à ma mémoire que je détruis, tout ce qui me manque pour réellement me souvenir de qui je suis.

Une fois cela fait, j'éteins l'ordinateur et me lève de mon poste, mais au même moment la porte s'ouvre.

Je dégaine mon pistolet et le tend à bout de bras devant moi, mais à la place des uniformes sombres des agents d'ARIES, c'est le costume bleu et rouge de Steve que j'aperçois. Il entre et s'immobilise en me regardant d'un air atterré.

* * *

Au dernier étage, Chiara est poussée contre la vitre et manque de tomber dans le jardin. Chamboulée, je me retourne et tire ma dernière balle dans la tête d'une agente rebelle, puis la repousse en arrière avant de m'appuyer au mur le temps de retrouver mes esprits. Pour ne rien arranger, les sensations du combat contre Beth me donnent la nausée. Je dois me rappeler à l'ordre en me rappelant que Chiara peut encore se battre. Je peux encore me battre.

Une main plaquée contre le front, je vacille jusqu'au escaliers que je descends en m'appuyant sur la rampe. Petit à petit, je retrouve une vue nette et arrive à dévaler les marches jusqu'au rez-de-chaussée. Je ramasse une arme abandonnée sur le sol et vérifie le chargeur avant de faire le tour de l'Œil en direction du garage.

* * *

« Où sont les autres ? » demandé-je à Steve d'un air inquiet en constatant qu'il est seul.

Il bloque la sortie d'un bras et me regarde d'un air trahi.

« Steve, grondé-je en signe d'avertissement.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu viens de tout supprimer ?

- Tout est là, le rassuré-je, à quelques papiers près qui me concernent. Je dois me protéger. Il faut me faire confiance. »

Le soldat jette un œil dans la pièce, les lèvres serrées, réfléchissant manifestement à la meilleure chose à faire. J'ai envie de jurer, de le secouer, bon sang, il ne faut pas penser à la meilleure chose à faire, il faut penser à la plus importante !

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant