Cerberus

Chapitre 56

Beth m'assène un nouveau coup de pied dans l'abdomen, mais cette fois j'ai le temps d'attraper sa cheville et de la faire tomber à côté de moi. Je me relève péniblement en ignorant la douleur tandis qu'elle fait de même. Elle n'a plus rien de la Beth que je connais. Son expression habituellement impavide a laissé la place à un masque haineux. Si je devais être honnête, je dirais qu'elle est terrifiante.

Elle se jette sur moi les mains dirigées vers mon cou. Je les écarte et mon genou la cueille dans le ventre avant qu'un coup de tête ne la renvoie en arrière. Nous essayons toutes les deux de reprendre notre souffle pendant une seconde avant que je n'initie la prochaine attaque.

Je commence par viser la mâchoire, mais au dernier moment je dévie mon geste et frappe dans sa gorge. Beth s'effondre sur le sol en toussant, essayant désespérément de happer une goulée d'air. Debout au-dessus d'elle, j'essuie le sang qui coule de mon menton écorché. Un sentiment de puissance m'envahit lentement. Elle est à ma merci. Je peux lui rendre tout ce qu'elle m'a fait.

Je l'attrape par le col et la soulève à ma hauteur, appréciant la vue. Ses yeux sont écarquillés et elle suffoque. J'approche mon visage du sien, un rictus cruel aux lèvres.

« Alors Beth ? » dis-je sarcastiquement avant qu'elle ne trouve la force de frapper son front contre la base de mon nez.

Je la lâche et recule de plusieurs pas en criant de douleur. Beth se redresse et court vers un interrupteur dans le mur. Mentalement, je me prépare à ce qu'elle éteigne les lumières. Sa main s'abat sur le bouton, mais nous ne sommes pas plongées dans le noir. Le bourdonnement familier d'un courant électrique m'emplit les oreilles et je vois Beth sourire d'un air goguenard en tenant une manette dans sa main. Elle appuie sur l'un des boutons et soudain, je sens que mes pieds glissent légèrement sur le sol.

« Qu'est-ce qu... » murmuré-je en me retournant.

Beth appuie sur un bouton de sa manette et je me sens alors attirée vers la droite. La force est infime, pas suffisante pour me faire bouger de plus que quelques millimètres par secondes, mais elle me fait bouger et je n'y peux rien.

Ce n'est que maintenant que je vois les bobines électriques enroulées en forme de cylindre plantées aux quatre coins du garage. Je me lance de toutes mes forces vers Beth mais la jeune femme se contente de sourire en maintenant un troisième bouton appuyé. L'attraction change de sens et me fait trébucher en avant.

Ce sont des aimants.

Ce sont des aimants et ils réagissent avec le métal dans mon corps. Beth était préparée à m'affronter. Elle n'avait aucune intention de s'enfuir. Elle est restée pour me tuer. Très bien, Beth, pensé-je avec une joie sombre. Jouons. Et si je dois en mourir, tant pis.

Je la regarde et bondis sur elle, le poing prêt, mais l'attraction change à nouveau de sens et dévie mon bras de quelques centimètres. Je manque ma cible et perds l'équilibre, permettant à Beth de me frapper du pied dans les genoux.

« Alors, Loïs ? » crache-t-elle en me frappant plusieurs fois dans la poitrine, puis dans le ventre et enfin dans la mâchoire.

J'encaisse les coups en grognant, plaçant mes bras où je peux pour l'arrêter, mais à chacun de mes mouvements l'attraction vient d'un côté différent et m'empêche de diriger ma force sur un point précis. Le contrôle que Beth a gagné sur moi est dérisoire, mais il est suffisant pour me déstabiliser et me faire mordre la poussière. Je tombe sur le dos sans pouvoir esquiver toutes les attaques de Beth, les mains levées à hauteur de mon visage. Ses poings et ses pieds s'abattent sans relâche où ils peuvent en trouver la place.

Un cri de douleur mêlé de rage m'échappe des lèvres.

« Tu ne sortiras pas d'ici vivante ! rugit Beth en s'acharnant violemment sur le même point dans mon abdomen. Tu penses que tu peux détruire tout ce que j'ai construit ? Tu penses que ton groupe de héros est capable d'envahir l'Œil et de capturer tous ceux à l'intérieur ?

- Mon groupe de héros, non, répliqué-je avec peine, mais le SHIELD, si. »

Beth recule, une expression horrifiée sur le visage. Je crache la glaire sanglante coincée dans ma gorge et ajoute avec fiel, en parvenant à forcer un sourire :

« Je les ai appelés avant même de partir. Ils arriveront d'un instant à l'autre. Et une fois qu'ils seront là, ton organisation sera finie, Beth. Finie. Comme toi. »