Cerberus

Chapitre 44

Ce sont les rayons du soleil qui me font ouvrir les yeux en frappant mon visage à travers la fenêtre. Je me réveille en sursaut, allongée sur le ventre et la main repliée sur les draps sous mon oreiller à défaut de l'être sur un pistolet. Une douleur nauséeuse dans mon ventre me fait me contracter en grimaçant.

Je ne me souviens de rien. Que s'est-il passé hier soir ?

Je repousse les draps et m'assieds sur le bord du matelas, puis attrape mon téléphone sur la table de nuit. Il est déjà dix heure. Je saisis ma tête dans mes mains en essayant de me souvenir, mais la dernière chose que je vois est l'air encourageant de Steve. J'étais prête à avouer. Qu'est-il arrivé ?

Derrière moi, je sens les draps remuer. Un homme grogne, toujours plongé dans le sommeil. Mon cœur rate un battement, mes yeux s'écarquillent et mon souffle se bloque dans ma poitrine.

Non, c'est impossible...

Mon sang se glace dans mes veines et je me fige, n'osant même plus respirer. Je ne peux pas me retourner. Si je me retourne, alors ce sera vrai. Je baisse les yeux vers mon corps à moitié dénudé, seulement couvert par un tee-shirt et des sous-vêtements. Mon regard remonte le long d'une piste de bleus sur mes bras, qui disparaît dans le col de mon tee-shirt. J'appuie sur l'un d'eux et grimace légèrement sous l'effet de la douleur. Ils sont réels.

Alors, à ce moment, je me retourne, lentement, précautionneusement. Un homme, nu, est allongé sur le ventre, dans mon lit. Ma main se plaque sur ma bouche pour étouffer un cri quand je reconnais les cheveux bruns étalés sur l'oreiller, le corps puissant et le bras métallique étendu sur les draps.

Je me propulse hors du lit contre le mur sans arriver à réaliser ce que j'ai fait.

Bucky remue légèrement, dérangé par mon mouvement brusque, et étend sa main métallique sur mon oreiller. Je me crispe en croyant le voir se réveiller mais il finit par s'immobiliser. Un pas après l'autre, la respiration coupée, je fais le tour de la pièce en attrapant un pantalon et une paire de chaussures au passage. J'ouvre la porte ; le grincement des gonds me fait grimacer mais n'a aucun effet sur le sommeil de Bucky. Je me glisse dans l'ouverture, soulagée de m'être échappée, seulement pour me retrouver face à Steve, dans la cuisine, en train de boire du jus de fruit à la bouteille.

Pendant une seconde nous sommes comme pétrifiés. Nos regards se croisent, surpris et embarrassés puis je m'élance dans la salle de bain et verrouille le loquet derrière moi. Aussitôt, je m'extirpe de mes vêtements et articule silencieusement le pire juron que je connaisse. J'ai fait une bêtise impossible à effacer et maintenant je suis dans la merde jusqu'au cou.

Deux tocs légers contre la porte me font m'immobiliser dans mes allers et venues entre la baignoire et le lavabo.

« Loïs ? » appelle Steve.

Mon sang se glace dans mes veines. Je dois sortir d'ici et réfléchir, réalisé-je en enfilant mon pantalon.

« Que s'est-il passé hier ? lancé-je en m'habillant.

- Euh... hésite Steve sur un ton gêné. Buck et toi nous avez raconté la mission. Tu as dit que Klein est sûrement mort et que Carrie vous a surpris avant que vous n'ayez pu lui soutirer des informations », poursuit-il.

Je jure en sautant à cloche pied pour enfiler la deuxième jambe du pantalon. Il fallait que je perde le contrôle à ce moment précis ! Foutue maladie ! J'ai envie de trahir ARIES mais les autres parts de moi y sont clairement opposées.

« Que s'est-il passé après ça ? demandé-je.

- Tu... J'ai préparé à manger, répond Steve en essayant désespérément d'éviter la véritable question.