Chapitre 16

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Nous roulons une bonne heure, le temps de sortir de la ville et de rejoindre un refuge. Je descends de la voiture et ne prends même pas la peine d'entrer à l'intérieur. Dès que la Volkswagen est hors de vue, une Opel arrive par le chemin inverse et me fait monter. Le même schéma se répète encore quatre autres fois, ainsi personne ne sait vraiment d'où je viens et où je vais, puisque je suis emportée d'un refuge à l'autre.

Je sors de l'Autriche, et traverse la République-Tchèque et la Pologne jusqu'à la Lituanie, où enfin le conducteur de la voiture, un homme d'une cinquantaine d'années, me dit que je vais y passer la nuit. Le tableau de bord indique neuf heures du soir. Je descends de la voiture et entre dans une maison en madriers, suffisamment grande pour accueillir une équipe entière d'agents. Les clés sont dans la serrure, je n'ai qu'à les tourner pour ouvrir la porte et entrer.

La maison est environnée de champs, il n'y a personne. Je sais cependant qu'un agent est venu il y a quelques minutes pour préparer le refuge en vue de mon arrivée. Je referme la porte à clé derrière moi et pénètre dans le salon. Il est décoré à la dernière mode, dans des tons beige et blanc, et donne une impression de petit nid familial. Sur la table à manger je trouve une carte bancaire accompagné du film transparent indiquant le code que je mémorise immédiatement, et du montant qui m'a été alloué, soit plus d'un demi-million de dollars américains.

C'est flatteur de constater qu'ARIES a envie de me chouchouter.

Outre la carte, il y a un passeport européen au nom de Sara Ayari, de nationalité française, qui porte ma photo. Je consulte rapidement les informations qui ont été inventées puis je range la carte entre les pages du petit livret. Une fois que j'ai fait le tour de mes nouvelles possessions, je finis la visite de la maison. Il y a une grande cuisine, avec un frigo rempli de tout et n'importe quoi, une buanderie, deux chambres au rez-de-chaussée, trois autres à l'étage et deux salles de bain. Dans la plus grande d'entre elles, je trouve plusieurs serviettes éponges pliées et posées à côté de la douche, ainsi que des vêtements propres. Avant de faire quoi que ce soit je fais une deuxième fois le tour de la maison, pour vérifier que toutes les fenêtres sont bien fermées et que je suis seule.

Au bout de dix minutes, rassurée, je remonte dans la salle de bain, me déshabille et vais sous la douche. J'y reste un long moment à me débarrasser de la poussière incrustée dans ma peau. Ça me paraît déjà si loin... En sortant je reste uniquement en sous-vêtements pour ne pas salir les vêtements qui m'ont été offerts. Je descends à la cuisine en laissant dans mes pas des traces humide, prends une pizza surgelée dans le congélateur que je fais réchauffer au four, puis je m'installe devant la télé et mets une chaîne d'informations. Ce que je vois me stupéfie.

Des vidéos tournent en bouclent depuis quelques heures déjà, montrant Barnes en train de courir dans un tunnel, poursuivi par un homme dans un costume noir, lui même suivi de Rogers, que j'identifie seulement grâce à son costume bleu et rouge tellement il passe vite devant la caméra. La bande jaune au bas de l'écran spécifie que Barnes est identifié comme l'auteur présumé de l'attentat des Nations Unies, essayant d'échapper à la justice dans les rues de Bucarest hier matin. La vidéo se coupe au moment où Barnes est maîtrisé, tenu en joue par James Rhodes dans l'armure de War Machine.

Le présentateur reprend la parole et explique que le terroriste connu pour ses activités en tant que membre d'HYDRA a été emmené au centre de lutte anti-terrorisme de Berlin pour y être interrogé, mais qu'il s'en est enfui dans l'après-midi.

Je soupire de lassitude. Mon dieu, mais comment des gens assez bons pour retrouver un homme si bien caché en quelques heures ont-il pu être assez mauvais pour le laisser s'échapper d'un bâtiment probablement infesté de soldats le même jour ?

Ce n'est qu'après que le journaliste précise que Barnes a reçu de l'aide de la part de Samuel Wilson, « Falcon » et Steven Rogers, « Captain America » que tout s'explique.

Je finis mon repas en regardant les infos, où les présentateurs deviennent fous, les experts se succèdent sur les plateaux, et les mêmes vidéos sont montrées, analysées, décortiquées jusqu'aux dernières secondes. J'éteins finalement la télévision et me lève du canapé pour aller poser mon assiette dans l'évier. Quelqu'un d'autre la nettoiera pour moi.

Je récupère avant de monter mon passeport et ma carte bancaire pour les poser sur ma table de chevet à côté de moi, au cas où j'aurais besoin de m'enfuir avec. À onze heure je suis dans le lit, étendue sur le ventre, et je m'endors. Rien ne trouble mon repos.

Le lendemain, une voiture vient me prendre dans l'après-midi pour m'emmener à l'aéroport. Mon conducteur me tend un billet d'avion avant de sortir de la voiture et de dégager du coffre une valise noire à roulette, fermée par un cadenas dont il me remet les clés.

« Là-dedans il y a tout ce dont vous aurez besoin pour votre voyage. Rien à déclarer. Vous devez mettre votre pistolet à l'intérieur d'une boîte spéciale.

- Merci, dis-je en obéissant.

- Quand vous serez arrivée en Finlande, vous ouvrirez cette enveloppe et vous suivrez les instructions », fait-il en me la fourrant dans la main.

J'acquiesce silencieusement, puis je tire la poignée qui permet de traîner la valise derrière moi et je serre la main du conducteur, qui me regarde entrer dans l'aéroport avant de reprendre la voiture et de s'en aller. Je consulte mon billet, à destination de la Finlande, remplis les formalités et prends l'avion.

Une fois arrivée, j'ouvre pour la première fois l'enveloppe, qui m'indique tout d'abord dans quel hôtel je dois descendre. À partir de maintenant, c'est moi qui me débrouille toute seule. Plus de refuge, plus de voiture pour me conduire. J'ai un autre billet d'avion, une liste d'instructions, et une arme dans ma valise. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant