Mais aussitôt que Wanda a levé la digue protectrice qui protégeait mon esprit, une vague de mille et une sensations mélangées anéantit toute pensée cohérente. Je ressens tout : le chaud et la sueur, et le froid, le vent, le carrelage sous mes pieds mais les draps autour de mes jambes, à la fois une odeur de papier et d'encre et celle de la forêt du Wakanda. J'ai un goût de poisson et de riz sur la langue comme si j'en avais mangé récemment mais aussi celui mentholé du dentifrice, j'entends les voitures rouler et klaxonner dans la rue, le bruissement des rideaux qui s'agitent sous le souffle du vent et le tictac régulier d'une horloge, et ma main est serrée à la fois sur la crosse d'un pistolet et sur le rebord frais du lavabo. Je suis debout, et allongée, et assise en même temps, les yeux plissés pour me protéger de la lumière des néons mais grands ouverts pour percer l'obscurité ; je ressens tout, de partout, et c'est infernal parce que c'est trop.
Je serre les dents pour ravaler un cri de douleur mais suis forcée de me prendre la tête dans les mains et de fermer les yeux pour l'apaiser. La vague de sensations qui déferle sur moi brouille mes pensées : je ne sais plus où je suis ou ce que je sens, je suis partout en même temps mais sans savoir distinguer Loïs de Ben de Chiara. Je m'étire à l'infini comme pour attraper quelque chose placé trop loin mais je déchire mes muscles en essayant trop fort de faire le tri entre ce que je suis et ce que je sens.
Et puis le chaos se calme soudain. J'ouvre les yeux avec circonspection, m'attendant à être submergée par un déluge de sensations emmêlées, mais tout paraît en ordre dans ma tête. Je remue mes jambes sous les draps et les sens glisser sur ma peau. La climatisation rafraîchit l'air chaud qui entre par la fenêtre en charriant les odeurs de la forêt. Puis ma perception de ce qui est autour de moi change. Je me tends mais ne ressens aucune douleur. Mon esprit semble s'étirer mais c'en est presque agréable cette fois. J'entends le son étouffé des voitures et sens un souffle d'air chaud sur mes mollets. Mes pieds abandonnent leur chaleur au carrelage froid. Quand je regarde en l'air je croise mon propre regard.
« Loïs ? »
Je repasse facilement à elle, et me rends compte que Steve a ma main emprisonnée dans les siennes. A côté de lui, Wanda a presque grimpé sur le lit pour être plus proche de moi. Ses sourcils sont froncés et elle tient sa main contre sa bouche comme si elle avait fait une terrible erreur.
« Je suis désolée ! s'écrie-t-elle quand elle se rend compte qu'elle a mon attention. Ton esprit était si tourmenté que je n'ai pas réussi tout de suite à l'apaiser ! Je ne savais pas que ça allait être aussi douloureux et...
- Je vais bien », la coupé-je faiblement.
Ce n'est qu'un petit mensonge parce que je me sens toujours légèrement nauséeuse mais l'intervention de Wanda semble m'avoir permise de mettre de l'ordre dans ma tête.
« Je sais qu'il est trop tôt pour te demander ça, dit Natasha en fronçant les sourcils sous l'effet de l'inquiétude, mais tant que les deux espions de Cerberus ne sont pas ici, avec nous, au Wakanda, ils sont en dangers et toi aussi. Que se passe-t-il si l'un d'entre eux meurt ? Mourras-tu avec lui ?
- Je n'en sais rien, avoué-je. Pire, je ne sais pas si la connexion entre nous peut être à nouveau interrompue.
- Nous ne pouvons pas nous le permettre. Je vais demander à T'Challa d'envoyer un jet. Sais-tu où ils sont ? »
Je me concentre et passe de l'un à l'autre des corps. Chiara retourne dans la chambre et prend en main les papiers éparpillés sur le lit. Un seul coup d'œil me suffit pour deviner où je suis.
« Est-ce que vous arrivez à croire que j'arrive soudain à lire le chinois ? » m'étonné-je en reconnaissant les signes imprimés des deux côtés des pages.
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Cerberus
ФанфикD'abord je faisais partie du SHIELD. Et puis je suis partie. Ensuite j'ai travaillé pour les Ten Rings. Et cette fois on m'a forcée à m'en aller. Maintenant je vis à New York près des Avengers. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que je ne...