Chapitre 45

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La première chose que je fais, c'est regarder si quelqu'un m'a remarquée. La seconde, c'est de laisser mon billet sur le comptoir et marcher le plus naturellement possible jusqu'à la sortie.

Je ne pense même pas à paniquer. Je n'ai pas le temps. J'accepte avec sang-froid que le pire s'est produit et qu'il n'y a pas de retour en arrière. Je suis la seule à pouvoir me sortir de là donc il faut absolument que je garde la tête froide.

Je relâche mes cheveux pour masquer mon visage et marche le long de la route sous les regards désintéressés des passants.

Je pourrais m'enfuir maintenant mais je n'ai ni téléphone, ni argent, ni voiture. De plus, que Beth choisisse de me jeter aux loups signifie que je suis sur la bonne voie. Je vais bientôt découvrir quelque chose qu'elle ne veut pas que je sache. Il est hors de question que je m'arrête maintenant.

Puis je réfléchis. Je connais Beth, ou au moins je suis sûre que Carrie l'a convaincue de me laisser une porte de sortie. Carrie me laisse toujours des portes de sortie. Je regarde autour de moi jusqu'à trouver une vieille cabine téléphonique usée par les ans. Avec de la chance, elle fonctionne encore. Je glisse une pièce dans le trou et compose le numéro de Beth. Au bout de quelques secondes, elle décroche.

« Loïs ? »

En un mot je peux sentir son sourire, son air suffisant, sa certitude de me tenir dans le creux de sa main.

« Pourquoi maintenant ? demandé-je.

- Parce que j'ai fait ce que j'ai pu pour t'arrêter. Tu n'es plus capable de reconnaître le vrai du faux. De plus, ton équipe est finement constituée : le Capitaine, le Soldat et la Veuve Noire ? Je n'arrive pas à décider lequel montrera le moins de compassion. Je peux t'aider à t'en tirer. Où es-tu ? »

La surprise me laisse muette quelques secondes. Beth devrait savoir où je suis, puisque j'ai eu un "épisode". Mon alter se serait-elle retenue de la contacter ? Quoi qu'il en soit, j'ai maintenant une chance de me sortir de cette situation.

« Tu me feras évacuer ?

- Dis-moi où tu es et je te dirai si j'ai une équipe capable de te protéger.

- Italie, avoué-je sèchement.

- J'en ai une dans le sud et deux agents en Espagne. Desquels es-tu le plus proche ? Loïs ? »

Je raccroche sans répondre et sors de la cabine. J'ai encore le temps de choisir : m'échapper maintenant ou retourner à l'appartement. Dans tous les cas, je ne laisserai pas Beth m'attraper.

Natasha est toujours blessée. Dans le pire des cas, les seuls à affronter sont les deux soldats et je suis sûre de pouvoir les vaincre, à partir du moment où ils n'attaquent pas ensemble. Il reste encore deux pistolets à l'appartement sur lesquels je pourrais mettre la main et de plus les clés de la voiture sont à l'intérieur.

Je fais donc demi-tour.

La stratégie de Beth est efficace : en me faisant passer pour un membre isolé d'HYDRA, je m'attire la haine de tous sans diriger l'attention vers ARIES. Et puis il faut avouer que tous ces meurtres ne jouent pas forcément en ma faveur.

Une fois arrivée à bonne distance de l'appartement, je m'arrête, cachée derrière un angle de mur, et observe la rue. Ni Steve ni Bucky ne sont descendus ou ne regardent par la fenêtre. Ils ne peuvent pas savoir que j'ai regardé la télévision, pour eux je suis simplement sortie m'éclaircir les idées après avoir fait une bêtise. Donc, ils me tendent un piège.

Du regard, j'avise un chemin capable de m'emmener jusqu'à notre étage. Dieu merci, cette architecture italienne et pleine de corniches et de colonnes. La tête baissée, je marche jusqu'à l'arrière de l'immeuble, à l'abri des regards.

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant