Je suis tirée de mon sommeil artificiel par plusieurs tapes sur les joues et des invectives en arabe. Je tente de lever le bras pour écarter la main sur mon visage, mais mes poignets sont emprisonnés dans des sangles en cuir.
« Ouvre les yeux ! » ordonne la voix à l'accent anglais d'un ton autoritaire.
Mes paupières papillonnent puis s'ouvrent. Un grognement approbateur s'élève de la gorge de l'homme. Il se penche vers moi jusqu'à ce que son visage masque l'ampoule au-dessus de lui et l'auréole de lumière. Je cligne des yeux pour essayer de distinguer ses traits dans l'ombre, sans y parvenir.
« Bonjour Aloïse, je suis le professeur Joseph Klein. J'ai repris le projet des docteurs Moore et Miller. »
Toujours sonnée par l'anesthésie, le seul son qui sort de ma bouche est un grognement provenant des tréfonds de ma gorge asséchée. Plus personne ne m'appelle Aloïse.
« Laisse-moi t'expliquer ce qui va se passer, reprend l'homme en souriant. Je vais transformer tout ton squelette pour qu'il ne souffre plus de l'action du sérum de Moore et Miller. Ils ont eu une bonne idée en injectant du vibranium dans ton corps mais ils t'ont déjà suffisamment abîmée. »
Je l'écoute avec peine jusqu'à ce que mes yeux tombent sur un insigne rouge. En me concentrant, je distingue, épinglé à sa veste de costume, le crâne écarlate sur son trône de tentacules, emblème d'HYDRA. Un regain d'énergie me permet de secouer mes poignets dans mes menottes de cuir mais les lanières tiennent bon. Je ferme mes yeux avant qu'ils ne se remplissent de larmes.
« Miller est morte, poursuit le professeur Klein, mais Moore peut pratiquer l'opération tout seul. Il arrivera dans quelques instants. »
Je gémis et tousse, puis je finis par aligner trois mots à peu près corrects qui ressemblent assez à « S'il vous plaît ». Je n'ai droit en réponse qu'à un chiffon roulé en boule et enfoncé dans ma bouche.
Paniquée à l'idée de m'étouffer, je serre mes dents dessus pour l'empêcher de descendre trop bas dans ma gorge.
Le professeur Klein repousse mes longs cheveux éparpillés sur mon front avec des gestes caressants. Je souhaite de toute mes forces de pouvoir me libérer et lui faire ranger ses mains ailleurs que sur mon visage.
Quelques secondes plus tard, Moore entre dans la pièce, vêtu d'une blouse et d'un masque chirurgical. J'essaie de croiser son regard pour lui faire comprendre de ne pas me faire de mal. Qu'il me laisse mourir s'il le faut, mais je ne suis pas capable de survivre à la douleur que j'ai ressenti lors de la première opération une nouvelle fois.
Ses yeux fuient les miens. « Je suis désolé, Loïs », murmure-t-il sans me regarder en face.
Je repose ma tête contre le siège, anéantie. Si je survis, je deviendrai le jouet d'HYDRA, l'ennemi juré du SHIELD.
Moore soulève une seringue inhabituelle, reliée à une poche de liquide transparent. De sa main libre il défait les accroches de la blouse en papier de laquelle je suis habillée. Elle tremble légèrement.
« Lancez le chronomètre », commande-t-il d'une voix blanche.
Un bip résonne.
De sa main libre, Moore frotte une compresse imbibée de désinfectant contre mes clavicules, me faisant frissonner sous le liquide froid. Son bras descend jusqu'à ce que je ne puisse plus voir la pointe de l'aiguille, qui s'enfonce dans ma peau puis se relève. À part un pincement léger, je ne sens rien de plus. Moore déplace sa main jusqu'à l'autre clavicule ; je peux l'imaginer percer l'os et atteindre la moelle à l'intérieur, avant d'y pousser une dose de sérum.
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Cerberus
FanfictionD'abord je faisais partie du SHIELD. Et puis je suis partie. Ensuite j'ai travaillé pour les Ten Rings. Et cette fois on m'a forcée à m'en aller. Maintenant je vis à New York près des Avengers. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que je ne...