Chapitre 19

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« Scott Lang ? demandé-je d'une voix tout droit sortie d'un mauvais film policier, lunettes de soleil sur le nez, cheveux sévèrement attachés en arrière, plantée sur le pas de la porte.

- Euh, je n'ai rien fait, répond immédiatement l'homme en face de moi, toujours en pyjama malgré l'heure avancée de la matinée.

- Quoi ?

- Vous allez visiblement m'accuser de quelque chose. Peu importe ce que c'est, ça n'est pas moi. Probablement. Pas... moi, rectifie-t-il.

- Donc vous êtes Scott Lang », confirmé-je en le repoussant en arrière et en entrant dans la maison.

L'homme pousse une exclamation, mais il ne peut m'empêcher de refermer la porte d'entrée derrière moi.

« Qu'est-ce que vous... Hé, vous n'avez pas le droit de faire ça !

- Fermez-la », lui intimé-je.

Je balaie l'entrée du regard, à la recherche d'une caméra de surveillance. Il n'y en a aucune, et pas de fenêtres dans l'entrée. Pas mal. Je n'ai pas envie d'être épiée, j'ai déjà passé trop de temps à faire en sorte de ne pas être suivie, ni par le SHIELD, ni par ARIES.

« Je connais mes droits, insiste-t-il, et je connais les vôtres, et je sais que la police ne peut pas entrer comme ça chez...

- Je ne suis pas de la police, dis-je alors très calmement en me retournant vers lui, et en sortant un pistolet que je braque entre ses sourcils. Alors maintenant, taisez-vous ou prenez un coup de taser. Ça ne fait pas du bien, précisé-je. »

L'homme referme la bouche, les mains levées en l'air et les yeux louchant sur le canon de l'arme. Il n'a pas l'air franchement effrayé, juste surpris.

« Je... Oui, je sais que ça fait mal, croyez-moi, assure-t-il en soupirant.

- Est-ce que la maison est surveillée ? le questionné-je.

- Euh, aucune idée. Peut-être. Je ne crois pas... Non, en fait, je n'en sais vraiment rien...

- C'est bon, c'est bon, l'interromps-je. J'ai compris. Vous allez marcher devant moi, et on va s'asseoir. »

L'homme se retourne et le chatouillis du canon contre son dos le fait avancer. Il marche lentement, sans faire de gestes brusques, jusque dans un salon de quelques mètres carrés. La lumière est tamisée, et je note que les fenêtres sont occultés par des rideaux. Donc, il se cache lui aussi. Tant mieux, ça me donne moins de soucis.

L'homme s'assied sur l'une des chaises haute du comptoir, puisqu'il n'a pas de véritable table à manger, et tend son index, les mains toujours en l'air, vers un second tabouret. Je m'y installe et enlève mes lunettes de soleil, puis je commence à parler :

« Je vais poser mon pistolet. Avant qu'une idée stupide ne vous vienne à l'esprit, sachez que je suis un agent des services secrets du SHIELD et un membre informel des Avengers. Vous n'avez pas envie de savoir si vous pouvez, ou non, me vaincre au combat, l'informé-je.

- Ça ne m'a même pas traversé l'esprit », m'assure-t-il avec conviction en redescendant doucement ses mains.

Je pose mon arme sur le comptoir, le canon toujours pointé vers l'homme, puis je sors une photo de la poche de ma veste. Elle montre un homme d'une trentaine d'année au visage long, brun et mal rasé. Il a l'air vraiment mécontent. Deux images sont imprimées l'une contre l'autre : la première de face, la seconde de côté. Sur les deux il porte autour du cou une plaque indiquant son nom, Scott Lang, un numéro de détenu et le mot « RAFT », qui désigne une prison sous-marine de l'armée américaine et une véritable abomination pour les droits de l'Homme. Puis j'observe l'homme en face de moi pour obtenir la confirmation que j'ai bien trouvé le bon. A en juger par l'air mécontent, oui, c'est définitivement le même.

Je pose donc mes mains sur la table, et le regarde dans les yeux, avant de commencer mon interrogatoire.

« Arrêtez-moi quand je me trompe, lui demandé-je. Votre nom est Scott Edward Harris Lang. Vous avez été arrêté et emprisonné puis vous en êtes sortis grâce à votre bonne conduite, et un an plus tard vous combattiez aux côtés de Steven Rogers, contre Tony Stark, capable de vous réduire à la taille d'un insecte grâce à une technologie inconnue. Jusque là j'ai tout bon ?

- Je ne vous ai pas encore arrêtée.

- Pourquoi avoir choisi le camp de Rogers ? demandé-je.

- Rappelez moi qui vous êtes, dit-il en ignorant ma question. Et comment m'avez-vous retrouvé ?

- Je m'appelle Loïs Sherazi, réponds-je sans m'offusquer. Il y a deux jours j'ai pris un avion pour le Raft, la prison dans laquelle le secrétaire d'État Ross vous a enfermés, vous et vos compagnons Barton, Wilson et Maximoff. J'ai constaté que vous en étiez sortis, et je soupçonne Rogers d'avoir une part de responsabilité là-dedans. Toujours raison ?

- Peut-être, esquive-t-il. Je ne pourrais pas vous dire.

- Vous êtes méfiant, je le comprends. Je le serais aussi. Vous ne me connaissez pas, je n'ai pas pris part au combat en Allemagne, vous ne pouvez pas savoir si je ne vais pas tout rapporter à Stark. Mais rassurez-vous, je ne travaille pas pour lui. Si ça avait été le cas, vous le sauriez déjà. Je ne suis pas l'ennemie ici.

- Alors qui est l'ennemi ? »

Je me renverse sur mon siège et soupire, avant de répondre :

« Personne. Mais j'ai besoin de retrouver Steve.

- Pourquoi ? demande Scott Lang, intrigué.

- J'ai refusé de signer les Accords, avoué-je en jubilant intérieurement, je sais que je le tiens. Stark serait venu après moi si j'étais restée à New York.

- Les Accords ? Falcon m'en a parlé, oui, ce n'est pas ce document signé par une centaine de pays, qui oblige les Avengers suivre les règles ?

- C'est cela, confirmé-je sans relever l'utilisation du surnom de Wilson. Je fais le sale boulot du groupe, celui qu'aucun d'entre eux ne peut faire parce qu'ils sont tous épiés par les médias. Vous comprenez pourquoi je n'ai pas voulu signer les Accords. J'ai réussi à me faire passer pour morte mais ça n'a pas duré longtemps. Stark va vouloir me retrouver. S'il ne peut pas mettre la main sur Rogers, il se rabattra sur moi. J'ai besoin d'aide, et j'en ai besoin maintenant.

- Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

- Où est Steve Rogers ?

- Je ne peux pas vous le dire, refuse-t-il en hésitant.

- Pourquoi ?

- Parce que... Parce que je ne sais pas. En revanche, je sais que l'homme-chat est au courant. Vous n'avez qu'à l'appeler. Il sera aussi ravi de vous entendre que moi de vous voir. »

Je garde le silence tandis que j'essaie de deviner à quel point il se moque de moi. Il a dit ça avec tellement de sincérité que pendant une toute petite seconde j'ai cru qu'il le pensait vraiment. Scott sourit et frappe ses mains l'une contre l'autre.

« Bon, fait-il avec un sourire. Je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps.

- J'ai une dernière question, l'arrêté-je à temps. Wanda Maximoff... La fille. Costume rouge, pouvoirs magique... Difficile de la manquer. Comment va-t-elle ?

- Elle était... Disons qu'ils ont trouvé un moyen de la dissuader d'utiliser ses pouvoirs. Au bout d'un moment elle a compris que c'était mieux de ne pas le faire. »

Je jure à voix basse et reprends mon pistolet que je range dans mon sac à main. Il faut que je retrouve Barnes, il faut que je retrouve Wanda, et mon ticket porte le nom de Steve Rogers.

« Vous ne ressemblez pas vraiment à un Avenger », fait remarquer Scott en se levant après moi.

Je m'arrête et me retourne à quelques pas de la porte d'entrée ; et je souris en le regardant :

« Vous non plus », dis-je en me moquant.

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant