Chapitre 31

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Steve et Natasha ont compris aussi bien que moi qu'il vaut mieux mettre Barnes en sécurité ailleurs. Le sérum lui a permis de guérir à une vitesse prodigieuse mais nous sommes tous en danger tant que Carrie sait où nous sommes.

Wanda est la seule qui restera ici. Aussi douloureux que ce soit à admettre, elle n'est qu'un poids mort tant qu'elle ne sort pas de la torpeur dans laquelle elle est plongée. Le roi T'Challa m'a personnellement assuré qu'elle serait en sécurité au palais, mais j'ai du mal à me faire à l'idée. Barnes aussi était supposé être en sûreté au Wakanda et Carrie a tout de même pu lui tirer une balle dans le ventre.

Barnes devrait rester avec Natasha : l'espionne est fluette, invisible, et sait comment se faire oublier. Cependant, c'est ce que Carrie sait aussi et c'est pour cela que nous avons décidé d'aller à l'encontre de tout ce qu'elle pourrait logiquement prévoir.

Une heure après avoir rassemblé nos affaires, Steve et moi nous arrêtons en voiture devant la porte de l'hôpital. Barnes nous aperçoit derrière la vitre et s'avance à pas rapides vers nous. Le roi lui a fourni des vêtements qui couvrent son bras le mieux possible, mais la main métallique luit en captant les rayons du soleil. Je descends mes lunettes noires sur mes yeux et pose une main sur le volant, prête à redémarrer aussitôt que l'homme sera à l'intérieur.

Barnes s'assied derrière Steve et je le vois me dévisager dans le rétroviseur central. Il se souvient de moi.

Je mets en marche le moteur sans rien dire et m'éloigne de l'hôpital. Les deux hommes m'imitent en gardant la bouche fermée jusqu'à ce que nous soyons arrivés à l'aéroport. T'Challa a arrangé notre départ dans un avion de ligne peu rempli sans que nous n'ayons à passer les contrôles. Les détecteurs de métaux seraient devenus fous si Barnes et moi les avions traversés.

J'intime aux deux soldats de remonter leurs capuches et de mettre de grosses lunettes de soleil noires sur leurs visage le temps de sortir de la voiture et d'entrer dans l'avion. C'est cliché, mais c'est encore le moyen le plus sûr d'empêcher les programmes de reconnaissance faciale de nous retrouver.

Je gare la voiture sous une rampe d'accès et nous l'abandonnons pour grimper les minces marches, sous un soleil toujours brûlant. Je respire lourdement, transpirant déjà sous mon tee-shirt blanc. Les deux hommes devant moi ont l'air mal à l'aise tandis qu'ils cherchent leur siège attribué en première classe, loin de tous les autres passagers. Moi-même, j'ai du mal à garder mon anxiété pour moi ; je parcours toute la longueur de l'avion en dévisageant discrètement chaque passager pour me rassurer. Carrie n'est nulle part. Peut-être a-t-elle mordu à l'hameçon.

Je retourne à ma place et m'enroule dans une couverture pour résister à la froide climatisation en marche. Pendant le trajet, derrière moi, j'entends la discussion étouffée de Steve et James Barnes sans arriver à en capter la moindre bribe. J'ai l'estomac trop noué par l'angoisse pour même considérer les rejoindre. Non, pour l'instant ma mission est de les protéger et de les amener tous les deux en sécurité.

Nous atterrissons plusieurs heures plus tard en Espagne, au milieu de la journée, et descendons comme de simples voyageurs. J'ai retenu mon souffle en passant la douane, mais personne n'a semblé reconnaître ni l'un ni l'autre des deux hommes. À la sortie de l'aéroport nous entrons tous les trois dans un taxi, et seulement à ce moment-là je m'autorise à souffler un coup.

Le conducteur jette un œil aux deux colosses sur sa banquette arrière, puis un autre mal-assuré vers moi. Je souris brièvement et lui donne une adresse que je connais par cœur. La voiture se met en route et je repose ma tête contre le siège.

* * *

« L'Espagne ? » demande Steve avec un demi-sourire.

Nous sommes tous les trois installés dans un appartement de la banlieue de Madrid, pas loin d'un marché et d'une laverie automatique. J'ai insisté pour que les deux hommes utilisent la chambre, argumentant que le canapé est bien assez confortable pour que je puisse dormir dessus. De plus, je suis rassurée rien qu'à l'idée d'être proche de la porte d'entrée. Toutes les fenêtres ont des barreaux, à l'exception de celle de la salle de bain. Tout est sécurisé. C'est ce qui m'a plu quand j'ai acheté l'appartement, des mois plus tôt dans le dos de Beth.

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant