Chapitre 2

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Jamais je n'aurais cru pouvoir retrouver ma vie d'avant, avant mes problèmes et avant HYDRA : arpenter à nouveau les couloirs du Triskelion, recevoir mes ordres de mission par l'agent Hand, et brandir mon badge d'une main fière en dégainant mon arme de l'autre. Tout ça paraissait alors si loin.

Pourtant, depuis plus d'un an, je travaille à nouveau pour le SHIELD ; mais rien ne m'est familier. Le Triskelion s'est écroulé, Victoria Hand est morte et je ne suis plus autorisée à opérer sur le terrain en temps qu'agent officiel.

Les moteurs du Quinjet se mettent en marche dans un vrombissement sourd et l'avion se soulève du sol, la passerelle abaissée pour me permettre d'y grimper. Je prends mon élan et saute le plus haut possible, mes bras tendus vers le haut. La main gantée de Steve m'attrape à la volée et me hisse à l'intérieur, tandis que la passerelle se relève et ferme hermétiquement le jet. Je m'étale sur le dos, la respiration saccadée, pour retrouver mon souffle.

« Tout va bien ? » demande Steve avec un sourire en frottant ses cheveux en bataille.

Je lève un pouce en l'air et expire profondément avant de me redresser et de ranger mon pistolet dans son étui.

J'ai quitté l'agence contre mon gré quelques années plus tôt, et j'étais alors certaine de ne plus jamais y remettre les pieds. Pourtant, des mois plus tard, je me suis présentée devant Coulson en le suppliant presque à genoux de me reprendre.

Rien n'a été facile : après chaque test, chaque évaluation, je voyais mes chances s'amenuiser. La seule chose qui comptait était de redevenir ce que j'étais.

Je suis retournée dans le système presque par miracle, et une fois à l'intérieur j'ai rattrapé le temps volé de ma vie, deux années qui m'avaient filé entre les doigts et que je comptais bien récupérer. J'ai tout lu à propos de la bataille de Greenwich, la mort de Fury et la libération de tous les dossiers du SHIELD sur internet. J'ai regardé la bataille de Sokovie à la télé, toute seule dans un vieil appartement à Boston ; j'ai passé des jours et des nuits à me brûler les yeux sur des rapports, à essayer de comprendre comment le SHIELD s'était lentement reformé sous l'impulsion de Phil Coulson.

Il fallait les convaincre que j'étais opérationnelle, que je pouvais retourner sur le terrain. Il fallait à tout prix qu'ils me fassent confiance.

Mes cheveux sont collés à mon crâne malgré la climatisation du jet ; pour me rafraîchir plus vite j'enlève mon gilet et le pose sur l'un des sièges de l'avion. Mon tee-shirt noir est trempé de sueur.

Je desserre les lacets de mes Rangers et remue mes orteils à l'intérieur pour soulager la brûlure de la plante de mes pieds. En face de moi, Natasha fait de même.

Je contemple un instant sa combinaison moulante et la ceinture qui porte son symbole. Dire que le SHIELD a voulu me faire porter la même chose... Non, je n'ai pas besoin d'une gigantesque étoile rouge sur le torse pour me souvenir de quel surnom on m'a affublée.

Et puis je préfère de loin travailler dans l'ombre, inconnue du public. Devenir un super-héros aussi médiatisé que le sont les Avengers n'est pas un sort enviable, en tout cas pas pour moi.

Tony Stark s'est débarrassé de son armure et s'est assis au poste de commande. Il nous tourne le dos, discutant à voix basse avec FRIDAY, l'intelligence artificielle. Quant à Steve, il a enlevé ses gants et les a soigneusement posés sur le siège à côté de lui.

« Qui était l'homme ? »

Je redresse ma tête, que j'ai laissée pendre en arrière pour étirer ma nuque, et fixe Natasha. Les sourcils froncés, elle ne détourne pas le regard, curieuse et légèrement méfiante.

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant