New York, USA
Je me tiens dans l'angle du mur, les doigts de ma main droite raclant machinalement contre mon avant-bras en y laissant trois marques rectilignes. En face de moi, assise sur le rebord de son lit, Carrie lace ses chaussures. Je jette un coup d'œil à l'horloge au-dessus de la porte et commence à m'impatienter, ce que je traduis par un tapotement irrité du bout du pied et un claquement de langue contre mon palais. Carrie relève la tête et me lance un regard ennuyé, mais elle noue ses lacets plus rapidement.
« Je suis contente que tu sois de retour », lance-t-elle pour détourner mon attention de son retard.
Je souris sincèrement, contente d'être avec elle. Natasha est une bonne partenaire, mais Carrie est une part de moi qui sait exactement comment je réfléchis. Avec elle, j'ai l'impression de pouvoir être moi.
Carrie se lève du lit, range son pistolet dans l'étui à sa hanche et claque ses mains l'une contre l'autre. J'examine sa combinaison noire avec un froncement de sourcils, ravie d'être habillée d'un uniforme de combat normal autrement plus pratique et confortable, puis me décolle du mur. Un hélicoptère nous attend sur l'aérodrome et la fenêtre d'action est serrée. Nous sommes déjà en retard.
D'un regard de connivence nous nous mettons en marche, moi en tête. C'est un agent d'ARIES qui nous a accueilli à notre arrivée la nuit dernière, seul, dans une planque près d'un héliport. J'ai passé la soirée à me tourner dans mon lit en pensant à l'Espagne. Il y a quelque chose à propos de l'Espagne qui ne veut pas sortir de ma tête, sans que je sache ce que c'est...
« Est-ce que tu as pris tes médicaments ? » demande Carrie d'un air soupçonneux ?
J'acquiesce en repensant aux pilules bleues que je dois avaler toutes les douze heures.
« Je ne te crois pas. Montre moi la plaquette », m'intime-t-elle.
Je soupire grossièrement, prise sur le fait en train de mentir, et je la sors d'une poche de mon pantalon. Trois comprimés bleus tombent dans ma main. Avec un sourire qui se veut ouvertement insultant, je pose les morceaux de médicament sur ma langue et les avale. Carrie me fait ouvrir la bouche pour vérifier que je ne les ai pas cachés sous ma langue, puis, satisfaite, elle me tapote l'épaule pour me faire avancer.
Je me sens malade rien qu'à l'idée de les avoir ingérés. Ils ne me font pas de mal, mais un instinct plus fort que moi m'exhorte à rester loin de ces médicaments. J'ai arrêté de les prendre il y a vingt-quatre heures, mais ça, Carrie n'en sait rien. Elle serait furieuse si elle l'apprenait, pire que furieuse ; elle me renverrait dans cette chambre noire de laquelle je viens et ça, je préfère prendre toutes les pilules du monde plutôt que d'y retourner.
Elle ne l'apprendra pas si je m'en tiens à ma mission.
J'ouvre une porte en métal qui mène vers une piste de décollage. Un hélicoptère est déjà en train de faire tourner ses hélices.
Je suis la première à monter à l'intérieur, suivie de près par Carrie qui accroche sa ceinture autour d'elle. Le pilote nous lance un regard et nous levons en même temps un pouce en l'air. Il acquiesce et nous décollons.
Je regarde le sol qui s'éloigne, puis Carrie, d'un air inquiet. Mes ongles qui s'enfoncent dans la chair de mon bras laissent des marques en demi-lunes là où ils ont raclé la peau plus tôt. La jeune femme sourit et hoche légèrement la tête en signe d'encouragement. Je lis sur ses lèvres des paroles rassurantes, mais très vite la pression sur mes oreilles se fait ressentir désagréablement.
Je mets ma main sur ma bouche. L'hélicoptère s'envole de plus en plus haut. Carrie pose sa main sur mon bras, les sourcils froncés, demandant silencieusement ce qui ne va pas. Je ferme les yeux mais un premier haut-le-cœur me secoue de la tête au pied, puis un second.
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Cerberus
FanficD'abord je faisais partie du SHIELD. Et puis je suis partie. Ensuite j'ai travaillé pour les Ten Rings. Et cette fois on m'a forcée à m'en aller. Maintenant je vis à New York près des Avengers. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que je ne...