Chapitre 32

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Je dors peu les premières nuits, constamment réveillée par la chaleur, la peur d'être découverte ou celle de me rendre compte que l'une de mes autres personnalités a pris la barre pour me dénoncer à Beth. Je n'ai pas encore fait de crise, mais il suffit d'une fois, il suffit que je ne perde le contrôle qu'une seule fois pour que tout s'écroule. Heureusement, jusque là, tout se passe bien et je suis sûre que je n'ai pas révélé à ARIES notre position.

Cette nuit-là, c'est un cri qui me tire du sommeil en sursaut. Je me lève rapidement, tous mes sens aux aguets, et fixe mon regard sur le mince rai lumineux autour de la porte fermée de la chambre. Les ressorts du lit grincent, m'indiquant que l'un des hommes se lève. Je regarde l'ombre de ses pas qui s'étire sur le sol puis disparaît. Une voix étouffée me fait tendre l'oreille.

J'écoute pendant un moment les sons à l'intérieur avant de retourner me coucher, consciente qu'il n'y a rien que je puisse faire contre les cauchemars et les terreurs nocturnes. J'ai déjà du mal à contrôler les miens.

Les premiers jours, Barnes évite de parler et se contente d'observer mon comportement d'un œil suspicieux. La cohabitation en devient si inconfortable que je trouve toutes les excuses pour sortir de l'appartement. Quand je suis coincée à l'intérieur, je jette plusieurs fois des regards envieux à la bouteille que je n'ai pas ouverte.

Un jour je rentre avec deux téléphones neufs. Steve et Barnes discutent dans le salon mais ils se taisent en m'entendant entrer. J'aligne les deux portables sur la table qui nous sépare en expliquant sans relever les yeux qu'ils nous permettront de communiquer s'il arrive un problème à l'un de nous quand nous sommes à l'extérieur.

Je ne sais pas bien pourquoi je m'isole des deux hommes, peut-être parce que j'ai l'impression d'être une intruse dans leur duo, ou peut-être parce que le regard de Barnes a le pouvoir de me glacer le sang. S'il apprend que je faisais partie d'HYDRA Steve me jetterait dehors, mais Barnes... Barnes n'hésiterait pas à me tuer.

C'est pour ça que je dois trouver le moyen de briser ses barrières, de l'amener à me faire confiance, à m'apprécier. Je ne sais pas encore comment faire, mais je trouverai.

En posant le téléphone en face des deux hommes je garde la tête tournée pour vérifier par la fenêtre que personne ne nous épie, puis je contourne le canapé pour sortir de la pièce. Le bras de Steve se détend en un éclair et me retient.

« Reste », m'invite-t-il avec gentillesse.

Je le regarde d'un air surpris puis je jette un coup d'œil incertain vers Barnes, qui tente un sourire pour m'encourager. Sourcils froncés et toujours méfiante, je m'assieds à côté d'eux sur le bord du canapé.

« Nous parlions de Natasha, m'explique Steve. Est-ce que tu penses que Carrie est tombée dans le piège ? »

Je me mords la lèvre en réfléchissant. Je me suis posée la question cent fois ces derniers jours sans trouver de réponse.

Natasha est partie quelques heures avant nous avec un leurre ressemblant à Barnes. Les deux se sont rendus à Prague et s'y sont enterrés, comme nous le faisons à Madrid. Selon toute logique, ou du moins c'est ce que j'espère, Carrie l'a suivie. C'est ce que j'aurais fait, c'est ce que n'importe qui avec du bon sens aurait fait. Personne ne nous penserait assez stupides pour faire voyager ensemble les deux soldats.

Natasha doit nous rejoindre dès qu'elle sera sûre d'avoir attiré puis semé Carrie, mais jusqu'à présent nous n'avons aucune nouvelle.

« Peut-être, réponds-je en choisissant mes mots. C'est ce que j'aurais fait si j'avais été elle, mais elle me connaît. Alors peut-être aussi qu'elle est derrière la porte en train de nous écouter. Tant que Natasha n'est pas rentrée, il n'y a aucun moyen de le savoir. »

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant