Chapitre 30, part 1

1.5K 140 3
                                    

Sur le dos de son chameau Jamshid était ballotté en tout sens. A fort coup de talon il cravachais sa bête, comme elle il cherchait son souffle, comme elle il cherchait a être ménager car sa blessure encore fraîche le faisait indéniablement souffrir. Si tant est qu'il eut pu prendre plus de temps il se serait pressé quand même car après tout il était libre, désormais délivré des chaînes de la servitude, des liens d'allégeance à son seigneur. Il était débarrassé de toute attache, de toute patrie, de tout passé, de toute colère. Il était profondément libre, enfin. Enfin il pouvait s'épanouir pleinement à l'idée de devenir bientôt un véritable Touareg. A cette notion de rêve originel, moteur du tout début de sa vie, s'ajoutait la joie et l'espoir de revoir bientôt, si Allah le voulait bien, les fenêtres du palais où l'attendait son bien aimé. Ihsan, oh précieux Ihsan, qu'était il devenus en ces deux années passé seul, loin de lui, loin de tout. Allait il bien ? L'eunuque cravacha de nouveau sa monture qui dans un braiment affolé lui fit comprendre qu'elle ne pourrait plus galoper ni bien vite, ni bien longtemps tant elle était épuisé et à bout force. Pourtant il fallait continué, courir toujours plus loin dans le désert, peut importait la direction. Il fallait passé les dunes, toutes les dunes qui se présenteraient à l'horizon aussi longtemps qu'il en surviendrais, et ce aussi loin que cela serait possible pour les sabots du camélidé. Car l'empressement de Jamshid n'était pas celui des cœurs heureux qui désirent voir le vent flotter dans leurs cheveux, ni celui de l'homme bleu qui au travers les bourrasques sableuses s'en retourne chez lui. C'était l'empressement des fuyards, des brigands, des assassins. Il était fatalement poursuivit, tel un bagnard qui fuit la corde. Ici la funeste sentence prenait l'apparence d'une cavalerie d'étalons aux yeux fou lancés à ses trousses à l'allure la plus vive et la plus effréné. Sur ces selles endiablées, tel des démons dansaient des épées tranchantes, des lances, des yeux affûté comme des rasoirs derrières de lourdes armures : toute une infanterie à sa recherche, une meute de loup.

Il n'était pas un agneau, il en avait parfaitement conscience, mais cela excusait il une telle prédation. Il n'avait pas le temps de se questionner à ce sujet. Protéger contre les assaut de la poussière brûlante, il espérait par son savoir semer les soldats qui en voulaient à sa vie. Il avait peur, autant qu'il était heureux.Il était heureux de vivre enfin, il craignait pour sa vie. Mais comme à son cou teintait la croix du sud, il se battait contre cette apparente fatalité. Lui croyait en le pouvoir de la croix du Sud, lui savait en homme de science que quiconque connait les étoiles possède une boussole, et quiconque possède une boussole ne peut rester bien longtemps éloigner de celui qui appelle son cœur. Son cœur et toute son âme appelait Ihsan. Il allait à lui guidé comme l'oiseau qui s'en va migré en hivers. Lui espérait en revanche que lorsque viendrait son été heureux il ne s'en retournerais pas vers le Nord, vers le froid, vers cette mort qui le poursuit inlassablement.

Sous les ordres de l'exilé le dromadaire au poil boueux surchargé de sueur et de poussière traverse en courant, sans regarder ni devant ni derrière, l'étendus offerte du Sahara qui comme une succube mortelle ou une ogresse vorace avale Hommes et bêtes qui se jettent dans ses valons de sables ardent.

Jamshid marche et s'arrête, marche et s'arrête sans fin, sans cesse. Voilà des jours qu'il parcourt les étendus de sable seul, terriblement seul. Il n'a plus ni eau ni nourriture. Il n'a plus rien à boire, ni rien à manger. Et chaque dune ressemble à la suivante, il a beau marché il ne se voit plus avancé. Un pas après l'autre, une nuit après l'autre, le temps passe, la distance file mais la destination jamais n'apparaît. Avec un seul animal, il en avait conscience, on ne peut partir bien longtemps, on ne peut aller bien loin. L'entreprise était trop folle, trop immature, trop aveuglé par l'adrénaline dans son sang. Il hurle, il cri, il pleure : Adamik l'a eut. Adamik l'a tué. Il lui a laisser croire, il lui a laisser un espoir fugace pour qu'il plonge aussi vite que ne le portait ses pas droit dans un piège. Pourtant il refuse d'abandonné, il est né homme des sables : il refuse que tel soit sa destiné. Il a pourtant bien observé le ciel chaque nuit, l'oasis devrait être ici. Il ne trouve pas sa première halte, sans elle il n'y aura aucune suivante. Alors il prie le ciel de pardonner sa naïveté, de lui donner une chance. Il veut vivre, passionnément. Il brûle de vivre, il brûle de l'Azérie, il brûle de liberté. Il vit encore pour se brasier intarissable. Cette chaleur le porte, elle le pousse à avancer et à se poser de moins en moins de questions. Il n'y a plus de doute permit, il n'y a plus d'erreur possible.

Le FavoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant