Jour inconnu, heure inconnue

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J'ai mal. Affreusement mal à la tête. J'ai l'impression qu'elle est prise dans un étau. Je sens la nausée montée.

Il me faut un moment pour me souvenir de la soirée. Pandora. L'attaque. Les révélations. Les adieux. Et le coup. Qui ?

Alors que je n'ai pas encore ouvert les yeux, un éclat m'aveugle, traversant mes paupières, rougeâtres. Je vomis, à peine consciente de ce que je fais.

— Désolé je ne t'ai pas raté, je voulais y aller un peu plus mollo. Tu vas t'en remettre, affirme une personne dont les pas résonnent sur le sol.

Une voix que je connais. Un homme. Dépassant la souffrance, j'ouvre les yeux et le découvre à travers le rideau de mes cheveux libres. Nolan.

— Me regarde pas comme un agneau apeuré ! s'exclame-t-il souriant.

Nous sommes dans une pièce entièrement en béton, avec un unique néon au plafond et une porte qui semble ancienne en face de moi. Je me sens tellement vulnérable, mi-assise, mi-couché face à cet homme que j'ai vu tant de fois.

— C'est toi ? fais-je sous le choc en replaçant mes lunettes sur mon nez.

— Bien sûr. Tu ne m'avais même pas un peu soupçonné ? Ce n'est quand même pas très sérieux, mais ça fait plaisir, mon rôle de victime à suffit à éloigner les soupçons.

— Mais pourquoi ? Comment ?

— Je t'ai déjà dit que tu posais trop de questions. C'est affreux d'être comme ça quand même.

— Némo murmuré-je réagissant grâce à sa phrase.

C'était lui depuis le début. La taupe, Némo et Dieu sait quel autre rôle il a pu jouer. Il vit sous notre toit. Et il est avec les Akra. Je ne sais même pas comment c'est possible, ce n'est pas un Dýnamai pourtant. Enfin, il a sûrement dû mentir sur ça aussi. Il a été fort, il a tout fait pour maintenir sa couverture, il s'est fait blesser lors de l'attaque chez les Pirie après la Nouvelle-Zélande, les Akra l'ont même frappé au mariage de Pandora. Le pire c'est qu'aucun d'entre nous n'a pensé à la soupçonner alors que tout était sous notre nez depuis toujours. Sous mon nez. Je suis la seule au courant. Les Pirie, Pandora, où qu'ils soient, ils ne doivent pas savoir le rôle qu'il a dans tout ça, encore moins qu'il est avec moi actuellement.

— Bravo, tu m'as démasqué avec tout juste six mois de retard, il était temps. J'avoue que j'ai été joueur sur le coup, mais tu n'as absolument pas fait l'association, même si tu t'es méfié de moi.

— Mais pourquoi ?

— Trop de questions. Mais une chose est sûre, c'est que j'ai un marché à te proposer. Tu es précieuse sache-le et tu seras bientôt très recherché, je ne fais absolument pas confiance en Kayla pour garder le secret très longtemps à propos de toi. Bientôt, les Áídios seront au courant malheureusement. Mais je peux t'arranger ça, ils ne mettront pas la main sur toi si je te protège, crois-moi et c'est souhaitable, fais-moi confiance. Alors pour ta survie, je te propose un marché, tu rejoins les Akra et tout ça sera totalement oublié et si tu refuses, je te livre aux Áídios et je m'occuperais moi-même de ton cas.

Dans ma tête, les informations s'entrechoquent. Les Áídios. Les Akra. Lui. La menace. Je mets quelques secondes à comprendre ce que les Áídios risquent de me reprocher très vite, puis je me souviens de ma conversation avec Pandora. Je suis la fille de Moyra et Dimitri, les deux révolutionnaires Epa. Je suis la fille de criminelle et ma simple existence est un crime. Sans parler du fait que j'ai créé mon propre mouvement et que je sois aussi en couple avec un Dýnamai. Les Áídios ont absolument toutes les raisons du monde de me faire subir un Nékys. Et je ne sais pas comment, mais Nolan a aussi un rôle à jouer dans ça.

— Qui es-tu ?

— Tu radotes et tu t'arrêtes à des détails, oui ou non ?

— Jamais. Je ne rejoindrai jamais les Akra. Je refuse. Je préfère encore crever, annoncé-je en me redressant tant bien que mal.

Je n'ai même pas réfléchi avant de répondre et en voyant son visage pourtant si familier se transformer en masque de fureur, j'en ai des frissons. Qu'est-ce qu'il va me faire ?

Un instant, il lève le poing, prêt à frapper, puis avec un effort qui semble lui coûter, il se ravise, contrôlant sa colère. Provisoirement.

— Très bien, dit-il avec un agacement clair dans la voix, le poing toujours serré. Tu l'auras voulu. Je vais être gentil parce que j'ai pitié, c'est bête de sacrifier un si bon atout avec de tels Dō̂ron, alors je vais te laisser quinze jours de réflexion. Si tu n'as pas changé d'avis dans quinze jours, c'est comme si tu étais déjà morte, sinon ce sera un plaisir de t'aider, conclut-il en m'abandonnant dans la pièce.

Seule. Quand il ouvre la porte, je n'arrive même pas à voir l'extérieur et dès que la porte est fermée, c'est le noir complet.

elLe T3 : La Mélodie Du Tigre (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant