elLe T3 : La Mélodie Du Tigre (Terminé)

Jour 16 ? (1)

Quand je reviens à moi, je ne suis plus en position assise, mais couchée sur un sol froid et dur. Je ne suis plus dans une voiture, mais à nouveau dans une cellule qui ressemble furieusement à celle dans lequel j'étais déjà. Impossible de savoir combien de temps s'est passé ni même ce qu'il s'est passé. Je me redresse en essayant d'explorer mon nouvel environnement. Au passage, je sens avec un certain soulagement que mes lunettes sont revenues sur mon nez. À tâtons, je découvre que je ne suis plus dans la même pièce, celle-ci est toute petite, tout en longueur, très fine et elle me rappelle furieusement quelque chose. Celle du procès face aux Áídios après l'Irak. C'est donc là que j'ai atterri, je suis prête à le parier. Il a tenu sa promesse, il m'a livrée aux Áídios. Mais il n'était pas seul, il avait un complice, aucun doute là-dessus, quelqu'un d'autre était avec lui, impossible de savoir qui.

Soudain, la porte de ma cellule s'ouvre sur une femme métisse. Définitivement le même schéma, je la reconnais, c'est elle qui m'avait déjà conduite face à la Dikastḗrion la dernière fois. Mais elle semble moins gentille, moins aimable, plus ferme.

— Viens, m'ordonne-t-elle fermement me donnant une furieuse impression de déjà-vu.

J'obéis et je me retrouve alors dans ce long couloir sombre serti de portes. Nous avançons, passant à nouveau devant le couloir parallèle lugubre où j'avais entendu la femme criée, celle que j'aurais prise pour une enfant. C'est sûrement ça qui m'attend maintenant. Mais je repousse cette perspective glaçante. Peut-être... Peut-être que Pandora s'est trompée ? C'est sûrement mon dernier espoir, que Pandora et Nolan se trompent. Et quelques mètres plus loin, nous nous retrouvons dans le hall circulaire, avec plusieurs portes. Mon accompagnatrice en ouvre une et me pousse à l'intérieur, me projetant devant la cour de justice des Dýnamai face à une vingtaine de personnes, les Áídios au centre. À nouveau, je suis impressionnée par la diversité de personne tandis que je m'avance, pousser par la femme vers la chaise au milieu. Soudain, je le vois. Nolan, en plein milieu des personnes, affreusement proche des Áídios et mon cœur s'emballent avant que je n'aie pu réfléchir aux raisons de sa présence. Il me persécute.

— Eirene Dow-Mordoh, vous êtes ici devant la Dikastḗrion pour comparaître et être jugé pour vos crimes, présente Félix. D'après nos informations, vous êtes Eirene Dow-Mordoh, née le 21 février 2000, fille de Moyra Dow-Mordoh et de Dimitri Dow-Mordoh, tous deux Dýnamai. Votre crime, s'il est avéré, est l'un des pires imaginable pour notre société. Avez-vous quelque chose à dire avant de commencer ?

Je garde le silence, même si au fond de moi, je voudrais hurler de toutes mes forces qu'ils ont un traître au milieu de leur rang, que ce n'est pas l'un des leurs, que c'est un Akra. Mais je garde le silence, lâchement. Soudain, je réagis d'autre chose. La date. Ma date de naissance... 21 février 2000, pas le 29. Je ne suis pas du 29 février. Je ne suis pas une Chília Thaumatopoiós. Je ne suis pas censée participer à la quête avec Cameron, Irving, Sydney et Jenny. Il n'y aurait pas pu y avoir deux paires de jumeaux. Et s'ils avaient effectivement dû être cinq, ce n'était pas avec moi, mais avec Hermann. Ça aurait dû être Cameron, Sydney, Jenny, Irving et Hermann. Je suis une imposteur jusqu'au bout.

— Très bien, nous pouvons donc commencer, annonce-t-il face à mon silence.

Alors que je ne m'y attendais pas, je vois une scène qui s'impose à mes yeux, j'ai du mal à tout distinguer. Mais je sens l'air frais autour de moi, l'humidité sur ma peau. J'ai peur, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Et des bras m'entourent, des bras chauds. Je sens le rythme de son cœur, apaisant. J'observe la femme qui me tient dans ses bras, elle me sourit. Un homme s'approche de nous deux, souriant à son tour. Posant sa main à l'arrière de mon crâne, rassurant. Je bouge la tête curieuse et je vois la pièce dans laquelle nous sommes, en briques, avec une petite fenêtre et beaucoup de lumière. Et dans un coin, trois personnes, à l'écart.