Et après une longue réflexion, je décide que tant pis pour ma fuite le plus loin possible de cette prison, il faut que je longe la rivière, au moins jusqu'au lever du jour, ensuite j'aviserais. La nuit, c'est trop dangereux d'explorer la forêt, au moins, au bord de l'eau, les arbres ne couvrent pas le ciel et la lune et les étoiles teintent les alentours de bleu. Par contre, je remonte la rive à contre-courant, ne voulant pas être trop prévisible et espérant ainsi m'enfoncer au maximum dans la forêt.
J'avance lentement dans le sol boueux, mon corps continuant à me faire un mal de chien entre les bosses, les coups et mes muscles qui ne sont plus habitués à faire des si longues distances. Mais il va falloir qu'il se réhabitue, je vais sûrement faire des kilomètres maintenant, surtout si je veux fuir et survivre. Et malgré la douleur, j'avance toujours, refusant de m'arrêter, craignant de faire des pauses en étant à découvert comme ça.
Pendant un moment, j'ai l'impression d'être coincée définitivement dans la nuit, alors que cette dernière se prolonge, mais au fond, c'est sûrement une illusion. En plus, je ne sais absolument pas à quel moment le tamanoir m'a sorti du sommeil, si ça tombe, la nuit ne faisait que commencer. Mais petit à petit, des lumières plus rouges apparaissent dans le ciel au lever du soleil, desserrant peu à peu l'étau de peur autour de ma poitrine. Soudain, refléter par le soleil qui pointe son nez au-dessus des arbres, je vois une paire d'yeux me surveiller dans l'eau. Une paire d'yeux noirs reliés à un énorme corps de reptiles. Oh, mon dieu, un crocodile. Il a l'air énorme en plus avec ses écailles sombres apparaissant à la surface de l'eau. Et je ne sais pas si c'est moi qu'il surveille où s'il est juste en train de se reposer à la surface, mais définitivement, je vais retourner dans la forêt avant de me faire croquer. Le soleil n'est pas encore tout à fait levé, mais à la réflexion, je ne suis pas si regardante que ça.
J'avance alors dans la forêt, tout en restant une dizaine de mètres du cours d'eau, ne voulant pas m'en éloigner de trop et je décide que lorsque je trouverais une zone dégagée, je m'arrêterais mettre en place la deuxième phase de ma survie : feu, soin et nourriture. J'ai absolument besoin de feu, même si ça risque d'attirer l'attention. Mon corps me hurle depuis plusieurs heures qu'il a possiblement besoin de soin. Et définitivement, il va falloir que je trouve un moyen de manger.
Je finis par trouver un coin un peu plus dégager au milieu des arbres et je commence à rassembler ce qui me semble essentiel pour faire du feu. En réalité, j'improvise parce que je ne sais absolument pas comment faire du feu, je n'ai littéralement jamais appris quoi que ce soit qui pourrait me permettre de survivre dans la nature. Si j'avais su, j'aurais essayé d'être scoute, ça m'aurait sûrement plus servi que tous les cours que j'ai appris au cours de ma vie. Je sais parler plusieurs langues, je peux te réciter l'histoire de l'Europe et je connais les bases de la géopolitique, mais définitivement, ça m'est totalement inutile ici. Malgré tout, je vais bien réussir à faire du feu, avec un peu d'acharnement et beaucoup de motivation, tout est possible apparemment.
Qu'est-ce que je donnerais pour avoir un briquet ou des allumettes actuellement.
Mais si je me base sur le principe de la friction, je devrais pouvoir obtenir des étincelles. J'ai déjà de la chance, je sais allumer un feu, pas sans allumettes, mais je sais quand même faire. Je ramasse donc des branches qui me semblent à peu près sèches et des petits morceaux de bois. Et après je réfléchis à un moyen de faire de la friction. Officiellement, avec deux pierres, c'est possible, mais je crois qu'il faut deux pierres différentes et spéciales, contenant du fer ou un truc comme ça et honnêtement je serais bien incapable d'en trouver. Malgré tout, il va bien falloir que j'essaye, c'est sûrement ma meilleure idée. Donc je recherche différentes pierres qui semblent différentes en espérant que dans le lot, il y en aura une ou deux de bien. Puis je me lance dans l'installation du futur feu avec une zone de terre dégagée en mettant les plus petits morceaux de bois possible.
Je prends les deux premières pierres et... Avant je devrais m'attacher les cheveux, parce que si jamais j'arrive à allumer un feu, il vaut mieux éviter que je m'auto-immole, ce ne serait pas le moment. Par sécurité, je fais même un chignon avec mes cheveux emmêlés et je le fixe avec des morceaux de bois à peu près droit.
Maintenant, je peux vraiment essayer d'allumer mon feu. Alors je reprends mes deux pierres et je tape. Je tape, je tape et je tape. Le premier lot de pierre ne semblant pas faire la moindre étincelle, j'enchaîne. Et j'enchaîne et j'enchaîne et j'enchaîne toujours sans aucune trace de minuscule étincelle. Définitivement, il me faudrait du métal, je suis quasiment sûre qu'il faut du métal et de la pierre pour allumer un feu, c'est bien comme ça qu'un briquet fonctionne non ? Malheureusement, avec de réussir à trouver du métal dans cette forêt, je serais sûrement morte depuis longtemps. Et je n'ai bien sûr rien d'autre que mon Períapton et mes vêtements. J'ai un pantalon. J'ai un pantalon avec un bouton à la braguette. J'ai un pantalon avec un bouton en métal !
Je pense que je n'ai jamais été aussi heureuse des vêtements que m'a choisis Nadei plusieurs mois plus tôt, ils sont peut-être dans un piteux état, mais s'ils peuvent me permettre d'avoir du feu, ce serait incroyable. Sans plus attendre, j'enlève mon pantalon et un instant, j'hésite à arracher le bouton. Mais ce ne serait clairement pas une bonne idée, j'ai trop peur d'abîmer le seul pantalon que j'ai en faisant ça et ce serait honnêtement une catastrophe. Mieux vaut essayer de taper le bouton contre une pierre sans le détacher du pantalon, au moins le temps de savoir si ça marche.
Je prends alors une pierre au hasard et je protège au maximum le tissu avec mes mains avant de taper. Presque aussitôt, je vois un éclat rouge entre la pierre et le métal. Non de Dieu ! Alors je continue, essayant de rester proche de mon tas de branches pour que l'étincelle puisse l'allumer. Il me faut encore un moment, mais une toute petite braise se pose sur le bois et là, je n'ai qu'une seule crainte, qu'elle s'éteigne. Heureusement, il n'y a pas de vent, ce qui est une chance pour moi. Cette petite minuscule braise reste inerte sur son copeau de bois une éternité avant que soudain, le morceau s'embrase, aussi soudainement que violemment, contaminant tous les morceaux alentour. J'ai un feu. Un vrai feu. Je l'ai fait ! Je dois me retenir pour ne pas démarrer une danse de la joie, avec un feu et de l'eau, mes chances de survie viennent d'augmenter drastiquement. Il me manque encore des outils et de la nourriture, mais ça ne me semble pas insurmontable maintenant que j'ai du feu. Il faudra aussi penser au possible soin, mais au pire, je suis solide non ?
Voyant que mon feu de camp est déjà bien démarré, je rajoute plus de bois pour le faire durer plus longtemps. Et après avoir vérifié plusieurs fois que l'ajout de bois n'a pas étouffé le feu, je décide d'essayer de trouver de la nourriture. Officiellement, je m'étais dit que je m'occuperais de mes soins avant, mais finalement, après mettre pauser, ça va déjà mieux et ça pourra encore attendre. Par contre, la nourriture commence vraiment à me manquer et j'ai peur de mettre longtemps à trouver quelque chose de comestible, alors autant m'y prendre en avance. Réalistement, je ne sais même pas si je trouverais quelque chose de comestible, je ne connais absolument pas les plantes de cette forêt et avant que j'arrive à attraper un animal, je serais sûrement morte de faim.
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elLe T3 : La Mélodie Du Tigre (Terminé)
ParanormalSuite de La Comptine Du Papillon et de La Sérénade Du Serpent Rien ne l'aurait préparé à ce qu'il va lui arriver, même ses cauchemars les plus fous. Après que Lindsay ait appris qu'elle était enfaîte Eirene, troue noir. Elle se réveille dans une piè...