Jour 107 (1)

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Je ne suis pas particulièrement phobique, mais il y a une bête sur moi, une grosse bête velue qui se balade lentement sur mon bras. C'est définitivement le pire réveil du monde. J'ai une énorme araignée poilue sur ma peau nue. Et je n'y connais peut-être rien en araignée, mais elle ressemble quand même furieusement à une tarentule. Et pour le coup, les tarentules ou les mygales, c'est ouvertement dangereux et venimeux comme araignée. Je n'ose même pas bouger, ayant trop peur de me faire mordre ou piquer. Je ne sais pas ce qu'elle fait sur moi, mais je me sentirais bien mieux si elle partait. Définitivement, mon Dō̂ron ne m'a jamais autant manqué que ces derniers jours. Là, je mourrais d'envie que de m'en servir, mais je ne peux toujours pas, j'en suis convaincue. Pourtant, là, il me serait plus utile que jamais pour dire à la petite araignée d'aller ailleurs. Je lui offre même tous les fruits qu'il me reste de la veille s'il faut et le panier qui va avec.

Ne pouvant définitivement rien faire, je reste totalement immobile et allongée. Je ne sais pas si ça changerait quelque chose, mais là, j'ai une furieuse envie de trouver un moyen de dormir ailleurs que sur le sol. Et j'avais bien déjà vu des toiles d'araignées dans cette forêt, mais je n'avais pas encore trouvé l'araignée qui avait fait ces toiles. Et encore, ce n'est sûrement pas la créature la plus hostile qui vit ici. Je me souviens que trop bien du crocodile qui m'observait près de la rivière. Je ne me suis d'ailleurs toujours pas rapproché de la rivière depuis, restant un peu plus loin et me contentant de l'eau des feuilles. De toute manière, l'eau de la rivière n'est pas très propre non plus et je n'ai pas quoi que ce soit pour la purifier, alors au fond, l'eau des feuilles, c'est tout aussi bien.

Franchement, je pense que cette araignée va autant me traumatiser que le crocodile, elle met vraiment deux éternités avant de bouger enfin, j'ai bien cru qu'elle ne partirait jamais tout de seule. Mais par chance, dans l'ensemble, les animaux, si tu ne les embêtes pas, ils ne t'embêtent pas non plus. Et je ne dois pas ressembler à une proie potentielle, sinon je serais sûrement déjà morte. Ou peut-être pas, je ne sais pas à quel point elle est vénéneuse, mais je n'irais pas tester.

Maintenant débarrassée de cette foutue mygale, je peux enfin m'activer et aller vérifier mes pièges, espérant avoir attrapé quelque chose et pouvoir manger autre chose que des fruits pour la première fois en plusieurs jours. Je retourne donc sur les différents lieux où j'ai posé mes collets, espérant que sur la vingtaine que j'ai placé la veille, au moins un aura emprisonné quelque chose. Malheureusement, la plupart d'entre eux sont vides. J'en trouve malgré tout quelques-uns de casser, attestant qu'ils ont tenté d'attraper un animal, mais n'arrivant pas à le retenir. Je n'arrive pas à en retrouver certains non plus, mais pour le coup, c'est sûr de savoir si je n'ai pas bien mémorisé les lieux où s'ils ont été arrachés. Soudain, j'entends un petit couinement. Alerte, j'avance délicatement vers la source du bruit avec l'espoir un peu fou qu'il vienne d'un de mes pièges.

Soudain, je le vois, un petit animal d'environ trente centimètres ressemblant au croisement entre un cochon et un rongeur. Et il s'est coincé les postérieurs dans l'un de mes pièges. Ça ne doit pas être vieux parce qu'il se débat encore et que pour l'instant, le piège résiste. Je suis encore trop loin pour tenter de faire quoi que ce soit et soudain, la tige se brise et l'animal par en courant très loin de moi. Définitivement, mes pièges ne sont pas efficaces. Il y a assez de vie ici pour qu'ils aient tenté d'attraper quelque chose, mais ils sont trop fragiles, il faudrait quelque chose qui ne se casse pas. Et je ne sais pas encore quoi je vais devoir y réfléchir et en attendant, je vais devoir me contenter des fruits que je trouve, j'en ai déjà cinq ou six sortes, c'est déjà bien, je ne mourrais pas de faim.

Il va falloir que je réfléchisse à une alternative aujourd'hui si je veux essayer d'attraper quelque chose. J'y réfléchirai en marchant pour un nouvel abri tout à l'heure en continuant d'avancer dans la forêt. Maintenant, je commence à me demander si ça a vraiment un intérêt de continuer d'avancer comme ça. Depuis trois jours, il n'y a plus aucune trace de recherche. Mais je préfère continuer, par sécurité et je ne peux pas jurer non plus que les recherches ont été abandonnées, Nadei peu très bien avoir décidé de s'acharner, je ne suis pas sûre qu'il soit du genre à abandonner quoi que ce soit et s'il le pouvait, je le sens, il me mènerait à ma perte, quelle qu'elle soit, il a une haine à mon égard, je ne peux pas dire exactement pourquoi, mais de nombreuse de mes actions l'exaspère au plus haut point, je l'ai toujours senti lors de ses monologues quand j'étais en prison et maintenant que j'en suis sortie, je ne suis pas sûre que ça ait changé. Contrairement à ce qu'il se plaisait à dire, il n'obéissait pas seulement à des ordres, il faisait aussi un peu ce qu'ils voulaient. Et le savoir à ma recherche me pousse à avancer coûte que coûte.

Après avoir inspecté tous les pièges, je retourne à mon feu et à nouveau je l'étouffe avec de la terre avant de détruire mon campement, effaçant au mieux mes traces. Et je reprends la route, toujours à contre-courant de la rivière, toujours plus loin de mon ancienne prison et ceux qui y sont associés. Pendant mon avancée, je m'arrête régulièrement ramasser des fruits de toute sorte, agrandissant ma collection, mangeant une partie au passage. Au cours du trajet, je monte à nouveau à un arbre, aller chercher une nouvelle variété de fruits, cette fois, j'ai un premier indice comme quoi ils sont comestibles grâce aux oiseaux qui les picorent. De loin, ils ressemblent à d'énormes grappes avec de minuscules baies orange. Et quand j'atteins le sommet de l'arbre, de près, elles semblent moins minuscules, faisant la taille de bille.

Une nouvelle fois, je regrette de ne pas avoir de couteau, ça me permettrait de couper toute la grappe qui doit faire faire soixante-dix centimètres et contenir des centaines de fruits. N'ayant pas de meilleure solution, je serre bien les jambes autour du tronc et m'agrippe solidement avec l'autre main avant d'arracher une partie de la grappe qui est enfaîte constituer de long filament couvert de fruits, une fois que j'en ai trois, même s'il en reste encore beaucoup dans l'arbre, je redescends le plus délicatement possible, tâchant à la fois de ne pas tomber et de ne pas détruire ma récolte que je tiens entre mes dents. Et une fois sur le sol ferme, je peux enfin goûter. Et bon sang, j'ai bien fait d'en cueillir autant, ils ont vraiment le goût acidulé des fruits rouges, ils ont même un noyau comme les cerises et en en mangeant, j'ai l'impression de pouvoir en picorer un tas.

Maintenant que cette nouvelle récolte est faite, je continue mon chemin, m'arrêtant régulièrement pour divers fruits dont je fais la provision en petite quantité, commençant à avoir de plus en plus de variété. Et soudain, j'ai cette sale impression que le ciel s'assombrit peu à peu et que la nature commence à se calmer. Je ne peux pas en être sûre, mais je serais prête à parier que la pluie arrive. Encore. Donc si je veux me construire un campement, il faut que je m'en occupe maintenant. Je n'ai pas fait beaucoup de kilomètre aujourd'hui, mais tant pis. Je trouve donc un nouveau coin à peu près dégager et je commence à rassembler du bois pour mon futur feu avant de construire mon abri de fortune, mettant plus de feuilles que la dernière fois en sentant la pluie arrivée et le voulant à peu près étanche. Puis j'allume mon feu et alors qu'il est en train de prendre tranquillement, les premières gouttes tombent confirmant mon intuition. Je commence à m'y faire à cette forêt.

elLe T3 : La Mélodie Du Tigre (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant