elLe T3 : La Mélodie Du Tigre (Terminé)

Jour 197

Officiellement, Happy, le petit singe que j'ai recueilli, est maintenant soigné et prêt à être relâché. Avec un gros pincement au cœur, je retourne au cœur de la forêt. Mine de rien, je me suis attachée à cette petite bête qui ne me quitte jamais. Sûrement que si je ne voulais pas m'y attacher, j'aurais dû éviter de lui donner un nom. J'aurais aussi dû éviter de le faire dormir dans ma cahute. J'aurais dû éviter aussi de lui parler comme s'il me comprenait. Voire j'aurais tout simplement dû éviter de le recueillir. Mais je n'avais pas pensé à ce problème lorsque je l'avais recueilli, je voulais seulement l'aider et le soigner. Et puis au final, il m'a offert une compagnie et du soutien. Je pourrais même aller jusqu'à dire qu'il m'aide parfois quand il cueille des fruits pour moi. Je l'aime profondément ce petit singe et il me le rend bien. Rien qu'à le regarder se comporter avec les autres que moi, la différence est flagrante, hier, il a par exemple mordu Main noire, et c'est en partie ça qui m'a décidée de le ramener chez lui. Il est peut-être très gentil avec moi, mais ça reste un animal sauvage, il est forcément malheureux en captivité. Et maintenant que sa patte est totalement guérie et qu'il est à nouveau capable de monter aux arbres, je n'ai plus de raison de le garder.

Je retourne donc dans la forêt, vers l'endroit où je l'ai trouvé avec la ferme intention de le rendre à ses semblables. Quand la zone me semble bien, je m'arrête et je dépose mon petit singe sur une branche un peu haute. Rien qu'à son regard, je sens son incompréhension.

— Tu peux y aller maintenant, tu es libre, l'encouragé-je.

Avec ses pattes avant, il se balance accroché à une branche à proximité, me donnant l'impression qu'il va partir. Mais il me saute dessus, se pelotonnant dans mon cou.

— Tu vas me faire pleurer Happy. Tu ne veux pas rejoindre tes copains ? Tu n'es pas fait pour être seul avec moi. Allez, il faut que tu rentres chez toi, insisté-je en le détachant à nouveau.

Il pousse un petit cri de désapprobation, et même si nous ne parlons pas la même langue, le message est très clair, il ne veut pas.

— Tu préfères partir ou rester avec moi ? demandé-je quand même en tendant le bras pour le rapprocher d'une branche.

Ni d'une ni deux, il remonte le long de mon bras et retourne se blottir dans mon cou. Définitivement, le message est clair, il ne veut pas que je l'abandonne. Peut-être qu'il ne me comprend pas parfaitement et que je ne le comprends pas parfaitement, mais il ne veut pas partir et rejoindre ses congénères. Et je n'ai définitivement pas la force de le forcer. Donc je reprends le chemin du village avec Happy perché sur mon épaule comme à son habitude.