Jour 107 (2)

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Je vais encore être coincée là pendant un moment, alors je me lance dans une nouvelle confection de collet, réunissant toute sorte de matériaux divers sous mon abri pour faire des tentatives de fabrication. Je récupère même plusieurs de ces grandes feuilles que j'ai souvent vues stocker l'eau pour m'en faire une sorte de récipient. Cette fois, j'essaye différente technique de confection de collet, en faisant des nouveaux avec des palmes, mais aussi d'autres avec des fibres végétales ou d'autres feuilles, certains sont tressés, d'autres sont simples, je varie, me disant que j'essayerais tous et que je verrais bien quelle est la meilleure technique en fonction de ce que j'arrive à attraper. Lancer dans la confection, je fais également quelques petits pieux en bois pour fixer plus facilement les collets. Je n'en fais pas non plus des milliers, parce que pour le coup, tailler un morceau de bois en pointe avec une pierre, c'est long. Et maintenant que mes pièges sont à peu près confectionnés, je retourne sous la pluie en installer une partie. Je ne suis pas sûre que cette forêt soit très active sous la pluie, mais il ne pleuvra pas éternellement et avec un peu de chance, j'attraperais quelque chose au lever du jour avant mon départ.

Et maintenant que la partie « chasse » est terminée, je retourne me réchauffer au coin du feu. Heureusement qu'il ne fait pas froid et qu'il fait même plutôt doux, sinon ce serait beaucoup plus dur. Et au fond, je m'habitue bien à la moiteur de l'air ambiant, l'atmosphère en prison était bien pire.

Continuant dans ma lancée de confection, j'essaye de fabriquer des récipients pour de l'eau avec les grandes feuilles. Je les plie délicatement pour faire une forme approximative de bouteille ou de gourdes puis j'entoure le tout avec des fibres de bois bien souples pour maintenir le tout. Je resserre même au niveau de l'ouverture pour éviter que ce soit trop large. Dit comme ça, ça semble très simple, mais en réalité, je déchire plusieurs feuilles en essayant, c'est seulement à la cinquième tentative que je commence à avoir un résultat convenable et la septième est presque parfaite. L'avantage de la pluie, c'est que je peux tester mes gourdes en direct en les remplissant d'eau. L'une des trois convenables fuit un peu, mais les deux autres font clairement le job. N'était pas convaincu par la solidité, je renforce mes trois gourdes avec deux couches supplémentaires de feuille, pour être certaine qu'elles ne se percent pas facilement. Et je soutiens le tout en faisant un filet tressé en fibre végétale, répartissant ainsi les points de pression. Je vais même au bout des détails en cherchant des morceaux de bois faisant la taille des trous des goulots pour ne pas perdre d'eau lors du transport. Il faudra que j'éprouve leur solidité lors du transport.

D'ailleurs, il faudrait que je puisse les attacher à ma taille, comme mon petit baluchon, mais je ne suis pas sûre que les passants de ceinture de mon pantalon résistent aux poids de l'eau, en tout cas pas individuellement. Décidée, je vais récupérer une liane que je sectionne au milieu pour réduire l'épaisseur et qu'elle puisse passer à la place de la ceinture de mon pantalon. Et comme ça, je pourrais attacher mes gourdes à ma nouvelle ceinture ainsi que mon petit baluchon.

Maintenant, il faudrait que je réfléchisse à un moyen d'éloigner les araignées et autres créatures nuisibles de moi la nuit, mais j'avoue que je n'ai pas vraiment d'idée. Au réveil, j'avais bien pensé à la confection d'un hamac, et je m'en sens presque capable, même si j'ai du mal à anticiper le poids et le moyen de le transporter, mais j'ai peur de repousser le problème. Après tout, si une araignée décide de venir me voir, elle pourra toujours venir me voir. Mais je n'ai malheureusement pas de meilleure idée. L'idéal, ce serait une tente, par contre, c'est très largement au-delà de mes compétences et capacités.

Vu la luminosité dans le ciel et la pluie continuant de tomber, je me décide de tenter le hamac tout de même. De toute manière, je n'ai pas mieux à faire.

Et mine de rien, je commence à apprécier la pluie, ça me donne une bonne excuse pour me poser et me lancer dans la confection d'objet et d'outil. En plus, grâce à la pluie, le soleil ne tape plus et les moustiques disparaissent enfin.

Partant sur un matériau de confection de hamac solide, j'escalade l'un des palmiers autour de mon camp pour récupérer de longues palmes en forme de plume que j'ai repéré qui semble assez solide et souple. Quand j'arrive en haut, je confirme ne pas m'être trompée sur leur taille, elles sont incroyablement grandes, faisant le double de ma taille en longueur et sûrement la même taille en largeur dans la partie la plus large, faisant encore un bon mètre dans la partie la moins large. J'en cueille une et en vrai, elle est moins lourde que je pouvais m'y attendre, pesant un ou deux kilos, peut-être un peu plus, mais rien de monstrueux. Ne sachant pas encore trop comment je vais confectionner mon hamac, j'en cueille quatre et avec deux dans chaque main, je redescends tranquillement.

Bien mouillée après mon excursion, je retourne à l'abri au coin du feu et je me lance tant bien que mal dans la confection de mon hamac malgré le peu d'espace libre. Déjà, j'ai sûrement fait un bon choix au niveau de mes palmes, parce qu'elles sont assez souples, je peux presque les roulé sans les casser et en plus, les feuilles ont l'air solides. Malgré tout, l'étape d'assemblage est complexe. J'essaye de faire quelque chose un peu comme mon sac, qui tient pour l'instant très bien, mettant deux palmes en quinconce. Je prends soin de bien faire l'alternance entre les feuilles pour que les deux feuilles soient le plus imbriquer possible. Et à partir de là, je prends les feuilles de l'extérieur et je les glisse en alternance avec les feuilles du milieu, faisant tranquillement mon petit tissage. Et c'est définitivement encore plus dur que ça en a l'air vu que je dois tout tenir pour pas que ça se défasse.

Mais petit à petit, centimètre par centimètre, mon futur hamac commence à prendre forme et tenir, le tissage soudant mes deux grandes palmes ensemble. Encouragé, je continue, toujours lentement et parfois difficilement maintenant que les feuilles sont imbriquées les unes aux autres pour glisser les nouvelles. Heureusement, vu que les feuilles sont assez longues et souples, ça se fait quand même. Et lorsque je dois bouger mon début de tissage pour ramener les feuilles qui me sont utiles à l'abri, j'ai la confirmation que ça tient bien, je ne peux pas encore savoir si ça supportera mon poids ni si je pourrais l'attacher ou le transporter, mais ça tient.

Je suis tellement lente que quand j'arrive enfin au bout, je suis éclairée au feu de bois et mes mains et mon dos me font souffrir à force d'être recourbé au-dessus de mon hamac. Mais ça tient bon sang ! Je n'ai plus la force de réfléchir à un moyen de l'accrocher et de le tester ce soir, mais je suis tellement heureuse d'avoir réussi, je devrais continuer de faire des abris, mais maintenant, si j'arrive à le transporter, je ne dormirais plus par terre !

elLe T3 : La Mélodie Du Tigre (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant