XXIX. Première rencontre

449 44 41
                                    

   Nous sommes le samedi vingt-deux octobre et il est exactement vingt-deux heure quarante-trois. La nuit est tombée depuis longtemps. Il règne une atmosphère tendue. A l'aide des bruits, je compte les secondes avant une nouvelle tempête. Clic, clac, clic, clac, clic, clac...

    Les talons qui tapent contre le sol en un bruyant cliquetis s'arrêtent d'un coup. Le calme avant que la tornade ne se déchaine. Je déglutis discrètement, ne voulant pas montrer mon malaise. La furie se tourne vivement vers l'homme à mes côtés qui raccroche son téléphone.

- J'espère pour toi que tu as des nouvelles de mon fils ! Je n'aurais aucun problème à te remplacer Graham ! Hurle-t-elle.

- Je fais ce que je peux ! Tous mes hommes sont en train de ratisser la ville à sa recherche !

    Une lueur de peur traverse le regard de la femme. Le Chérif s'approche et la serre dans ses bras.

- Ne t'en fais pas, on va le retrouver, murmure-t-il.

    Elle le repousse violemment et se poste devant moi. Je soupire intérieurement. Je crois que c'est mon tour de prendre cher.

- Où étais-tu quand Henry a disparu ?

- Je ne sais pas quand il a disparu. J'ai été voir au château de bois, chez Granny's mais je n'ai rien trouvé. Personne ne l'a vu !

- Tu es censé veiller sur lui et toujours savoir ce qu'il fait ! Crit-elle.

- Sauf les jours où je ne travaille pas, ai-je marmonné.

    Je lève les yeux et vois qu'elle m'a entendu. Bon bah tant pis... Graham s'approche mais elle tourne les talons et s'enferme dans son bureau. Je soupire sous le regard perçant du Cherif.

- Tu es certaine de ne pas avoir une idée d'où il se trouve ? Me demande-t-il.

- Toi aussi tu crois que je suis la responsable de sa disparition ?

- Vu qu'il n'y a toujours pas eu de rançon, je dirai plus que c'est une fugue, m'explique-t-il. Et si c'est bien le cas, oui je pense que c'est possible que tu saches quelque chose.

    Je me lève du canapé et me place face à lui. Il me dépasse d'une bonne tête mais je le fixe tout de même dans les yeux sans ciller.

- Je suis réellement inquiète pour Henry et je ne sais pas où il peut se trouver à cette heure-ci.

    Je contourne légèrement ses questions, je ne mens qu'à demi. On pourrait dire que c'est du bluff. Je ne sais pas exactement où il est, c'est vrai et je suis vraiment inquiète pour lui.

    Je regrette de plus en plus ma décision de l'envoyer à Boston. Si je n'étais pas maudite, je serais sans aucun doute partie avec lui mais là... Graham hoche la tête et recule.

    Il part consoler Madame le Maire dans son bureau, me laissant seule. Je remarque qu'il est souvent avec elle et que peu importe comment elle le traite, il revient toujours. Est-ce sa personnalité qui le rend comme ça où autre chose ? Je soupçonne Regina d'avoir fait quelque chose à Graham. D'ailleurs, qui est-il ?

    Je soupire mais mes muscles se contractent lorsque j'entends une voiture rouler devant la villa. Je coure à la fenêtre et vois une coccinelle jaune. Je reconnais le petit garçon qui sort de la voiture accompagnée d'une grande femme blonde. Le soulagement m'étreint enfin.

- Henry ! Ai-je crié.

    Regina sort en trombe de son bureau et court dehors en appelant son fils. Je reste sur le perron quelques secondes avec Graham, avant de partir prendre Henry dans mes bras.

L'envol du Phénix [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant