XLVI. Tête de nœuds

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- Hé les gars ! C'est quoi le programme d'aujourd'hui ? J'ai pas pu voir Aol.

Les garçons perdus face à moi se lancent un regard étrange avant de se retourner vers moi.

- On fait comme on veut aujourd'hui, me répond l'un d'eux.

- Vraiment ? Vous voulez qu'on aille au centre pour faire une compétition ? Ai-je demandé.

- Non, on a des trucs à faire, désolé Matis.

Je fronce les sourcilles et les observe baisser les yeux. Pourquoi j'ai l'impression qu'ils me mentent ?

- Je croyais qu'on avait quartier libre aujourd'hui ?

Celui qui m'a répondu se prend une claque à l'arrière du crâne par Ivan qui lui jette un regard noir. Très bien, il y a quelque chose qui cloche.

- Bon qu'est-ce qu'il se passe ? Me suis-je exclamé.

Malheureusement, aucun ne me répond. Ils se contentent de me regarder avec pitié sans même que je ne sache ce que j'ai fait pour le mériter. Je soupire, je ne veux pas m'énerver avec eux. Ils viendront m'expliquer plus tard.

- Vous savez quoi ? Je vais m'entrainer tout seul.

Je tourne les talons et par pour le centre. Quelque chose se trame dans le camp. Là où je passe, les murmures se font tout comme les regards insistants. J'accélère le pas pour ne plus entendre le moindre chuchotement. Je me sens enfermer.

Quand j'arrive, il n'y a que cinq personnes sur le terrain. Mais dès que j'ai posé un pied sur la terre molle, ils se sont tous retournés vers moi. C'est un cauchemar. Antony, John, Félix...

Je relève la tête et marche vers l'arsenal. Je ne sais pas pourquoi ils m'en veulent mais jamais je ne me laisserai intimider. Je prends un arc et un carquois. Sans les regarder, je m'avance vers les cibles de l'autre côté du terrain. Je sens leur regard sur ma nuque me suivre. Je réprime un grognement. S'ils veulent quelque chose ils n'ont cas venir me parler !

D'un geste vif, je tire une flèche. Avec précision, je l'encoche et avec colère je la fais voler dans le centre de la cible. Sans attendre, je fais pareil avec une autre, puis encore une, et encore. Je vide le carquois en moins d'une minute. La colère décuple mes sens, elle me garde comme éveillée. Ma main passe sur le carquois dans mon dos et n'attrape que le vide.

Je grogne et pose mon arc. Je vais vérifier les flèches sur les différentes cibles que j'ai utilisé. Elles sont toutes encastrées dans les centres. Je les retire, le visage toujours fermé. Pourquoi ils agissent tous bizarrement avec moi ? On dirait que j'ai hurlé être un pirate. Mes gestes sont brusques et mes membres tremblent.

Une main vient se poser sur mon épaule. Mes muscles se tendent. Je me retourne et rencontre le visage balafré de Félix. Il fronce les sourcils et me fixe avec attention. D'un roulement d'épaule, je me dégage de son emprise.

- Quoi ? Ai-je dit un peu sèchement.

Je n'oublis pas qu'il m'a regardé comme tous les autres depuis ce matin et qu'en temps qu'aînés, je n'ai pas le droit d'être sympa avec lui. Même si je meurs d'envie de lui parler.

- Est-ce que tu veux venir t'entrainer avec moi ? Je vais bosser le corps à corps.

J'acquiesce en silence et le suis jusqu'au terrain de sable. On échange plusieurs prises, je corrige certaines choses sur lui et emporté par l'entrainement, un combat commence entre nous. Coups, balayettes, prises, feintes...

L'envol du Phénix [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant