L'envol du Phénix [TOME 2]

LXVII. Chaque équipe perd un pion

   Nous attendons, assis au milieu du village des Indiens, le signal de Phénix. Nous n'avons aucune idée de ce que cela va être. Ma main passe sous ma veste pour attraper ma flasque. Malheur, je vais être à court de rhum !

Un vent froid se lève et balaye mes cheveux corbeau vers l'arrière. Je fronce les sourcils, l'odeur de l'océan me parvient trop nettement. Je détaille du regard le ciel qui se couvre de nuage gris. Une tempête se prépare. Je me relève et préviens les autres :

- Que tout le monde se lève, il est l'heure.

- Tu as vu le signal ? Me demande Emma.

- Le ciel reflète les émotions de Peter, s'il se couvre ainsi, c'est qu'il est assez distrait pour que l'on puisse lui prendre Henry. Dépêchons-nous !

D'un pas décidé, je sors du village. La fille du chef Peau-Rouge nous dévisage, la mine inquiète. Elle doit sans doute penser la même chose que moi.

- Est-ce que tu crois que Phénix est en danger ? M'interroge Blanche qui marche derrière moi.

- Je ne pense pas que Peter lui fera du mal... Phénix doit se méfier d'autre chose.

- De quoi ?

Je lui lance un regard par-dessus mon épaule. J'aperçois sa fille, qui écoute notre conversation. Je souffle.

- Je n'en sais rien.

Au pas de course, nous traversons une bonne partie de l'île. La carte pointe un lieu à l'Est. Je peux voir de la fumée s'élever dans les airs. Du bruit, des voix me parviennent à travers l'épaisse végétation de cette jungle de malheur. Une main enserre mon bras, je me retourne vers la jolie blonde, mon cœur bat plus vite.

- Phénix a dit que l'on devait passer par la grande cabane et qu'une personne nous aiderait, me r appelle-t-elle.

- Dans ce cas, contournons par là. Nous ne devons pas nous faire repérer.

Ça n'a pas été une chose compliquer de trouver la cabane dont parlait Phénix. Elle est placée en bordure de camps et au sol, contrairement à toutes les autres. A l'exception d'une qui doit être la cabane de Peter. Une ouverture se trouve à l'arrière et nous laisse assez d'espace pour entrer un par un. Je fronce les sourcils. C'est trop facile. Et qui va nous aider ? Les garçons perdus sont trop loyaux. Il fut une époque où j'ai tenté d'en faire parler certains, en vain.

Les autres semblent penser la même chose, si bien que personne n'ose entrer. Emma esquisse un geste pour passer mais je la devance. Hors de question que ce soit elle ! Elle ne dit rien mais je peux décemment dire ce qu'elle pense. Je peux me défendre toute seule !

J'entre ma main en crochet, puis le reste de mon bras avant de passer ma tête. Je cligne quelques secondes des yeux pour m'habituer à l'obscurité de la pièce. Mon buste suit le mouvement mais je suis coupé dans mon élan par un métal froid sous ma gorge. Je me glace, je n'avais pas senti de présence.

- Ravi de te revoir, Crochet, susurre une voix bien familière.

- Le plaisir est partagé Jimmy, ai-je faussement souri.

- Entre.

Je m'exécute, son sabre toujours en contacte avec ma peau. Je connais bien cet aîné. D'un signe de tête, il m'indique les lits de camps sur le côté. Je m'assois sur l'un d'eux.

- Jamais je n'aurais pensé que ce serait toi..., ai-je soupiré.

- Jamais je n'aurais pensé que tu reviendrais.