L'envol du Phénix [TOME 2]

LIX. Phase trois

   Lilly fonce sur moi, l'épée en revers. J'esquive le coup et charge à mon tour. Elle fait dévier ma lame avant de reculer. Je l'étudie. Ses jambes sont légèrement fléchies, son dos courbé et sa lame est positionnée à la hauteur de son visage.

Je n'aperçois aucune faille. Peu importe comment j'attaque, elle aura l'avantage si je cherche à lui porter un coup immédiatement. Je plisse les yeux. Il faut que je lui fasse commettre une erreur.

Le village entier nous entoure et forme un cercle. A bout de patience, Lilly décide de rattaquer. Elle feinte une frappe sur la gauche que j'évite d'un cheveu. Je tourne sur le côté, l'épée braquée vers ses côtes. Elle pare mon attaque et me la renvoie.

La Tigresse refait surface. Le bruit des sabres qui s'entrechoquent gronde dans la vallée. Elle tape, encore, encore et encore. Une pluie métallique me tombe dessus. Je recule face à l'assaut. Je ne fais que parer et esquiver. De toute façon, je n'ai pas le temps de lui en mettre une.

Après un coup trop proche de mon poigné et plus fort que les autres, je lâche mon épée. La foule retient son souffle. Mon cœur accélère. Lilly est déchainée. D'un geste du pied, elle éloigne mon arme. Je profite de cet instant pour rouler sur la droite. Je me lève et récupère un bâton, utilisé à l'origine pour porter plusieurs sauts d'eau.

- Phénix ! Crie Emma.

Je me retourne juste à temps pour échapper à un nouvel assaut. Cette arme là me confère plus de maniabilité que l'autre. Alors qu'elle abaisse le côté tranchant, j'accompagne son geste avec le morceau de bois que je fais tourner au dernier moment entre mes doigts. L'autre bout lui arrive au visage et elle recule. Je peux voir une petite entaille sur sa joue. Je souris.

Je m'avance, je décide d'attaquer bâton pointé vers l'avant. Elle frappe pour s'en débarrasser et entrainé par sa frappe, je le refais tourner pour qu'il le lui arrive au visage. Cette fois, elle voit le coup venir donc elle s'abaisse. Je frappe le sol avec et dessine rapidement un arc de cercle pour lui envoyer la poussière au visage. Par reflex, l'Indienne ferme les yeux. Je n'en attends pas plus, je fais tourner le bois au-dessus de ma tête et l'abat sur elle.

Elle se relève, saunée mais pas vaincue. Elle cligne plusieurs fois des yeux, signe que sa vue est encore troublée. J'hésite une seconde de trop à intervenir. Elle m'envoie vivement un regard noir, resserre sa prise sur son épée et fonce. Je ne pare jamais totalement, de peur qu'elle ne découpe mon bois. J'analyse ses gestes, elle s'impatiente.

Lilly, prise par la vitesse, décide d'attraper mon bâton avec sa main libre. Grave erreur. Je fais tourner mon arme, son poignet suit le mouvement et tord son bras. Vivement, je l'enroule autour du bois. Je passe derrière elle pour la plaquer au sol mais la princesse a le reflex de rouler en avant pour se libérer. Cependant elle oublie sa lame.

Elle se redresse et se rend compte de son inattention. Nous regardons toutes les deux l'épée au centre de la piste. Plus rien n'existe autour. Je n'ai plus conscience des personnes qui me fixent, de mon cœur qui cogne dans ma poitrine ou même du vent qui se lève. Juste la survie, l'instant présent.

On se jette un coup d'œil. Je pourrais gagner facilement maintenant. Elle est sans arme, en une prise, tout serait réglé. Mais l'adrénaline qui pulse dans mes veines me fait trop de bien. Je suis dans mon élément, et je ne veux pas gagner facilement. A la stupéfaction de tous, je lance mon arme en arrière. Lilly s'avance, récupère son sabre et fait pareil. Je souris.

Coup de poing, esquive, clé de bras, feinte, parade... c'est amusant de voir à qu'elle point cette danse, rythmée, souple et violente peut être aussi intense. Ma respiration est lourde. J'humecte mes lèvres une seconde. J'envoie un nouveau coup et Lilly m'attrape le poignet, parée à me faire une prise. Je réagis vite, je passe mes doigts vers l'extérieur de son poignet à elle. Je glisse sur la gauche attrape son bras de mon autre main et passe vivement dans son dos.