L'envol du Phénix [TOME 2]

XXV. Sauver sa mémoire

   Une fois que la nuit tombe sur Neverland, un froid mordant se glisse entre les arbres et fait trembler les enfants. Ils frissonnent, seul dans la noirceur de leurs cabanes ou parfois en groupe près du feu. Leurs cœurs serrés font régner un calme plat et nerveux dans le camp. Se jetant des regards inquiets où brillent une lueur de crainte. Au fond de leurs cabanes, à l'abri des regards, ils laissent échapper leur tristesse. Une larme, puis deux, puis une troisième roulent sur leurs joues pendant qu'ils retiennent leurs sanglots.

   La nuit a cet effroyable pouvoir, de confronter les êtres vivants à leurs démons. Le jour, il n'en était rien ! Ils souriaient tous et aucun ne pensait à la tristesse et la peur qui apparaissaient lorsque la lune se levait. Mais quand le soleil se couche... et que les ombres prennent le contrôle de l'île, on attend avec impatience que le soleil revienne nous éclairer.

   Pour l'ombre de Neverland, cet instant était jouissif ! Elle se délectait, se nourrissait des peurs et des cauchemars des garçons perdus. La nuit elle était Reine ! Son emprise était à son apogée pendant quelques heures. Mais malheureusement pour elle, tout le monde ne sombrait pas. Non, certains résistaient encore ! Elle savait qu'ils étaient au courant de ses agissements, et pour cela ils refusaient de se rendre.

   Si elle était une personne, elle aurait ri de leur idiotie. Tout ce qu'elle avait à faire était de leur retirer leurs derniers espoirs. Ce qui les empêchaient de sombrer. Elle vola un moment, attendant que tout le monde s'endorme. A l'aide de magie, elle s'infiltra dans la mémoire des garçons perdus et brouilla leurs souvenirs. Elle les flouta, les mélangea, les contamina comme un virus qui se rependait lentement jusqu'à détruire la source. Satisfaite, elle plana rejoindre son point d'encrage qui dormait profondément. Elle ne pouvait pas lui effacer la mémoire à lui mais peu importe, son influence était trop puissante sur lui à ce moment.

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   Lorsque les chaleureux rayons du soleil éclairèrent à nouveau l'île, les habitants se réveillèrent ignorant encore ce qu'il s'était passé cette nuit. Matis, Félix et Jimmy se levèrent comme si de rien était pourtant le sentiment d'avoir oublié quelque chose se faisait sentir. Ils ne parvenaient pas à mettre la main dessus. C'était important mais les mots refusaient de sortir, comme bloqués. Ils n'y firent pas attention et continuèrent leur journée normalement. Sans pour autant que ce sentiment disparaisse.

   Ils étaient ensembles quand ils comprirent. Ils cherchaient son nom, sans parvenir à le trouver. L'inquiétude les gagnaient peu à peu. Elle grandit lorsque son visage se fit flou dans leur tête. Puis sa voix disparut et à ce moment ils paniquèrent. Leurs cœurs accélérèrent, compressant leurs poitrines.

   Ils avaient compris. Ils savaient que l'ombre détruisait les souvenirs qu'ils avaient d'Elle. Ils ne voulaient pas ! Elle n'en avait pas le droit ! Les deux blonds se précipitèrent dans la cabane de Pan, laissant seul l'Australien. Ce dernier s'assit et prit sa tête entre ses mains. Une seule larme coula mais qu'il fit disparaitre aussi vite. Le cœur serré, il prononça ces uniques paroles, il ne pouvait rien dire d'autre :

- Pardonne-moi... je vais devoir t'oublier Skyler.

   Il avait baissé les bras, il avait compris qu'il ne pourrait rien y faire, il avait compris qu'il allait être forcé à oublier. A oublier sa seule amie.

   Les deux autres pénétrèrent en faisant claquer la porte de la cabane. Ils étaient fous de rage et ça, Peter le comprit lorsqu'ils se jetèrent sur lui. Ils le firent tomber au sol mais le chef les fit voler à travers la pièce et les immobilisa à l'aide de magie.

   Ils se débattirent un moment, quand ils comprirent que ça ne servait à rien Pan les interrogea.

- C'est bon ? Vous êtes calmés ? Vous allez pouvoir me dire ce qu'il se passe ? Et pourquoi vous me sautez à la gorge ? S'exclame-t-il passablement irrité.