XXVII. Rumeurs

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    J'emmène Henry jusqu'à son école aujourd'hui. Il ne parle pas et reste silencieux. Il ne me fait pas la tête mais pourtant il continue de ne prononcer que des monosyllabes. C'est un garçon têtu et rancunier, de quel côté vient ce trait de caractère ? J'avoue, ne pas être sûr.

    Quand nous arrivons devant sa salle de classe, il rentre sans saluer sa maîtresse qui attend à l'entrée. Elle le regarde passer, surprise. Elle se tourne vers moi et je lui fais un sourire désolé.

- Stella, est-ce que Henry va bien ? Me demande Mademoiselle Blanchard.

- Aussi bien qu'un enfant de dix ans peut aller, après avoir appris qu'il a été adopté, ai-je murmuré pour ne pas que Henry entende.

    L'institutrice grimace puis jette un coup d'œil vers le garçon. La tristesse et la compassion que je lis sur son visage me rassure. Je compte sur l'ex Blanche-Neige pour aider mon p'tit Prince. Mais évidemment, je vais mettre mon grain de sel !

- Vous savez, je sais ce que traverse Henry. Je n'ai pas de diplôme de psychologie ni d'éducation pour enfant mais à sa place, j'aurais eu besoin plus que tout de garder espoir. De me raccrocher à quelque chose. J'aurais eu besoin d'espoir et de rêve, c'est ça qui m'a manqué. Et je ne veux pas qu'il fasse les mêmes erreurs que moi.

- Oui je te comprends Stella. Ça risque de prendre du temps en revanche. Se reconstruire pour un enfant est très compliqué, il a l'impression que son monde s'écroule !

    Je hoche la tête, j'espère avoir été clair et avoir laissé suffisamment d'indice pour la suite. Je salue la jeune femme et pars en courant pour rejoindre Cameron.

    Je traverse la ville à vive allure pour aller au château de bois près de la mer, tout en gardant une main sur mon sac en bandoulière. J'y emmenais souvent Henry, lorsqu'il faisait beau. De loin, je parviens à entendre le râle des vagues qui s'échouent et se retirent sur le sable avec rythme. L'odeur salée, frais et marin me parvient enfin. Je l'inspire à grandes gorgées, m'enivrant de cette odeur familière et chargée de souvenirs. Quand j'arrive au château, Cameron m'attend déjà.

- Je commençais à croire que t'allais me poser un lapin !

- Excuse-moi, je tenais à emmener Henry à l'école aujourd'hui. Il ne va pas très bien.

- Le fils de la dragonne a le rhume ? A-t-il ri.

- Non, il a appris hier soir qu'il a été adopté, ai-je répliqué acide.

    Cameron pâlit. Il vient de se rendre compte de sa bêtise. C'est aussi à cause de ça que j'ai du mal avec Cameron, Scott n'aurait pas réagi comme ça ! Ils sont trop différents et son comportement de mauvais garçon intouchable m'énerve. Aie, c'est exactement ce que me reprochait Scott à l'époque.

- Je suis désolé, je ne savais pas.

- C'est rien, ai-je soupiré. Maintenant suis-moi et ne pose pas de question s'il te plait.

    Nous marchons en silence jusqu'à une petite rue, tout est calme et il n'y a pas beaucoup de monde. Je m'arrête en coin de rue et jette un coup d'œil derrière le mur. J'avise le bâtiment en face et attend que tous soient assez loin pour ne pas nous voir traverser.

- Je peux savoir où est-ce qu'on va ? M'interroge Cameron.

- En face, ai-je chuchoté.

    Il fronce les sourcils, je peux deviner qu'il se demande pourquoi je veux me rendre dans ce petit immeuble. Je ne lui laisse pas le temps de poser sa question que je l'attrape par le bras et le tire pour foncer en face.

L'envol du Phénix [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant