L'envol du Phénix [TOME 2]

LXIX. Couper les fils

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Je repousse une branche en continuant d'avancer. Je sais parfaitement où je suis et où je dois aller. Il ne peut être qu'à un seul endroit. C'est toujours là-bas qu'il va.

- Rumple ! L'ai-je appelé en arrivant dans la clairière.

Je détaille l'herbe sèche au sol et mes yeux se posent sur l'arbre mort au centre. Assis contre le tronc tordu et troué, Rumple regarde le ciel. Ses pupilles ne se tournent même pas vers moi lorsque je l'appelle. Je pince mes lèvres. Qu'est-ce qu'il a ? Ça fait quelque temps qu'il s'isole ici. Je m'inquiète, serait-il malade ?

- Qu'est-ce qui ne va pas, frangin ? Ai-je demandé en m'accroupissant près de lui. Et ne me dit pas qu'il n'y a rien, je ne te croirais pas !

Son silence me répond. Je soupire. Pourquoi il ne me répond pas ? Je me sens triste pour lui. Je retente :

- Rumple, tu sais que tu peux tout me dire ?

- Est-ce que parfois tu repenses à là-haut ? Dit-il soudainement.

Je suis la direction qu'il me pointe. J'étire ma nuque pour voir l'étoile brillante, la porte vers les autres mondes. Je fronce les sourcils et me retourne vers lui.

- Oui de temps en temps.

- Ça te manque ?

- Absolument pas ! La vie là-bas était horrible. On avait faim, on devait obéir aux adultes et travailler.

- Mais c'est quand même de là-bas qu'on vient...c'est nos racines.

- Pourquoi tu me parles de ça ?

Il baisse la tête vers le sol, les yeux rivés sur les brins d'herbes. Je penche la tête sur le côté pour l'inciter à parler.

- Je...je voudrais y retourner.

Je me lève d'un bond. Je me tourne vers lui, les yeux écarquillés. Il redresse la tête mais ses yeux ne croisent pas les miens. Je ne remarque pas que quelques cailloux se sont élevés de plusieurs centimètres.

- Pourquoi tu veux retourner là-bas ?

- Peter, souffle-t-il en lançant des regards tout autour.

Je remarque que mes pouvoirs m'ont une fois de plus échappé. Je ferme les yeux et me concentre pour que tout redevienne normal. Je m'arrête quand j'entends Rumple soupirer d'irritation.

- C'est dans ce monde qu'on est né. Je veux pouvoir le découvrir.

- Ce monde a été plus qu'affreux avec nous ! Nous avons Neverland maintenant ! Et nos autres frères !

Il roule des yeux à l'annonce de nos autres frères. Il se lève et se place face à moi.

- Toi tu t'en rappelles mais pas moi ! Et toi tu y retournes dès que tu veux agrandir ta troupe !

- Et à chaque fois que j'y vais pour libérer d'autres enfants, je constate la même chose ! Ai-je rétorqué. Ce monde est pourri jusqu'à la moelle.

Je m'arrête quelques secondes pour le détailler. Il se tient droit, ses yeux plantés dans les miens. J'arrive à percevoir dedans quelque chose que je n'ai pas vu chez lui depuis des années, de la détermination.